dimanche 21 juillet 2019

Vive le Sujet" Série 1 et 2 : la SACD à Avignon : de l'audace, toujours de l'audace!

En avant pour la "série" du théâtre vivant, celle qui ne s'invente que depuis 20 ans grâce à la SACD, fidèle instigatrice de ce projet transformiste et modulable, souple et dans l'air du temps qui fracasse les frontières et ouvre des brèches cinglantes à la création indisciplinaire!

Série 1
"Ils se jettent dans les endroits où on ne peut les trouver"
Sur la plante des pieds
Marie Payen en bégaie de plaisir et Mehdi-Georges Lahlou la seconde avec bonheur dans ce champ des possibles où l'on plante verte sans se planter, sinon sur la plante des pieds. Isadorable femme libellule, et lui bourdon docile, s'entretiennent, couchés au sol, jouissant de ce mas de cocagne qu'est la cour de la vierge.Odeurs, saveurs évoquées se partagent dans cet espace de retraite à défricher, encombré de plantes vertes mobiles, sans racine. "Rhizosphère" salvatrice pour Eden retrouvé, voilà un paysage corporel et végétal bienfaisant où la salsa de pomodoro vient à point dans cette communion vocale et corporelle avec l'environnement. Jouissance de kamasutra où une rangée de chaises "tulipes" fait office de jardin des délices, renversant!

"Axis mundi"
Fontes de jardin
Un rituel en noir, gris blanc qui ne laisse pas de glace, malgré les évolutions sataniques d'un être étrange, Elise Vigneron autour d'une femme simple,Anne Nguyen , sa proie et sa victime se jouant de ses manipulations féroces à distance.
Ange ou démon dissimulé derrière quatre panneaux qui se révèlent des sculptures de glace aux empreintes translucides? Menace, traque, danger!La fonte des empreintes est annoncée , les traces font s'effacer, ça craque sous le soleil du petit matin, les mobiles tournent comme des moulins à prière... Dans des jaillissements d'eau répandue, les corps s'élancent et jouissent de glissades éruptives: c'est la débâcle, on s'essore et seules demeurent de minuscules sculptures aux effigies humaines sur la scène refroidie!

"Pontonniers"
Play time
Tablier de chauffe et gros godillots pour Alexis Forestier, en roue libre sur un instrument bidouillé de récupération: paysan, meunier qui tourne sa roue pendant que le monde musical de Annabelle Playe, joue de l'électronique sur son établi musical!
Zaubergarten en toutes langues, vociféré, catatonique déraillement de choix pour ce duo entre tradition rurale et modernité des espaces sonores tonitruants!
A fond les décibels, à fond la caisse à outils pour ce hurleur de foire, colporteur de nouvelles  qui moulent du bon grain de fabrique. Raz de marée déferlant, comme univers de forgeron au travail qui s'échine pour glaner des pièces rares de bric à brac. Marteau piqueur ou console électronique, meme combat pout le chaos sur un pupitre déambulatoire où tel un curé de village et sa valise pédagogique, il fait son homélie, marchand ambulant Du beau travail de soupapes.


"Esplendor e dismorfia"
Chair de bibendum
Des monstres animés, bibendums assis qui nous regardent et le décor vivant est planté!
Vera Mantero et Jonathan Uliel Saldanha, mannequins musclés en tissu gonflé sont d'un "genre singulier" organes dans la tête et voix off qui psalmodie, au poing. Comme pour une prière, elle chante, prosternée ou affalée dans ses atours de feutre surgonflés où les traces d'anatomie sont plus que visibles.
 Langage inventé, annoné, sonore, petit bougé, précis, drôle ave collant de couleur chair comme une seconde peau sans trou! Mais pas justaucorps à la Cunningham !
 Homme araignée qui se manipule dans ses fils de bas nylon, cordes vocales tendues....
 Montres et acariens en images projetées y remettent de l'étrangeté, de l'hybride.
Des os d'omoplate en guise de membres fantômes pour mieux ramer dans ce monde étrange et monstrueux, énigmatique: les voix sont aussi le fil conducteur de Vera Mantero qui excelle dans ce savoir faire hors des frontières d'un organe lui aussi très musclé: la corde vocale!


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