Trio de danseuses suspension photo: J.L.Hess |
AFTERLIGHT : Les lumières de la danse.
Russell Maliphant que l’on vient à peine de quitter, resurgit avec une version inédite de son solo créé lors du défi chorégraphique collectif « In the spirit of Diaghilev », consacré à la mémoire du directeur artistique des « Ballets Russes » au début du siècle dernier.
« Afther Lignt » avait rencontré un vif succès lors de cette soirée hommage qui convoquait plusieurs chorégraphes à se pencher sur l’œuvre du manager et mécène de la danse le plus curieux et ambitieux que l’histoire de la Danse ait pu rencontrer.
Russell Maliphant est de ceux qui évoluent à partir de leurs bases et en construisant solidement à partir de leurs origines. Rappelons qu’il suivit les cours du Royal Ballet School à Londres puis qu’il intègre le Sadler’s Wells Royal Ballet avant de poursuivre une carrière indépendante en travaillant avec des compagnies telles que DV8 Physical Theatre, Michael Clark et Compagny, Laurie Booth Compagny et Rosemary Butcher. Il fonde sa propre compagnie en 1996, explorant un large panel de techniques incluant le ballet classique, l’improvisation et la danse contact, le yoga, la capoeira et le tai-chi-chuan.
C’est avec « Afterlight » qu’il se positionne dans un langage chorégraphique alliant sensualité dans le mouvement et fluidité dans la gestuelle. C’est également dans cette version pour trois danseurs que se fait vive et percutante l’osmose et la confiance entre les interprètes, dans cette pièce hautement acrobatique et puissante.
Construit à partir de son solo d’origine au titre éponyme «Afterlight», le trio «AfterLight» se veut comme un développement, un approfondissement du propos chorégraphique à partir de l’évocation de Serge De Diaghilev. L’univers onirique dévoile un doux équilibre qui se crée en beauté entre corps et lumière, fluidité et tension, enthousiasme et gravité de la retenue.
Les lumières conçues par son collaborateur fétiche, Michael Hulls confèrent à la pièce une ambiance très feutrée, énigmatique, pleine de suspens. Elles déterminent une atmosphère singulière très particulière au parfum de mystère. Les musiques de Erik Satie et Andy Cowton, les costumes signés de la griffe de Stevie Stewart rehaussent cet aspect très sophistiqué du travail qui entoure et révèle la danse, les corps des trois danseurs. Sur le plateau, Daniel Projetto, Silvina Cortes et Camilla Spiedsoe-Cohen enchainent les mouvements d’une grammaire gestuelle propre à Maliphant et dans un phrasé syntaxique délicieux qui distille fluidité et tension. AfterLight renouvelle le style du chorégraphe en alliant une extraordinaire élégance et un équilibre soigné à une force, une puissance et détermination qui enthousiasme. Audacieuse et précieuse, la danse surgit comme révélée par les interprètes qui peu à peu cessent de dissimuler leurs trésors de virtuosité au profit d’un déploiement glorieux de leur savoir-faire.
Un trio plein de qualité de mise en espace, d’écoute musicale, de respect mutuel des danseurs orchestrés de main de maître par Russell Maliphant. On y goute le plaisir de naviguer dans des univers musicaux taillés pour la danse ou le rythme et les espaces sonores laissent libre cours aux évolutions des danseurs, galvanisés par une danse limpide qui coule de source physique. Un hommage à Diaghilev se propose ainsi dans l’osmose, la surprise avec son célèbre « Etonnez-moi » que ce dernier lance en défi à Jean Cocteau et Picasso.
Maliphant s’en fait son pavillon de combat qu’il hisse haut et fort, prouvant s’il le fallait encore ses talents de chorégraphe de choc.
Geneviève Charras
« AftherLight » le 1 Avril au Grand Théâtre à Luxembourg à 20H
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