Il ne manquait plus que cela!
Que nos deux oiseaux chorégraphes agitateurs des années fastes de la Jeune Danse Française, les années 1980, reviennent à la charge en exhumant leur répertoire de jeunes chiens fous....
La mémoire de la danse, son patrimoine, son Panthéon accueille aujourd'hui deux pièces clefs, emblématiques de l'écriture insolite, signatures personnalisées de Mathilde Monnier et Jean-François Duroure.
Aujourd'hui, sagement et respectivement pour elle,directrice du Centre Chorégraphique de Montpellier et pour lui directeur de la danse au Conservatoire de Strasbourg, nos deux "cols blancs" ont le vent en poupe et déclenchent une avalanche d'articles de presse, de manifestations autour du thème de la "passation" du répertoire contemporain.
Né de leur désir de chorégraphier en défiant à l'époque l'enseignement de leur maître, Viola Farber issue de l'Ecole Cunningham, ces deux pièces nous rappellent que si le temps passe, l'actualité de leur démarche demeure cohérente et crédible. Défier le "père", la mère en l'occurrence, savoir dire "non" sans faire table rase. C'est l'école de la nonchalance, du débridé, du politiquement incorrect: de l'insolente indolence du "pas- sage". Jamais à vide. Plutôt avide de sens, de désinvolture feinte, de faux laxisme dans une rigueur flagrante et obligée. La technique est présente, exigeante et c'est entre autre ce que le "couple", binôme bicéphale de l'époque tente de transmettre avec l'esprit du moment.
Mais la jeune génération de danseurs interprètes n'en est plus là, ou les corps sont déjà ailleurs. Ils sont bons danseurs, trop bons danseurs pour se frotter à ces ébats ludiques en froufrou de tulle, en kilt kitsch... Le "désuet" les surprend, les interroge. Du pas sérieux à l'époque de l'explosion de la jeune chorégraphie en France?
Alors les deux danseurs-Sonia Darbois et Jonathan Pranias- des deux pièces ressuscitées y vont de leur punch, de leur inventivité en matière d'interprétation et le bonheur est alors sur le plateau! On ne reproduit pas l'énergie ou le tempérament de l'autre. Ce ne sont pas les clones, les doublures des deux protagonistes d'antan, de jadis et naguère. On capte, on digère et on refond à la manière d'aujourd'hui: ça malaxe, ça remixe, ça refaçonne et ça fait matière à une danse joyeuse et grave, frissonnante, chavirée, chaloupée comme dans la houle.
Pas besoin de bouée de sauvetage: le patrimoine tient bon la route, le cap de la fragilité est maintenu, au beau fixe!
"Pudique Acide/ Extasis" à Pôle Sud STRASBOURG les 22/23/24 Novembre à 20H30
Rencontre avec Jean-François Duroure le lundi 21 Novembre à 18H30 à la Cité de la Musique et de la Danse
workshop speed dating samedi 19 Novembre
http://www.pole-sud.fr
www.le-maillon.com
dimanche 6 novembre 2011
"Hellerau, l'atelier de l'art du futur": du sur "mesure" rythmique et architectonique pour Jaques-Dalcroze
Le Maillon à Strasbourg consacre une exposition concoctée par Claire Kusching et Anne Mariotte, au foyer culturel pluridisciplinaire,bouillonnant, la cité-jardin de Hellerau en Allemagne,créée il y a 100 ans. Symbiose entre l'architecte Heinrich Tessenow, le théoricien du théâtre Adolphe Apia et le pédagogue suisse Emile Jaques Dalcroze.Mais qui est ce dernier qui a su inspirer et mobiliser autant de forces autour de son projet?
Un musicien, un pédagogue et un théoricien de la danse, né en 1865, disparu en 1950.
De formation musicale et théâtrale il s'appuie sur Mathis Lussy, dont les recherches de pionnier sur le rythme, l'influenceront profondément.Compositeur, auteur de moult chansons, il est professeur d'harmonie et de solfège à Genève, voyage comme chef d'orchestre (les rythmes du folklore algérien arabe l'enchantent)...Il met au point la technique d'apprentissage Dalcroze et peu apprécié dans son pays par son audace, il part à la demande d'un mécène allemand conquis par ses méthodes novatrices mêlant médecine,musique et éducation.
