Alors,
allons du côté d’Olivia Grandville, ex interprète de la compagnie
« Bagouet » qui depuis mène, indépendante,son chemin parsemé de
fantaisie, de rigueur et de désir de faire découvrir, textes,
personnages issus ou non du milieu de la danse. Après sa visite du côté
de Kurt Schwitters pour « Le K de E », la voici se penchant sur les
fameux textes de Maurice Lemaitre « La danse et le mime ciselants » : un
must de manifeste sur le corps de la danse dans les années 1960, ainsi
que les textes d’Isidore Isou, auteur et inventeur du « Lettrisme ». Ce
mouvement fait alors son entrée dans les arts du geste et après son
passage ni les chorégraphes ou danseurs ne peuvent ignorer que le
bouleversement qu’il a apporté à leur art est aussi profond et
contraignant qu’en leur temps, ceux de Noverre ou Petipa. Des problèmes
toujours neufs s’y posent et l’on remercie Olivia Grandville de
ressusciter cette prose délicieuse et pertinente, décapante, très proche
du mouvement réflexif actuel qui ébranle la danse contemporaine de
façon si salutaire !En compagnie de Sylvain Prunenec, Vincent Dupont,
Catherine Legrand, Pascal Quéneau et Manuel Vallade, la voici qui
décortique le texte, en fait un vivant manifeste animé par les corps
vociférant les mots, les mettant en « geste » en verve ! Cabaret
disjoncté, électrique, éclectique, le spectacle est jubilatoire et
commence en déambulation pour se clore en salle. On y chemine à travers
les textes comme lors d’un tapage nocturne, en liesse, en état de
déraison moqueuse, pince sans rire, un peu choqué, un peu rassuré sur
l’avenir de l’art et des artistes !Subversif, potache, dissonant,
discordant, voici l’état des lieux de la danse d’aujourd’hui aussi. Et
le parallèle de se constituer sans heurt avec joie et gaité,
intelligence et sagacité, malice et complicité. Du bel ouvrage de
« dame » et de « damoiseaux » pour mieux appréhender la suite du
festival.
le mercredi 29 MAI à 20H 30 à Pôle Sud
GENEVIEVE CHARRAS
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