Que se passe-t-il lorsque le processus d’une image est révélé ? L’artiste et chorégraphe Maria Hassabi présente On Stage, se transformant silencieusement d’une pose à l’autre. Elle met en scène son style caractéristique – fait d’immobilité, de lenteur et de précision – et invite le public à réveiller ses propres références face à ce défilé d’images iconiques ou banales qui se déploient.
L'atmosphère est au recueillement, à l'écoute de l'indistinct, de l'infime filet de sons, de lumière qui envahit une obscure clarté sur le plateau. Des instants durant la fragilité des images d'une présence magnétique au coeur de la scène se fait souveraine et hypnotique. Le bain et l'immersion dans le noir scintillant des contours d'une forme humaine est troublant, déstabilisant Et pourtant rien ne bouge en apparence sinon les sons atmosphériques d'une partition cachée. Elle est là et se dessine peut à peu au coeur de l'espace vide, devenu immense berceau de petits riens de micro mouvements kinestésiques sidérants. Une femme se révèle peu à peu comme dans un bain photographique. En blouson et jean délavé, tenue de travail, les cheveux tiré en arrière. Le stricte nécessaire pour une expression rude et franche, sans détour ni parasites. Du brut minimaliste à l'état pur incarné: un corps qui oscille, ploie, se délivre de la pesanteur pour mieux fléchir et y retourner. La performance de Maria Hassabi est viscérale et provoque un état d'écoute et de présence de la part de celui qui la regarde au travail. Empathie nécessaire pour apprécier la performance bordée d'un univers sonore vaste et quasi naturel, aux sons évocateurs de larges paysages. Elle est puissante et se révèle comme une icône à adorer dans un rituel paien à savourer sans fin. Hypnotique et précieuse chorégraphie du corps se mouvant au millimètre près dans une aisance et un souffle continu impressionnant. Infime détail et justesse des mouvements comme credo et signature d'une sculptrice de gestes émouvants. Une interprète virtuose singulière et très dosée, irradiant mystère et plasticité inouïs.
Au TND Chaillot jusqu'au 24 Octobre



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