Musica aux Dominicains
Le GRM, Les Métaboles
dimanche 20 septembre 2020 — 19h00
Les Dominicains de Haute-Alsace
"Pour
clore son week-end d’ouverture, Musica s’implante dans le cadre
exceptionnel des Dominicains de Haute-Alsace. Le couvent du XIVe siècle
abrite aujourd’hui un Centre culturel de rencontre dont la forte
dominante musicale en fait un partenaire privilégié du festival. Une
soirée placée sous le signe de l’immersion, avec la sonorisation du
cloître par l’orchestre de haut-parleurs du Groupe de Recherche Musicale
et une version de Stimmung de Karlheinz Stockhausen qui promet une expérience de transe inédite grâce à l’acoustique de la nef monumentale."
Philippe Carson
Bernard Parmegiani
Turmac
(1961)
C'est
à cette œuvre d'entamer le concert dans le cloître des dominicains,
judicieusement parsemé de sièges sur la pelouse:des sonorités de train,
des sons industriels, trousseau de clef,? scie, roulements,
vrombissements qui tournent semblent être à la source de cet ensemble
compacté, dense et solide. Des gravas qui se décomposent se déversent,
en répétitions obsessionnelles.... Toute une "atmosphère" !
Bernard Parmegiani
Capture éphémère
(1967)
Des
salves en écho dans un tunnel, des fusées de feu d'artifice: ça fuse,
ça éclabousse allègrement! En aspirations, envols furtifs, tout un monde
minéral et animal est évoqué, en secret dans l'intimé d'un son frisson
comme des traces anciennes laissées par des générations en couches, en
strates ou palimpseste savant. Quelques monstres aériens, de BD, de
science Fiction-friction, font surface dans un univers cosmique. Des
accidents aussi, débris de chantier qui se déversent, machines de guerre
ou tanks, hélicoptères...Des sons de sabres tranchants dans l'air
opaque à la conquête d'un espace vierge qui se rompt. Des bruitages de
jeu vidéo.... Bref, un grand fatras de bruits et de fureur, conglomérat
industriel, empilement de résonances, de fréquences, de timbres
désordonnés. Comme des bombardements, une menace, un danger qui nous
frôle via les enceintes rouges rondes, les globes blancs perchés sur
pieds de cigogne qui meublent l'espace et font sourdre sons et bruits
triturés par l'électro-acoustique des œuvres présentées.
Ivo Malec
Recitativo
(1980)
Des
grillons par un beau soir d'été sur la pelouse des Dominicains... Ou
des orgues lointaines de foire, des sons timbrés, zinc ou métal
précieux, tôles froissées... Les sons stridents s'amplifient, linéaires,
en continu, en fréquences permanentes. Un gong fracture le tout, rupture
dans cet alignement musical parfait. Des oiseaux, des carillons de
clocher pour des vibrations claires, tintinnabulantes.Karlheinz Stockhausen
Stimmung
(1968)
Ré-écouter la pièce au sein de la grande nef des Dominicains, n'a plus aucune commune mesure avec la même œuvre présentée dans le Hall Rhin du PMC : la configuration frontale, l'ampleur et le volume de la nef font résonner, amplifient tous les sons qui se révèlent d'une richesse inouïe et le chef d’œuvre vocal interprété par les voix si empreintes de mysticisme, de recueillement et de ferveur, embarquent dans un voyage cosmique spirituel ou profane, païen ou votif à l'envi.
Luc Ferrari
Tête et queue du dragon
(1959-1960)
L'auteur se glisse dans les interstices du cloître aux éclairages colorés, chaleureux comme des ondes de choc qui se désagrègent en déroulés de heurts, de fractures, de ruptures tectoniques viscérales. Comme dans un jeu de billard, tout est choc précis, directionnel, performant, cible visée par l'électro acoustique de façon magistrale. Un juke-box capricieux mais efficace dont toutes les lumières s'allument à l'unisson pour provoquer fracas et désordre de bon aloi !
Michèle Bokanowski
Rhapsodia
(2018)
Voici une dimension cinématographique du son pour clore dans le cloitre inondé de lumières mouvantes, cette soirée estivale de musique électro-acoustique.
Large spectre sonore, étirement des sons en suspension dans un tempo soutenu. En nappes et couches sonores pour créer de la matière dense et riche de résonances. L'amplitude qui se déploie au rythme régulier d'une machinerie qui s'emballe, fait office de leitmotiv, enluminure sensible d'une pièce aux contours généreux. Les rotatives s'emballent, machinerie infernale d'un film de fiction, monté en séquences rapides ou linéaires. Philippe Dao, aux consoles du GRM toujours à l’affût des œuvres complexes. Absorbée par des lumières évanescentes sur les ogives du cloître, prolongée par cette "ambiance", "stimmung" de référence l'opus de Michèle Bokanowski dont on connait également le compagnonnage de compositrice auprès du plasticien-vidéaste du cru, Robert Cahen, pour sa vidéo danse "solo", chorégraphiée et interprétée par Bernardo Montet fait office d'épilogue de cette soirée mémorable.
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