Voir Jeanne Balibar débouler en "nuisette" légère, armes de carton pâte au poing, chevauchant rêves et illusions est un régal, un miracle: rêveuse, maline, espiègle, diabolique ennemie du mal pour faire l'utopie du bien sur cette planète terre. C'est Marie-Noelle qui introduit en prologue lu et récité de façon presque dérapante et naïve cette farce picaresque et audacieuse. Deux heures durant, le rythme farouche de cette digression chevaleresque laisse pantois. Verve, furie, chevauchée de carton, lancer de hallebardes de pacotille, tout est fragile et sur le fil. Dans une scénographie de fortune et sous des éclairages propices au Jardin de la rue de Mons à Avignon, l'oeuvre de Cervantes est servie avec humour et distanciation. Dans le plus simple appareil ou presque les quatre comédiens-acteurs se taillent la part belle "Démonter les remparts pour finir le pont" et le tour est joué. Thierry Dupont en Sancho Panza et Gwenael Morin dans le rôle de l'âne, celui qui va son chemin cahin-caha. Frustre et simple, véridique parcours du combattant des moulins à vent fantoches.
La pêche à la truitelle est bonne et miraculeuse et on se régale de cet humour distancé fait de bonbons a sucer, de cavalcades bigarrées. Balibar, sublime androgyne vertueuse, fascinante, belle, garçonne idéale à la présence et au regard redoutable. Marie-Noelle, désopilante, drôle et malicieuse en conteuse Rossinante, monture qui parle et raconte cette diatribe au crépuscule du soir sous les platanes protecteurs.Un moment de théâtre inoubliable, inclassable, proche des esquisses et tableaux de Garouste éperdu du conquérant Don Quichotte.
garouste don quichotte |
Au Jardin de la rue de Mons jusqu'au 20 JUILLET
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