vendredi 7 octobre 2016

"Jeunes talents, compositeurs": une génération prometteuse!


Avec les étudiants des classes de composition de Philippe Manoury et Daniel D'Adamo, d'électroacoustique de Tom Mays, Etudiants du conservatoire de Strasbourg et de l'Académie de musique de Strasbourg/ HEAR
Sous la direction de Armand Angster et Emmanuel Séjourné, voici du beau et bon monde réuni, pour "cultiver la différence", faire émerger de nouveaux talents de compositeurs et interprètes.... autour des œuvres de Jean David Mehri par exemple"Prolongements", en création mondiale:
une musique mixte, pour saxo soprano, électronique en temps réel et virtuosité!
Adam Campbell et Jean David Mehri, à l'oeuvre, c'est un duo inattendu, sons brefs et insistant du saxo, amplifié en écho, comme un cor de chasse, strident, au Lointain.Très contrastée, la musique est enjouée, en volutes et spirales, le son lancinant tenu en fond sonore.Sensuel, caverneux, le son sourd, affolé à la Garbarek parfois, en salves déchirantes, cinglantes.Fracas, débris de sons, fureur pour entamer au final une accalmie, contraste frappant, désorientant.

Etienne Haan pour "Eclipse" va prouver qu'un chef d'orchestre peut se doubler, s'oublier, se dédoubler: parti des sons de neuf gestes de danse, voici une musique interprétée par un danseur, alors que derrière lui les musiciens et un "vrai" chef d'orchestre bat la mesure.
Idée originale qui donne à voir la musique par le truchement d'une danse magnétique: celle du jeune et longiligne Clément Debras :Face au public, il réinterprète les gestes du dirigeant, sans jamais les mimer, sans pathos: jeu de mains, tremblements, postures complexes, acrobatiques, genoux souples se dérobant, doigts en position de cou et bec de cygnes, lac des signes cabalistiques d'une danse de chef de tribu qui jamais ne regarde les musiciens, sauf exception pour s'assurer qu'ils sont bien encore là! Un chef à l'envers, très narcissique, relax, désinvolte, primesautier, poignets hyper mobiles sans baguette ajoutée. Stature fière et attitude nonchalante se conjuguent pour ce chef qui n'est pas dans l'ombre comme son compère à qui il tourne le dos: Armand Angter, au travail, dans le noir face aux jeunes interprètes
Il lui prend la vedette et ne s'en lasse pas!Étiré sur les pointes, toréador, aux gestes brossés, tétaniques, on regarde la musique danser, incarnée, jamais caricaturée ou redondante.Noble, fier, se caressant le long du corps, il borde sa danse de ses bras, enveloppe son corps, en courant marin possédé par les vagues: des ondes le parcourent par les hanches: son corps est aussi instrument et métaphore. Sous son plus beau profil à la Israel Galvan, ce jeune homme qui danse fait songer à Angelin Preljocaj, précis, précieux, versatile, futile en diable. Alors, la musique est bonne qui inspire cet univers burlesque, humoristique aussi, décalé, distancé. Ombre, double ou doublure du chef, dos à dos en dialigue d'aveugles mais pas de sourds, le danseur danse (dixit Baschung) Le regard vers nous, interrogateur ou séducteur, conducteur de grâce et d'enchantement.La scénographie originale de la pièce lui doit beaucoup, se joue de la plasticité de son corps, des étirements des vêtements: il se renverse, se plie mais ne cède pas, penché, courbé, en vrille ou spirale; il s'affole, s’agite déborde de son mètre carré de surface dansable, en tours, glissades, envolées, gestes enrobés
Dans le noir final, l'obscurité dévoilera le vrai chef, bras tendu dans l'ombre, petites mains discrètes et efficaces: qui est le vrai chef: celui qui guide le son, ou celui qui implique le regard et donne à la musique un espace éphémère de vie, unique!Oeuvre qui fera date dans ce "laboratoire" expérimental de scénographie, composition et interprétation. Andréa Baglione à la conception originale de ce projet.
Et un artiste complet à suivre: Clément Debras, à Millepied,  à Petipa !

