lundi 11 février 2019

"Aujourd'hui , sauvage" de Fabrice Lambert : Un cercle chamanique,médusant !


"Que fait-on de ce que l’on ne maîtrise pas ? Pour répondre à cette interrogation, source de sa dernière création pour sept danseurs et un musicien, Fabrice Lambert s’intéresse à ce qui reste en nous d’incontrôlé et de sauvage en explorant les mouvements fondamentaux qui animent les corps. Dans un dispositif scénique et visuel envoûtant, imaginé avec le scénographe Sallahdyn Khatir et le créateur lumière Philippe Gladieux, une danse intuitive, singulière et sensible surgit au rythme des musiques de Marek Havlicek et des percussions de Benjamin Colin."

Un dispositif scénique fait de quatre cercles concentriques, enfermant quatre voilures transparentes, de tulle léger, dissimule les corps des danseurs qui s'y glissent, silhouettes fantomatiques, mystérieuses. C'est dire si le motif de la pièce sera autant plastique que dansant, couvrant de ses tentures manipulées par les danseurs eux-mêmes, l'espace circulaire: arène, cirque ou agora de la danse?
Danse collective, épousant le rond, le cercle magique, chamanique se dessinant au sol par la lumière réverbérée. Collectif d'êtres en mouvements désarticulées, tétaniques, convulsifs: étranges créatures vêtues de kilt, jupette ou autres vêtements seyants.Dès l'ouverture c'est la percussion qui mène cet étrange cérémonie, bal dans le sens des aiguilles d'une montre, autour du shorten. Danse en frise, de biais puis de profil, course en solo dans le cercle, torsions et fluidités des gestes se mêlent en secousses. Des pauses en statuaire sur des tirs de salves, de pétarades affolent l'ambiance. Sous des éclairages fondus au vert, des ombres glissent sous la coupole de tarlatane translucide. Cloche qui dissimule ou révèle la présence incongrue de créatures qui s'affolent. Tambour battant , encerclés , pris au piège de cette arène maléfique chacun s'en tire à sa façon et combat.


En transe tétanique, sur la piste, en extase, la danse se répand et opère. La dynamique est "folle" pour cette corrida virtuose mais on n'achève pas les danseurs, épuisés, galvanisés par les rythmes omniprésents qui la soutiennent, la supportent. Un magnifique et hypnotique solo d'une femme égarée au centre du cercle, alors que ses compères ont pris la fuite à l'extérieur, dramatise le propos. Solo de boxe, de lutte de résistance, puissant, athlétique, remarquable !
Puis sur l'écran de la tenture, des images vidéo surdimensionnées offrent la vision d'un corps fœtus, d'une chrysalide qui se démultiplie, se diffracte, sorte de monstre magnétique, dans une galerie de l'évolution fantasmée. C'est beau et plastiquement très réussi, vision fantastique d'un corps qui se démultiplie à la Marey ou Muybridge. Feu follet final, bouquet de feux d'artifice en apothéose pour les danseurs galvanisés par les percussions, en live, à leurs côtés!


Dans un jeu de circulaires lumineuses affolant. Des cadres circulaires flottent ,vont et viennent manipulés par les danseurs avec des cordes rougeoyantes: la magie opère et l'on scrute cet édifice plastique mouvant, comme une méduse suspendue soulevant ses voiles, un poulpe ou une créature sorties des fonds marins.




Avec le Théâtre de la Ville dans le cadre de sa programmation Hors-les-murs, et le festival Faits d’hiver.
Du 6 au 9 Février

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