Un institut se construit à Hellerau, pour lui de 1911 à 1914: il y poursuit ses recherches, puis retourne en Suisse dès 1915 où il établit son institut. Il consigne ses méthodes dans un ouvrage en 1920 ,"Le rythme, la musique, l'éducation", met en scène des spectacles pour enfants....Il combat ardemment la notion de "virtuosité" au profit de "l'audition intérieure". Constatant combien le manque d'oreille musicale et le sens du rythme d'une bonne partie de ses élèves font défaut.L'application de règles théoriques ne tiennent pas lieu de musicalité à son sens!
Doué d'un sens aigu de l'observation, il constate qu'il n'y a pas d'élève présentant un défaut de réalisation musicale, "qui ne possède corporellement ce défaut".Il se met à rêver d'une éducation où le corps jouerait lui-même le rôle d'intermédiaire entre les sons et la pensée. Il se met dès lors à faire marcher ses élèves sur les rythmes de la musique, les fait réagir à ses accents,leur en fait traduire par les gestes les phrasés, les nuances, les mesures.Ainsi nait la "Rythmique": il invente des milliers d'exercices dont témoignent plus de 90 volumes manuscrits! Ses observations l'amènent à définir l'arythmie musicale et son pendant, l'arythmie corporelle, puis à trouver les moyens d'y remédier, donnant ainsi à la Rythmique ses assises méthodologiques.
La danse du XX ème siècle en sera fortement influencée: Nijinski s'en inspire pour "Le Sacre du Printemps "en 1913. Il révolutionne ainsi avec Marie Rambert son élève la façon de faire bouger les danseurs sur la musique percussive de Stavinsky.Marcher sur un rythme en faisant des gestes sur un autre: ce sont les accents toniques!(voir ouvrage "les carnets du théâtre des champs élysées" consacrés au sacre) 1990 pages 21/ 54/55
Un exemple radical d'innovation, un homme pionnier et intègre au service des nouvelles visions du corps, de l'art!!!
Rencontre au Maillon à 18H 30 sur Hellerau et intervention de Geneviève Charras sur Jaques Dalcroze le 9 NOVEMBRE
Un musicien, un pédagogue et un théoricien de la danse, né en 1865, disparu en 1950.
De formation musicale et théâtrale il s'appuie sur Mathis Lussy, dont les recherches de pionnier sur le rythme, l'influenceront profondément.Compositeur, auteur de moult chansons, il est professeur d'harmonie et de solfège à Genève, voyage comme chef d'orchestre (les rythmes du folklore algérien arabe l'enchantent)...Il met au point la technique d'apprentissage Dalcroze et peu apprécié dans son pays par son audace, il part à la demande d'un mécène allemand conquis par ses méthodes novatrices mêlant médecine,musique et éducation.
Un institut se construit à Hellerau, pour lui de 1911 à 1914: il y poursuit ses recherches, puis retourne en Suisse dès 1915 où il établit son institut. Il consigne ses méthodes dans un ouvrage en 1920 ,"Le rythme, la musique, l'éducation", met en scène des spectacles pour enfants....Il combat ardemment la notion de "virtuosité" au profit de "l'audition intérieure". Constatant combien le manque d'oreille musicale et le sens du rythme d'une bonne partie de ses élèves font défaut.L'application de règles théoriques ne tiennent pas lieu de musicalité à son sens!
Doué d'un sens aigu de l'observation, il constate qu'il n'y a pas d'élève présentant un défaut de réalisation musicale, "qui ne possède corporellement ce défaut".Il se met à rêver d'une éducation où le corps jouerait lui-même le rôle d'intermédiaire entre les sons et la pensée. Il se met dès lors à faire marcher ses élèves sur les rythmes de la musique, les fait réagir à ses accents,leur en fait traduire par les gestes les phrasés, les nuances, les mesures.Ainsi nait la "Rythmique": il invente des milliers d'exercices dont témoignent plus de 90 volumes manuscrits! Ses observations l'amènent à définir l'arythmie musicale et son pendant, l'arythmie corporelle, puis à trouver les moyens d'y remédier, donnant ainsi à la Rythmique ses assises méthodologiques.
La danse du XX ème siècle en sera fortement influencée: Nijinski s'en inspire pour "Le Sacre du Printemps "en 1913. Il révolutionne ainsi avec Marie Rambert son élève la façon de faire bouger les danseurs sur la musique percussive de Stavinsky.Marcher sur un rythme en faisant des gestes sur un autre: ce sont les accents toniques!(voir ouvrage "les carnets du théâtre des champs élysées" consacrés au sacre) 1990 pages 21/ 54/55
Un exemple radical d'innovation, un homme pionnier et intègre au service des nouvelles visions du corps, de l'art!!!
