mercredi 25 janvier 2017

"La mécanique des ombres": bien huilée ! Le hip-hop démasqué !

Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne, Lucien Reynès

"Avec eux, la création comme la scène sont des espaces d’aventures collectives. Aussi les trois artistes signent ensemble leur seconde pièce. Visages intégralement masqués de noir, ils interrogent la communauté et en chorégraphient les pulsions anonymes à travers l’énergie du hip-hop et la poésie du cirque.
Ensemble, ils forment un trio d’acrobates et de danseurs. Ils se connaissent depuis l’adolescence. Leurs parcours respectifs sont faits de trajectoires communes et de démarches singulières. Ils se retrouvent à travers le cirque, le mouvement, la création et la pédagogie. 
En 2014, à la recherche d’une danse essentielle et possible pour tous, ils créent Je suis fait du bruit des autres et y découvrent une riche matière de création dont ils prolongent l’aventure dans cette nouvelle pièce La Mécanique des ombres.
La force qui se dégage de la figure masquée débride les gestes. Elle hante les mémoires collectives comme l’imaginaire de chacun. De cette étrange communauté inavouable se dégagent des histoires d’hommes. Quête identitaire, ombres menaçantes, trouble héroïsme. La figure mène sa propre danse et sonde les espaces d’expression du lien social, la liberté des corps, le mouvement, entre la chute et le vertige."


Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne, Lucien Reynès

Une pièce singulière fondée sur l'anonymat: celui de trois silhouettes masculines, jean, sweat shirt à capuchons, pieds nus, sobres, banals, urbains en diable! Sur le plateau nu, tapis noir,lumières tamisées, après un vrombissement étranges, ils vont évoluer, à terre, au sol dans une synchronisation hallucinante, faite de ricochet, de passation de tempo.  Dans une précision extrême, les mouvements tétaniques construisent et déconstruisent les corps conducteurs d'énergie.Mouvements hachés, désarticulés, décomposés, en petites touches saccadées. Ils se manipulent avec dextérité, chacun pour soi, contorsionniste à souhait Une unisson s'installe entre eux, ils se jouent d'un espace restreint, réduit à leur trio, qui peu à peu opère son érection vers la verticalité.Les visages impassibles, masqués de voile noir, plaqué sur la peau, tendus comme des faussaires ou braqueurs de banque Jeu de mains, de jambes, électriques, stratifiés et décomposés à l'extrême, c'est un savant mélange de virtuosité, de prouesse au service d'une montée en puissance de la dramaturgie. Trois corps complices dans une ambiance étrange, mannequins sans visage, ni regard, comme les sculptures de Daniel Firman ou les hip-hoper de Denis Darzacq Mécanique, machinerie à chutes, engrenages bien graissés.
On est en apnée, en empathie durant tout le temps de leurs évolutions quasi circassiennes qui donnent à la mouvance hip-hop, dans la musicalité des silences, une profondeur magnétique et palpitante qui tient en haleine et méduse sans concession
Un trio qui au final danse du "trad", comme une pause, un prolongement de leur langage urbain, comme un retour au source à l’enchaînement, au lien, à la solidarité: comme une mécanique bien huilée, celle des "temps modernes" aux rouages tous tracés.
A Pôle Sud les 24 et 25 Janvier


Denis Darzacq


Daniel Firman



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