mercredi 14 février 2024

"La beauté du geste" : Rodin inspire Xavier de Lauzanne pour la félicité de Terpsichore

 



LA BEAUTE DU GESTE - Danse et Eternité de Xavier de Lauzanne - (FR) - 2023 - VOST - 1h26
 

 
En 1906, Auguste Rodin découvre les danseuses cambodgiennes lors d'une représentation du Ballet royal à Paris. Bouleversé par cette expérience et par leur gestuelle, il produit en quelques jours une œuvre magistrale de 150 aquarelles. Depuis cette date, jusqu'à la création d'un nouveau spectacle pour une tournée en France et en Suisse un siècle plus tard, le Ballet royal cambodgien survit aux épreuves de l'Histoire et nous transporte, entre Orient et Occident, dans un univers de splendeur et de mystère.



À partir des années 1890, des expériences nouvelles transforment l’art de la danse, loin du divertissement codifié et mondain qu’elle pouvait être jusque-là. Sensible aux innovations menées, Rodin s’intéresse à des personnalités exceptionnelles, parmi lesquelles Loïe Fuller et Hanako. L’un des points d’orgue de ces rencontres s’établit avec les danseuses cambodgiennes en représentation à Paris pour l’Exposition universelle. À leur départ, Rodin dira qu’ « elles emportèrent la beauté du monde avec elles ». La complicité partagée avec les artisans de cette révolution amène Rodin à lier danse et sculpture dans leur commune exploration des possibilités du corps humain. Rodin s’intéresse à la danse sous toutes ses formes, qu’il s’agisse des danses folkloriques régionales ou orientales, des prestations de danseuses de cabaret, des principales personnalités de la danse contemporaine ou encore, intérêt qu’il partage avec Isadora Duncan, des pratiques de la danse dans l’Antiquité.  

Un événement ce soir à Strasbourg après une présentation au Musée Guimet la veille à Paris: noblesse oblige pour ce documentaire de création riche en images d'archives exceptionnelles, fruit de recherche, de rencontres et d'analyse de La Danse cambodgienne: rien de "danse sacrée" ni danse "rituelle", celle-ci se niche au creux de l'histoire géopolitique du pays. Au sein du royaume, le "Ballet Royal khmer" voici la danse protégée évoluant au gré des changements sociétaux, économiques. Mais l'esthétique de fondement perdure et demeure: les doigts extensibles, courbés comme nuls autres en des positions, attitudes quasi extraordinaires, les corps entre ciel et terre, paradis et ancrage. Les corps se plient, s'inclinent comme dans ces images d'archives où les codes et postures se réitèrent, s'enchainent pour un mouvement fluide et prolongé. Histoires de gestes qui illustrent fleurs, parfums dans des mimétismes proches du langage "signé". Pas de coupure, de hachures mais un glissement progressif de l'énergie de la tête aux pieds. Les costumes genrés masculin et féminin sont des chefs d'oeuvre de fabrication: du sur mesuree pour les couturières qui s'affairent 4 heures durant pour costumer les danseuses...El les maquiller de blanc pour concentrer les regards, effacer les singularités. Le film raconte, montre et fait apparaitre à l'écran les personnalités du monde le la danse: interprètes, chorégraphes, répétitrices et autres chevilles ouvrières. Des légendes encore vivantes ou disparues qui crèvent l'écran par leur récit, leur témoignage. Car la danse est aussi ambassadrice et fille du prince, menacée par la guerre, les khmers rouges, les facéties de l'histoire. Dans un camp de réfugiées, une danseuse étoile de ballet vaque à sa survie! Un travail de titan, des recherches, des éclaircissements pour nous faire découvrir une gestuelle pétrie de beauté, de grâce. La musique originale du film s’inspirant de l'époque musicale début de siècle, quelques Satie, Ravel ou Debussy comme références.Les danseuses se calquent sur les esquisses incroyables de Rodin, fasciné par les nouvelles formes de corps des interprètes. Ombres portées, transparences et autres dessins fabuleux restituant les ondes et mouvances des bras, des doigts. A l'issue de la projection surgissent sur une estrade deux danseuses cambodgiennes qui accompagnent la tournée d'un mois en avant-premières dans toute la France. C'est hallucinant et charmant de voir si proches des égéries d'une danse ancestrale portée aux nues par le film, là devant nous. Un présent rare d'une valeur inestimable. Musique et chant traditionnel à l'appui.  Terpsichore en costume d'apparat n'a rien à envier à notre Terpsichore en baskets de notre temps!



