vendredi 24 mars 2017

mercredi 22 mars 2017

Paccagnella et Bernardeschi de " wooshing machine"pour un " Happy Hour" désopilant !

A propos de
"L’heure heureuse à laquelle nous convient deux danseurs au tournant de la cinquantaine, est finement – quoique pas toujours ! – tissée de gravité et légèreté. On y découvre des histoires de danse, mais aussi et surtout d’amitiés. Entre le geste et le partage, la mémoire et le rire, s’esquisse une vitale poétique de l’existence.
Le public de POLE-SUD les connaît bien. Ils ont été deux fidèles complices des œuvres de Caterina Sagna. Mais pas seulement. Nombreuses sont leurs expériences artistiques tout au long du riche parcours dansé qu’ils ont effectué. Et c’est aussi ce qu’ils s’apprêtent à raconter, voire même à danser sur des musiques allant de Monteverdi à Bob Dylan. Une danse qui selon eux : « fouille dans la mémoire de deux ados des années 70 en Italie, enfants de la télé et d’une politique infâme ». 
Dans cette Happy Hour, les voici seuls en piste, drapés dans l’un de leurs costumes privilégiés, l’humour. Suave dérision mais aussi étonnante distinction. La grâce ne tient pas qu’à la danse, elle surgit aussi de cette forme de dénuement qu’ils ont choisi de mettre en scène. Sur le plateau, une table, deux chaises, quelques rares objets, surtout des perruques. Et basta ! L’heure à passer avec tous est essentielle. Certainement pas un credo mais une condition. Une qualité aussi enjouée que nécessaire quand on a tant de choses à partager. "


Alors après un préambule, prologue en introduction, ces deux compères, de noir vêtu, relax, se racontent, s'interviewent dans la franchise et la décontraction la plus totale. A deux, c'est mieux! Un duo, parlé, ponctué de danse, s'égraine, coté cour, coté jardin." Pauvre théâtre" ou "théâtre de pauvre" marmonne l'un d'eux en diversion.... Petites saynètes qui se succèdent, "concerto" avec port de perruques et torse nu, à table pour y gratter des percussions à l'aveugle, musique de table pour un comique bien déjanté! Place à "La crise", manipulation d'un des compères par l'autre cagoulé, le tout sur une table d'opération. En voix off des réflexions sur le vivre ensemble et la transmission d'après d'Hannah Arendt.Puis une belle histoire en langue italienne, un "pas de bourrée'" dans ce monde de sauvages.Place à la variété italienne, images d'actualité désuète sur vidéo pour fond de scène: les deux complices y opèrent une révolution, puis "une forêt de bras" magnifiques entrelacs en construction, de membres qui s’enchevêtrent.Face à face, autant de tentacules qui se meuvent, s'enlacent sans se lasser.
Du Music Hall aussi, en plumes blanches piquées dans le vif, autruches dignes de "l'arte povera" du genre !
En slip et chaussettes, ils sont désopilants avec leur ceinture autour du torse nu et chapeau fait de collant coupé en queue de fruit!
Ils entament la "marche", martiale, militaire, athlétique, corps glorieux et canoniques en exposition. Ça se déglingue de temps en temps pour mieux retrouver la verticalité rigoureuse et stricte.Les corps massifs et charpentés traversent la salle comme des bêtes déchaînées
Des fresques de danse "trad", un jeu de marelle, du tango s'esquissent, un derviche tourneur sans robe s'improvise: c'est drôle et distancé, brute et sans concession. Deux égarés se disputent la scène, plateau nu du studio de Pole Sud
La proximité avec le public provoque l'empathie et quand ils invitent le public à les relayer pour se boire une bière et se reposer, les candidatures spontanées ne se font pas attendre. Mais comment "se cacher des regards qui convergent vers vous", cible exposée devant le public.
 Dans un élan de solidarité, celui ci répond et soutient, participatif! "Place aux jeunes"! Nos deux barbus, cheveux blancs, amis d'enfance clôturent le débat par un splendide duo, contact dance pour ce "no contry for old men", une ode à la longévité, l’endurance, l'usure, le temps qui passe et pose son empreinte.La musique baroque semble les transporter dans des portés musicaux et physiques très engagés
 Manipulations, pose de piéta ou de gisants, les icônes sont nombreuses et défilent, mise au tombeau: les appuis, le poids, les tirez poussez au menu de cette performance très poétique: le lâché prise leur va si bien, la lutte aussi, l'abandon sans retenue est de mise. Un "happy hour" de rêve pour un temps de respiration ludique, caustique et décalé de toute beauté.
"Happy Hour" à Pôle Sud les 21 22 et 23 MARS

"Les ombres blanches": Nathalie Pernette spectrale! Et ectoplastique!