Pour terminer ce concert éclairé,Benoit Soldaise pour "Vingt sept";
Sous la direction d'Emmanuel Séjourné, place aux percussions: des gamelles et des bidons qui se bidonnent, c'est pas du bidon: alors en marche pour cette opus martial, où l'on frotte, on gratte du polystyrène en poly sons, on tape sur des cymbales Des cloches, des sifflets pour un joyeux tohu-bohu ludique plein d'humeurs et d'humour; six percussionnistes enjoués inventent des sons égrainés, ensablés, des chants de coq ou de grillon, comme dans une volière en folie, une basse cour perturbée par l'apparition d'instruments distrayants le banal quotidien: "panique à la cour"dans les brigades et batterie de cuisine pétrolières: marche militaire solennelle burlesque et décalée, montée en puissance assourdissante, quelques contrastes mystérieux et les ambiances sont campées. Froissement de toile de survie, verre à eau résonant, quelques gestes frappant de musique avortée, stoppée en cour de geste: le chef autoritaire, arbitre de ce match désordonné et indisciplinaire, semble bien s'en remettre.
Concert réussi, chatoyant et attestant de l'originalité, de la liberté donnée aux jeunes créateurs de tout poil pour inventer la musique d'aujourd'hui: du "fait maison" en direct avec les produits du marché, cuisine intuitive, raffinée, déstructurée ou sage-pasage: comme il vous pklaira! Le charme opère, la voie est libre!

"Reich/ Bach" à Musica: my bach is reich !


Concert, chœur et orchestre sous la direction musicale de François Xavier Roth
Réunir deux géants de la musique, distants de 250 ans avec deux chefs d'oeuvre, le "Magnificat en ré majeurBWV 243" de Bach de 1728/ 1731 et le "Tehillim" de Steve Reich de 1981, voici l'objet de la soirée avec l'ensemble "Les Siècles" , les "London Voices" et l'ensemble Aedes.
Come Bach (come back)de Steve Reich au festival Musica!
Le Palais Universitaire s’enorgueillit d'accueillir ce challenge, une fois de plus, programmé avec audace par le festival Musica!
Mais  qui l'emportera, le fascinant Steve Reich ou l'impressionnant Bach...Seule la magie du concert live peut opérer pour faire découvrir au plus frileux, Reich en couleurs, ou Bach, en Magnificat.
"Tehillium", une oeuvre inspirée de la culture juive, "louanges ou psaumes", musique sacrée aux accents folkloriques, voici pour étonner: et de plus texte et voix pour honorer ce genre nouveau chez Reich!Des tonalités quasi klezmer, des litanies très dansantes et nous voilà au chœur d'une oeuvre, volubile, stabile, joyeuse, exaltante, tournoyante. Des voix de femmes, quatre chanteuses sopranos, des claquements et frappements de mains, des sons en strates et couches, superposition, addition de cordes et de voix: un papillonnement, éparpillement de sons alertes, des envolées célestes euphorisantes...Un enivrement , rituel hypnotique et surprenant se dégagent de l'opus, exotique, crécelles, tambourins au poing Des voix de femmes suraiguës, comme des sirènes, pour mieux nous attirer, la contrebasse en contrepoint, et c'est la chute finale, brutale. On termine comme on démarre sur les chapeaux de roues!Les reprises en entrelacs, tissage, trame et chaîne pour tissus et matière sonore, riche, chatoyante enjôlent, fascinent et captivent, capture l'attention, rapte l'auditeur, charmé, enchanté, magnétisé par le charisme de la musique de Steve Reich: médusé, tétanisé par le folle épopée de cette musique savante, enjouée!
Au tour de Bach, à présent à faire ses preuves! Le Magnificat s'impose d'amblée dans l'Aula du Palais, majestueux, tonique, impressionnant: grave et léger, il fait frissonner et conduit le spectateur dans des sphères sacrées incontournables: les voix des solistes se succèdent, interprétées de façon théâtrales et convaincantes, habitées par les chanteurs du choeur.
Prestation prestigieuse, l'oeuvre touche et séduit: c'est "canon" comme Steve Reich et l'envergure de l'opus enrobe et conduit dans l'antre du paradis ou de l'enfer, selon les tonalités et intentions sonores;Puissante, magistrale.

jeudi 6 octobre 2016

"Poesia sin fin": Jodorowsky fait danser Carolyn Carlson!




Et Carolyn Carlson qui danse en rôle de diable!L'acteur est un véritable danseur de flamenco qui s'ignore et le film, un chef d'oeuvre onirique et déjanté à souhait! Poètes, vos papiers!
Dans l’effervescence de la capitale chilienne Santiago, pendant les années 1940 et 50, « Alejandrito » Jodorowsky, âgé d’une vingtaine d’années, décide de devenir poète contre la volonté de sa famille. Il est  introduit dans le cœur de la bohème artistique et intellectuelle de l’époque et y rencontre Enrique Lihn, Stella Diaz, Nicanor Parra et tant d’autres jeunes poètes prometteurs et anonymes qui deviendront les maîtres de la littérature moderne de l’Amérique Latine. Immergé dans cet univers d’expérimentation poétique, il vit à leurs côtés comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement.

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