Mardi 13 février à 20h au Star Saint-Exupéry (rue du 22 Novembre)
 
En présence du réalisateur Xavier de Lauzanne qui ,partagea sa passion, son enthousiasme et son ravissement et de deux danseuses venues spécialement du Cambodge
 
Sortie nationale le 13 MARS 
 
Saviez-vous que feue la princesse Norodom Buppha Devi avait été décorée de la médaille de 'Commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres', par la France ?
Si la fille ainée du roi Norodom Sihanouk et demi-sœur de l’actuel roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, a dansé dans les plus grandes salles, se faisant ainsi l'ambassadrice de son art partout dans le monde, elle a noué avec la France des liens particuliers. Avant même de se produire devant le général de Gaulle à l'Opéra Garnier, à Paris, en 1964, elle avait déjà tenu le rôle d'une danseuse apsara dans le film "L'Oiseau de Paradis" du cinéaste Marcel Camus (célèbre réalisateur français qui avait obtenu la palme d'or à Cannes, ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger, pour son précédent film Orfeu Negro).
A l'époque, la proposition artistique originale de Marcel Camus - faire porter aux danseuses du Ballet royal une tenue imitant l'apparence des apsaras des bas-reliefs angkoriens - était une nouveauté et la reine Kossamak (mère du prince Sihanouk) s'en inspira pour créer sa fameuse "Danse des apsaras". Peu de temps après, le prince Sihanouk donna le titre "Apsara" à son premier film de fiction, dans lequel il fit jouer sa fille, la Princesse Buppha Devi.
C'est ainsi que le personnage de "l'apsara" s'est imposé et a intégré le répertoire du Ballet royal, devenant, au fil des ans, le symbole de la danse classique khmère.

dimanche 11 février 2024

"Polifemo": au sommet du baroque: on la tourne ! Le péplum, ça fait pas un pli.

 


Polifemo
Nicola Porpora Création française. Nouvelle production.Coproduction avec l’Opéra de Lille.


Opera seria en trois actes.
Livret de Paolo Antonio Rolli.

Dans la mythologie grecque, les nymphes ont la fâcheuse tendance à s’enticher de héros qui, bien que vaillants et auréolés de gloire, n’en restent pas moins mortels. À peine a-t-il jailli et voilà que leur amour naissant est déjà la source d’un torrent de larmes plus amères que la Méditerranée. Il en est ainsi de Galatée, éprise du berger Acis, et de Calypso, amoureuse d’Ulysse, l’ingénieux vainqueur de la Guerre de Troie. Mais l’amour, surtout lorsqu’il est divin, n’est jamais un long fleuve tranquille. Le cyclope Polyphème, fils monstrueux du dieu des mers, déborde de désir pour Galatée et retient les marins d’Ulysse captifs sur son île. Seule la ruse leur permettra de triompher de ce géant à l’œil unique.


Silence, "on tourne" et la prise est bonne sur le plateau de l'Opéra du Rhin, transformé en studio Waener Bros ou Cinécitta. Projecteur géant, tour mobile et autres mécanismes propres à un tournage. Le film dans l'opéra pour un voyage épaulé par des grips, ce métier de machiniste ou d'éclairagiste sur le tournage de films. Prêts à intervenir et soutenir l'action des principaux personnages. En l'occurrence une Galatée formidable, Madison Nonoa, interprète à la voix pleine et ronde. 


Un Acis remarquable, Franco Fagioli à la  voix ornementée, très baroque napolitain, perle rare de l'interprétation virtuose d'un héritier des fameux castrats de l'époque. Les scènes s'enchainent dans ce monde versatile, entre cinéma et mythologie, entre fantastique et domaine des dieux. Péplum oblige pour ces références aventurières, romanesques, voir romantiques. Pli selon pli pour les costumes et l'affiche au générique de cette fiction très américaine, version où chacun se passe la balle, relais d'informations sur un plateau de tournage en ébullition. Caméras de surveillance pour filmer et observer ce petit microcosme qui s'affaire. L'intrigue est simple et le cours des choses avance porté par une partition modulée et une direction de main de maitre par Emmanuelle Haim  du "Concert d'Astrée. L'atmosphère de ce bijou baroque est prenante et nous renvoie aux destins extraordinaires de ces êtres mi-hommes mi-dieux où l'amour fait la loi et les voix s'élèvent pour le proclamer: virtuosité en ligne de mire dans un jeu d'acteur pourtant sobre et convaincant. 


Les décors comme berceau des péripéties au coeur d'un paysage volcanique, de rochers, de tunnel évoquant la rudesse, l'énormité de cette légende double. Musique très phonolitique comme les roches volcaniques au son d'instruments réverbérant le vent, l'enflure de la monstruosité du Cyclope en Personne: sculpture à la tête, à la main gigantesque évoquant le "King Kong" mythique de la légende cinématographique. De très belles et impressionnantes voix en duo ou à capella pour Acis sur son échelle qui invoque l 'amour, toujours. Cabanes de pêcheurs pour les personnages dits secondaires, abris pastoral pour troupeau de moutons fétiches, pastiches de la figure du berger. 


