"C'EST LA VIDA!" Que viva Mexico!
Aurélien Kairo fait son show en compagnie du metteur en scène Patrice Thibaud et ça roule ma poule. Sur des airs de chansons emblématiques de Brassens et Trenet entre autres le voici chorégraphiant deux fameux comédiens danseurs David Walther et Liesbeth Kiebooms. Et voilà que démarre pour une bonne heure de bonheur total une enjambée poétique, acrobatique et ludique. Grand écart entre tendresse et férocité de la vie. Un humour décalé y est distillé à l'envi, la nostalgie de la bohème et du temps passé: mime et malice, mimiques cocasses et désopilantes du danseur amoureux déçu et de la Carmensita outragée, dévoreuse et enjôleuse. De la verve et du punch, du rythme tonique et branché pour sourire, rire ou pleurer. "Una danza poético hip-hopé burlesquo" qui avoisine certaines saynètes de Chaplin, c'est peu dire. On est en empathie avec tout ce qui se passe devant et derrière un petit paravent trompeur qui semble nous dissimuler les secrets de l'intimité dévoilée des deux amants. A la recherche de sa Dulcinée envolée aux quatre coins du monde. Un voyage désorganisé indiscipliné au pays de l'amour fou et de ses tracasseries. La danse est tendre autant que sauvage, les deux interprètes à fond dans le jeu et la complicité Fraicheur de la comédie musicale de chambre bien chambrée, tonicité du burlesque au poing , brandi comme un fer de lance de la gaité lyrique et chorégraphique. Kairo au meilleur de sa flamme olympique!
A la Fabrik' Théâtre jusqu'au 21 JUILLET
"ATTENDEZ MOI Solo pour Zouzou" : Regarde Maman, je danse....Zouzou dans le Lot
Sarah Crépin fait sa Zouzou, sa "peluche vivante" fétiche, brebis d'enfance égarée dans le temps qui remonte pour nous conter son enfance. Des récits de sports d'hiver mal vécus, du froid dans les doigts et des angoisses de rater la perche à saisir au vol, tout se dévoile justement et tendrement. Regarde Maman, je danse...Une danse belle et douce de structure "classique" revisité à une syntaxe contemporaine. Soliste émérite, gracieuse, aux yeux de biche non effarouchée.
Une femme qui danse sobrement en slip kangourou rose et de tout corps, ballerine légère autant que solide. Une Jeanne Balibar juvénile et fragile.Les confessions verbales s'effacent au profit de la narration du corps dansant, en proximité dans la très jolie et sobre petite salle du Hangar décentré de la Scierie. Sur fond d'un décor de franges murales colorées qui s'agitent à son passage. Les révérences sont quasi baroques et évoquent une humilité profonde et ressentie, une modestie bien trempée pour un ouvrage de damoiselle zélée. Le tout dans des choix musicaux rares et distingués.Affaire à suivre...
A la Scierie hangar
"PILLOWGRAPHIES Danse pour sept fantômes et lumière noire" :danse spectrale
C'est à nouveau Sarah Crépin et Etienne Cuppens de La BaZooka qui nous régalent d'un septet d'ectoplasmes bien remuant sur fond de noir d'ivoire. Outre noir dans lequel scintillent et se révèlent des formes approuvées de fantômes drapés, Loie Fuller déjantés et démultipliés allègrement aux profils de drapés ondulants. Tels de petits personnages glissant dans le vide et l'apesanteur, ils défilent, tournoient, échappent à la gravité. Rêve et noirceur quand se dévoilent les manipulateurs cachés sous ces soutanes de la nuit...
Daphnis et Chloé de Ravel fait séquence de transition et l'on s'envole à nouveau vers le fantastique monde de l'irréel.C'est drôle et charmant, enchanteur et ravissant. Merlin veille au grain et c'est le Boléro de Ravel qui aura le dernier mot pour les entrainer dans un rythme infernal sur le chemin des feux follets de pacotille. Hypnotiques figures récurrentes qui hantent le plateau et font la nique à la mort. Au final ils s'écroulent comme des dégonflés au sol et forment des ilots flottants au gré des lumières magnétiques.Des fantômes évanescents plein d'effets de rémanence visuelle fantastique.Et l'on ne s'endort pas sur ces oreillers palpitants!
A la Scierie théâtre et tiers lieu. jusqu'au 21 JUILLET
"LE MENSONGE": le corps ne ment pas (Martha Graham)
Histoire de famille et d'empreintes sur le corps et l'esprit d'une gamine entourée de sa famille: c'est un point rouge leitmotiv du credo de la fillette qui hante son existence, la gâche ou la magnifie. Selon la forme chorégraphique choisie par Catherine Dreyfuss. Trois personnages nous entrainent dans leurs déboires et péripéties dans une danse ajustée au petit poil, sur mesure, taillée pour chacun dans une étoffe solide, ourlée, brodée ou la couleur change selon les humeurs. Obéissance ou transgression , peur du Loup pour Louise, la petite danseuse pleine de charme, de feu, de verve et de tonus. Le rond rouge obsessionnel grandit comme une tache, une souillure ou un soleil: au choix du point de vue de la psychanalyse évoquée ici de bon aloi. Gestes taillés, précis dans un décor à la mesure des enjeux: table pliante, parquet amovible structurent les esprits et la scénographie très inventive. L'espace est impacté par ces décors mouvants L'histoire se répète, les gestes reviennent sur les surfaces carrelées de la mémoire. Des trappes, farces et attrapes pour mieux décaler et faire basculer la réalité. Vérité ou mensonge: qui se fait son scénario pour contrer ou évacuer les angoisses et les phobies. Résilience, réconciliation et reconstruction d'un être cher à ses parents qui se laissent eux aussi envahir et impacter par ce "rond rouge" omniprésent jusqu'au gigantisme.et à la surdimension du fantasme. Très bel ouvrage scénique et chorégraphique porté par des danseurs techniquement à la hauteur de l'exigence au cordeau de la calligraphie de Catherine Dreyfus.
A la Scierie jusqu'au 21 JUILLET
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