Rencontre au Maillon à 18H 30 sur Hellerau et intervention de Geneviève Charras sur Jaques Dalcroze le 9 NOVEMBRE
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"DANSER sa vie" :exposition phare au Centre Georges Pompidou: la danse dans les e-toiles!
Enfin, une exposition où l'on va découvrir tous les fils, les liens intimes de la danse et des arts "visuels"!
Si l'on ignorait encore que Mary Wigman fut la complice de Kandinsky ou de Kirchner, si Joséphine Baker fut le premier modèle de l'œuvre en fil de fer de Calder, si Paul Colin croqua la même artiste pour les affiches de La Revue Noire, l'offense est désormais réparée et le rêve s'incarne.Grâce au travail acharné de Christine Macel et Emma Lavigne, conservatrices au Musée National d'Art Moderne. De quoi parcourir l'aventure de Terpsichore avec les média qui s'offrent aux peintres, sculpteurs, vidéastes, photographes pour laisser sa place à la danse, à ses rythmes, ses variations ses compositions, ses couleurs et multiples "combines", inspirant moult grosses pointures de l'art. De Matisse, à Rodin, Bourdelle à Degas, Rauschenberg à Warhold, les petits pas dans les grands vont nous être servis avec des œuvres enfin réunies pour laisser voir, entendre et ressentir toutes les résonances et complicités des arts "mouvants" Les connivences ne sont pas rares et l'on aura lieu dans reparler.
L'exposition démarre le 23 Novembre au Centre Georges Pompidou. A vos cimaises, prêts, partez!!!
"Regarde la peinture de Jasper Johns et Robert Rauschenberg. Ils utilisent la toile comme moi j'utilise la scène" dixit Merce Cunningham...
Y verra-t-on aussi les traces laissées par le corps de Trisha Brown lors de ses performances, les décors -dessins de Merce Cunningham pour sa pièce" Polarity" issus de son fabuleux bestiaire (voir Other Animals"), les toiles d'Angelin Preljocaj, les décors de Philippe Favier pour Jean-Christophe Maillot???
Mais Sophie Taueber-Arp sera bien justement évoquée et hommage sera rendu à cette danseuse-performeuse-plasticienne encore peu reconnue en Alsace, entre-autre!
www.centrepompidou.fr
Si l'on ignorait encore que Mary Wigman fut la complice de Kandinsky ou de Kirchner, si Joséphine Baker fut le premier modèle de l'œuvre en fil de fer de Calder, si Paul Colin croqua la même artiste pour les affiches de La Revue Noire, l'offense est désormais réparée et le rêve s'incarne.Grâce au travail acharné de Christine Macel et Emma Lavigne, conservatrices au Musée National d'Art Moderne. De quoi parcourir l'aventure de Terpsichore avec les média qui s'offrent aux peintres, sculpteurs, vidéastes, photographes pour laisser sa place à la danse, à ses rythmes, ses variations ses compositions, ses couleurs et multiples "combines", inspirant moult grosses pointures de l'art. De Matisse, à Rodin, Bourdelle à Degas, Rauschenberg à Warhold, les petits pas dans les grands vont nous être servis avec des œuvres enfin réunies pour laisser voir, entendre et ressentir toutes les résonances et complicités des arts "mouvants" Les connivences ne sont pas rares et l'on aura lieu dans reparler.
L'exposition démarre le 23 Novembre au Centre Georges Pompidou. A vos cimaises, prêts, partez!!!
"Regarde la peinture de Jasper Johns et Robert Rauschenberg. Ils utilisent la toile comme moi j'utilise la scène" dixit Merce Cunningham...
Y verra-t-on aussi les traces laissées par le corps de Trisha Brown lors de ses performances, les décors -dessins de Merce Cunningham pour sa pièce" Polarity" issus de son fabuleux bestiaire (voir Other Animals"), les toiles d'Angelin Preljocaj, les décors de Philippe Favier pour Jean-Christophe Maillot???
Mais Sophie Taueber-Arp sera bien justement évoquée et hommage sera rendu à cette danseuse-performeuse-plasticienne encore peu reconnue en Alsace, entre-autre!
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