La mise en scène de Bruno Ravella, "anachronique" fait mouche: paillotes exotiques,barque en figure de proue, moutons en grappe et autres fantaisies dont des rideaux de fond de scène très réussis. Ça tourne rond pour cette oeuvre rare et distinguée où l'orchestration est riche et variée: flûtes traversières à l'honneur, cors, bassons, quatuor à cordes: motifs pastoraux, élégiaques, funèbres ou grotesques à l'appui. Les tessitures des voix de l'alto au soprano comme des couleurs ,variantes de celles des castrats aux capacités pulmonaires défiant le possible, pour chanter des lignes à l'infini, des registres vocaux très homogènes du grave à l'aigu. En somme un scénario de péplum contemporain à la "Cléopatre": des plis et replis baroques comme ceux de Deleuze dans "Le pli"...."La vie dans les plis", celle d'un Michaux féru de curiosités monstrueuses et hallucinées. Plus "Personne" sur le plateau.


Au XVIIIe siècle, Nicola Porpora (1686-1768) est l’un des grands maîtres de la musique vocale. Professeur de chant hors pair, il forme les meilleurs castrats pour les rôles pyrotechniques des
opera seria qu’il compose et popularise dans toute l’Europe. Invité à Londres au début des années 1730, il concurrence Haendel sur ses propres terres avec Polifemo qui réunit les deux castrats stars de l’époque : Senesino et Farinelli, à qui il confie l’air bouleversant « Alto Giove ». Trois siècles plus tard, Emmanuelle Haïm, le Concert d’Astrée et une distribution virtuose redonnent vie à ce rare trésor présenté pour la première fois en France, dans une mise en scène de Bruno Ravella aux références cinématographiques.

En italien
Surtitré en français, allemand

Acis et Galatée au Luxembourg
A l'Opéra du Rhin jusqu'au 11 Février

"On compte sur vous" "Le conte est bon" sans vous conter fleurette! Le duo Charras-Vidal à la calculatrice.

 Récital duo chant-piano pour 1 voix, 1 piano pour danser,chanter, compter, aimer. En deux temps trois mouvements..En mesure!

La France est un pays de comptables: elle a inventé l'Alexandrin: avec ses douze pieds. Et les trois coups au  théâtre. Un deux trois, partez ! Le compte est bon pour franchir les limites de l'arithmétique, des 400 coups et autre valse à mille temps. On a mis le temps pour vous concocter un florilège de morceaux de choix sur les "nombres" en nombre infini. Une table de compte pour pupitre et un métronome pour mesurer le temps qui passe "trop vitement" nous conte Arthur Honegger qui distille les heures creuses d'Apollinaire incarcéré à la "Santé".

C'est sans compter sur Brel qui valse à trois temps,  André Messager et Sacha Guitry qui ont "Deux amants", les "Recettes de cuisine" aux quantités millimétrées de Léonard Bernstein et Michel Legrand. Sans omettre "La chanson des quatre" de Honegger pour arpenter le trottoir en bonne péripatéticienne.

A l'école, c'est "Quat' et trois sept" de Manuel Rosenthal et Nino, qui nous rappelle que compter est essentiel pour se soigner du rhume au compte-goutte. Et l'on verra passer "Les petites soeurs" de Poulenc et sa grande famille de 19 enfants. Vous reprendrez bien une leçon d'"Arithmétique" en compagnie de Gounod et apprendrez "Chanson à compter" de Stravinsky au sommet de l'absurde.

Alors, "700 millions de chinois", "50 millions de gens imparfaits" et moi et moi et moi. Et vous?Dutronc pour clore ce récital, clin d'oeil à "Détail" Opalka, ce plasticien américain qui toute sa vie durant inscrivit les nombres sur ses toiles! Calculez bien, l'entrée est libre pas "gratuite". L'addition, s'il vous plait.

"l'arithmétique": charles gounod
"quatre et trois sept": manuel rosenthal nino
"j'ai deux amants": andré messager sacha guitry

"plum pudding": léonard bernstein
"a la santé": arthur honegger guillaume apollinaire
"les petites soeurs": francis poulenc jean nohain

"la valse a mille temps": jacques brel

"les pruneaux"
"le grisbi": jean wetzel

"civet à toute vitesse": léonard bernstein
"et moi et moi et moi" extraits: jacques dutronc
"chanson pour compter": igor stavinsky
"chanson des quatre": arthur honegger j.r bloch

 "le cake d'amour": Michel Legrand Jacques Demy

Au CIARUS le dimanche 26 Mai 11h00

Chant et danse: Geneviève Charras Piano et programmation: Christian Vidal 

Visuel Collectif 1001"comptez les points"



boulier chinois

"Un deux trois, elle rêvait de mettre quoi" Dalida? Un petit bikini ! On a pas tout mis dans le récital....

table de compte


détails opalka

livre de comptes et mesures