lundi 16 décembre 2013
dimanche 15 décembre 2013
"La danse" de Joseph Kieffer et Marie Pan à la Semencerie:les boules se font la"belle" en revanche!
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| le "Fada" de l'art à l’œuvre:il danse! |
Une installation très "originale" introduit la manifestation de La Semencerie à Strasbourg "Revers", signée de Joseph Kieffer cet incongru de l'art d'aujourd'hui, iconoclaste en herbe, déflagrateur et initiateur de "boom", de sculptures farfelues interrogeant les espaces aussi divers que forêt (la bétonneuse à la Sablière à Oberhoffen cet été) où les versants des montages pour des flambées éphémères et bruissantes de lumière!
C'est "La danse" faite de boules de pétanque reliées les unes aux autres par du fil de fer, suspendues au dessus d'une arène de sable, comme un petit manège de chevaux, circulaire.
Une sangle est là pour vous y suspendre et faire bouger, évoluer dans l'espace ce jeu de boules JB ou Obut!
Chose faite avec la performance en direct de Marie Pan Nappey, qui se glisse discrètement, après hésitation feinte dans cet harnachement.Histoire de s'envoyer en l'air, de s'envoler en l'air et de défier les lois de la pesanteur de l'apesanteur!
Elle y déchaine du mouvement et entame ainsi un dialogue corporel avec ce dispositif qui lui renvoie l'énergie, le poids, des boules, lourdes, pesantes qui prennent leur envol!
Paradoxe entre légèreté et pesanteur, abime de bascule de poids, de déséquilibre trouvé pour manipuler cette sculpture vivante, sonore.
Les boules se heurtent, s'enchevêtrent tandis que le corps gracile de noir vêtu de la performeuse rappelle les manipulateurs de marionnettes.La tension monte entre silence et rupture de rythme.
Une véritable dramaturgie sourd de cette expérience qui maintient le spectateur en alerte, en apnée, pétrifié aussi par le risque encouru entre la danseuse et les boules!On demeure médusé et charmé par ce duo, ce couple corps-matière qui émet devant nous tant de grâce et de musicalité
Trois musiciens suivent à l'unisson les élucubrations inouïes de la jeune femme qui donne corps et mouvement à la sculpture de Kieffer.
C'est beau!Et la femme de devenir le "cochonnet" qui motive cette performance "Pétanque"!
On se fait la belle et on recommence pour la revanche ce dimanche 15 Décembre à 18H!
"La boule de pétanque possède de nombreuses qualités: rondouillette, belliqueuse, grégaire, froide puis chaude. Quand elle se cogne elle produit un petit bruit nerveux. Sans cochonnet, elle erre perdue dans le cosmos infini Le cochonnet existe-t-il seulement? "
Alors une manipulation délicate et publique en fait la démonstration!Marie Pan s'en charge à merveille!
Droit au but, Obut !
"Dans mon atelier, je projette, j'essaie, je construis, je fabrique. C'est un poumon, un trampoline indispensable. C'est mon premier outil.Je m'y réfugie,comme dans une cellule. J'y passe un temps précieux. Je travaille plusieurs matériaux, principalement du bois et du métal. Mes projets sculpturaux personnels y côtoient des collaborations avec les arts vivants: musique, danse, théâtre. Je m'intéresse à l'Objet, sous toutes ses formes. J'y ai déjà fabriqué: Une scénographie de bibliothèque, un oeuf géant, une paire d'armoires, une boîte à rythme, des cadres à roulettes, une maison explosive, des cymbales volantes, un caddie à poireaux rotatifs et d'autres petites choses. La Semencerie me confronte à d'autres cellules, m'enrichit de ces rencontres. Elle m'autorise à vivre ce que j'attends de la vie: une aventure humaine. Et de la joie. Il y a une énergie particulière à travailler proche les uns des autres. On se sent appartenir au lieu. Ce bâtiment est merveilleux. Nous y résonnons. Ce qui s'y est déjà passé est mémorable, j'attends la suite avec impatience".dixit Joseph Kieffer !
"La danse est telle une cathédrale mouvante ou les danses sont des prières ». R.josephkieffer.blogspot.com
www.lasemencerie.org
samedi 14 décembre 2013
"Incidents": "Ainsi Dansent" ? ou Co- Incidences?
"Ou début d'un très beau jour d'été".....
Un auteur "inconnu" Daniil Harms, poète et écrivain russe broyé à 36 ans par le régime soviétique, donne l'occasion à Christian Rätz, metteur en scène de la désormais repérée compagnie "Voix Point Comme", de "donner de la voix", de faire naitre le verbe et de l'incarner à travers de sacrées carcasses: celles de comédiens férus de beaux textes, les mots rivés au corps.
C'est tout dire de les voir apparaitre sur scène dans un grand concert de dégueulis. Déverser les maux, les battements de la vie à travers des extraits de courtes scènes, de saynètes, d'histoires courtes qui vont se succéder tambour battant, une heure et demie durant!