"Une histoire de fantômes, une chorégraphie en équilibre entre beauté lente et vignettes affolées... et affolantes. 
Avec Les Ombres blanches, la talentueuse et pétillante Nathalie Pernette passe en revue et en mouvement toutes les facettes connues et moins connues des fantômes et autres spectres. 
Un véritable «monde entre deux mondes» ; irréel, lisse et accidenté, grave et drôle aussi, où les lois des corps et des objets sont bousculées. 
La danse aspire à des corps flottants, apparitions brumeuses et silencieuses. La chorégraphie tente des danses de têtes ou de mains privées de corps, modèle des êtres à la présence calme et 
inquiétante, mais versatile. 
Des états de corps extraordinaires ! 
L’ensemble se teinte d’inexplicables déplacements d’objets et de meubles, mais aussi d’expériences sensorielles qui nous glacent joyeusement le sang ou nous caressent les narines. 
Nathalie Pernette nous fait partager l’insaisissable : gisants en mouvement, apparitions poignantes, la légèreté d’un parfum, un «éclat de mémoire», un danger, une presque immobilité... 
Les Ombres blanches, un spectacle, un duo entre suggestion, évocation et impression... à vivre et à partager en famille! "

Et bien plus!
Un nuage flottant au dessus de structures très carrées, délimitant l'espace, deux escogriffes qui apparaissent et disparaissent à l'envi, gris souris en chasubles plissées ou soutanes, calottes seyantes sue le crâne!
Drôles d'oiseaux, de créatures qui virevoltent au son de cris d'oiseaux, de chouettes effraie ou de grillon: c'est la nuit, l'atmosphère s'anime, l'univers nocturnes peuplés d'êtres étranges fait sens.
Ils sautent, franchissent des obstacles sur fond de bruitages de machines infernales, trublions de l'espace-temps, générateurs de l'univers tout "craché" de Nathalie Pernette.
Des mouvements tranchés , saccadés, autant que fluides et souples, des attitudes, pauses arrêtées sur image.... Visions de "fantômes" ou d'ectoplasmes, galerie de petits monstres sympathiques, pour évoquer nos peurs, nos attentes. Des rires fusent, des voix- off racontent des histoires sensibles, d'enfance, de souvenirs justement de "peur" ou d'émotions.
La "maison hantée" parle, peuplée de ces deux êtres étranges, venues d'un statuaire médiéval, habitants de crypte ou de cimetières. Bêtes ou hommes, âmes ou esprit, ils s'agitent et se meuvent savamment, ludiques personnages, sur une marelle, dans un espace délimité par le champ des poutres au sol, des colonnes à la verticale. Des chaises renversées s'animent, un carton devient boite de Pandore et délivre des mains de prestidigitateur, illusionniste, magicien de l'éphémère.
Pas l'ombre d'un doute, c'est spectral à souhait, enjoué, jamais macabre, ni défaitiste: la mort et ses esprit est gaie, animée de bonnes intentions. On y songe, on vit avec en toute complicité et là réside la force de ce travail de longue haleine sur le fantastique, l'irréel, le surnaturel qui hante les pensées et gestes de Pernette, saperlipopette!Un dernier Adieu, et les fantômes disparaissent après ce bal, consommé de vie et de vertiges,de danse de feux follets, d'élucubrations fantaisistes d'êtres qui émettent bruits et sons à l'envi.
Deux petits papillons tout blancs, mouchoirs animés reviennent en leitmotiv, comme deux écureuils qui jouent à se poursuivre: objets, avez-vous une âme?
Alors après le spectacle, rencontre en bord de scène avec la magicienne, en coulisse, qui a prété serment de ne pas dévoiler tous les secrets de fabrication de son opus-corpus.Elle invente ce qui lui ressemble à travers le virus de la danse. Son encyclopédie sur les fantômes ne date pas d'hier, cette galerie de portraits ou de types, fumées vertes qui sourdent de toutes les parties du corps des danseurs: magie inquiétante! "Pet de mort"et phénomènes surnaturels dans les allées de sa déraison créatrice. Les fantômes prennent notre place, comme dans les bibliothèques ou les petits volumes de bois remplacent les livres empruntés....Le Mistigri, chat noir au jeu de cartes veille au grain et ce qui taraude la chorégraphe, c'est bien ce bestiaire incongru , "nuisible" comme la mauvaise herbe, vampires ou chauve souris, hiboux venu d'un monde de l'au delà...L'extra-ordinaire en figure de proue de ce navire qui vogue sur le fil du mystère. Edgard Poe aurait adoré! La musique bruitiste au poing, les cordes symphoniques pour épilogue musical de ce son tricoté, cet univers de deuil recueilli où les spectres rodent et s'amusent au bal de la salle des miroirs.
Du souffle, du toupet dans cette création, incarnée par deux interprètes malicieux, frisant parfois la pantomime, l'humour et la joie d' "exister" dans cette galerie singulière de créatures ectoplasmiques!
Un régal , un univers onirique, fantastique.

Au TJP jusqu'au 22 MARS