Et rien n'est à jeter dans ces prestations vives, menées de main de maitre par notre monsieur Loyal!
Une histoire de dingue, celle des trois naissances entame ce marathon de l'absurde, de l'insolite, de l’inouï!
Racontée par un grand escogriffe qui quelques secondes avant ramenait "sa fraise" dans un fauteuil de roi Ubu, tirait son coup avec un revolver de fortune dans le pantalon, à blanc, pour mieux se tirer ailleurs
Il s'en tire bien Jean Lorrain à travers ses multiples personnages tonitruants, balance de poids sous le bras, chapon-melon sur la tête. Avoir la "raie au milieu" ou au beurre blanc? Ça balance bien, ça roucoule, ça chatoie,ça chaloupe à l'envi ,ça bouge à merveille dans la houle des jeux de mots, de l'Oulipeau quasiment ou du Isidore Isou et son Hourloupe à son corps défendant!Les corps pensant se penchent en roseaux penchants qui s'épanchent joyeusement!
Le"Grand Jeu" n'est pas loin non plus qui veille au grain dans ce monde désuet, surréaliste, déconnecté et pourtant si attachant et proche de nous.« Le Grand Jeu est irrémédiable ; il ne se joue qu'une fois. Nous voulons le jouer à tous les instants de notre vie. » Pataphysique aussi!
Scène croquante où à la table dressée, l'hôte attend sa belle et se fait ravager le paltoquet par un concurrent manifestement démoniaque -toujours Jean Lorrain métamorphosé-qui vient lui démolir sa baraque, lui ravir sa belle et joncher le sol de salade verte et de sucre offerts à l'occasion. On remet le couvert, on redresse la table après un joli carnage, une joute de mots et de gestes délicatement burlesques.Et on prend la pension complète avec rond de serviette!Sébastien Dubourg en amoureux transit fait mouche et Carole Breyer, seins gonflés à bloc est l'amante à entourlouper sans concession ni modération!
Quel petit peuple animé de bonnes et de mauvaises intentions!
Naïve et sereine Antje Schur en écolière docile et adulescente, puis en ballerine à tutu à col roulé s'en donne à cœur joie pour se mouvoir aisément et tirer son épingle du jeu, parmi ce chaos à la Ionesco ou Feydeau!
Princesse malgré elle, affublée d'un tutu de pacotille, la voici qui disjoncte en chanteuse pop-rock, cagoulée:le rêve de petit rat d'opéra docile et diaphane la quitte rapidement, elle qui est le chantre d'une danse plus que "contemporaine"!
Joli clin d’œil au destin de chacun des comédiens, le metteur en scène se rit des différences et explore les talents de chacun avec bonheur: un pas de deux en gabardine, exécuté par Antje Schur et Jean Lorrain nous rappelle que le danseur qui veille en nous se révèle simplement pour esquisser ce duo mouvant, fluide et bien mené, source et instant de respiration, de souffle dans ce chaos de mots, de verbe, de textes
Corps-texte bien venu dans la tempête de l'écriture si virulente de l'écrivain soviétique.
"Bœuf bouilli" -pot pourri-au menu d'un restaurant où l'on fait fuir le client en l'injuriant...On a aussi envie d'engueuler l'autre alors pourquoi pas officiellement!Sans autre forme de procès.Appelez moi le pal'ron car l'addition est trop salée-sucrée!Il n'y a que le sot qui l'y laisse!
On peut tout se permettre au royaume de Harms et les notes de musique en direct de Vincent Posty sont là pour le rappeler: à l'ordre et à la désobéissance, il est permis de déroger au pays de l'incongru et de l'incorrect."Y-a-t-il quelque chose" derrière tout ce remue méninges? "Ouh! lou lou"! Y-es-tu, entends-tu?
Interdit d'interdire, alors allons y chochotte! La permission de désobéissance est de mise, alors à table pour ce festin de mots iconoclastes et de situations comme des "incidents", accidents de parcours aux incidences imprévues....Ainsi dansent nos comédiens, le flot de la vie!
Rires et larmes de crocodile s'emparent du spectateur déboussolé par tant d'aventures, de rebonds, de tectoniques des plaques du plateau du TAPS Scala à Strasbourg.
Un" Feu d'Artifice" à la Giacomo Balla pour cet "Entr'acte" sans "Relâche" qui fait songer aux plus belles pièces abracadabrantesques d'auteurs à la Maiakovski, à la Queneau, Satie.
Une découverte, une entrée en la matière fort édifiante dans l'univers d'un auteur à découvrir absolument:mais sans la houlette de Christian Rätz qui sait en délivrer la quintessence loufoque et grave à la fois, qu'en advient-il?
Geneviève Charras le 13 Décembre 2013
www.taps.strasbourg.eu
www.voixpointcomme.fr
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