mercredi 22 mars 2017

"Les ombres blanches": Nathalie Pernette spectrale! Et ectoplastique!


"Une histoire de fantômes, une chorégraphie en équilibre entre beauté lente et vignettes affolées... et affolantes. 
Avec Les Ombres blanches, la talentueuse et pétillante Nathalie Pernette passe en revue et en mouvement toutes les facettes connues et moins connues des fantômes et autres spectres. 
Un véritable «monde entre deux mondes» ; irréel, lisse et accidenté, grave et drôle aussi, où les lois des corps et des objets sont bousculées. 
La danse aspire à des corps flottants, apparitions brumeuses et silencieuses. La chorégraphie tente des danses de têtes ou de mains privées de corps, modèle des êtres à la présence calme et 
inquiétante, mais versatile. 
Des états de corps extraordinaires ! 
L’ensemble se teinte d’inexplicables déplacements d’objets et de meubles, mais aussi d’expériences sensorielles qui nous glacent joyeusement le sang ou nous caressent les narines. 
Nathalie Pernette nous fait partager l’insaisissable : gisants en mouvement, apparitions poignantes, la légèreté d’un parfum, un «éclat de mémoire», un danger, une presque immobilité... 
Les Ombres blanches, un spectacle, un duo entre suggestion, évocation et impression... à vivre et à partager en famille! "

Et bien plus!
Un nuage flottant au dessus de structures très carrées, délimitant l'espace, deux escogriffes qui apparaissent et disparaissent à l'envi, gris souris en chasubles plissées ou soutanes, calottes seyantes sue le crâne!
Drôles d'oiseaux, de créatures qui virevoltent au son de cris d'oiseaux, de chouettes effraie ou de grillon: c'est la nuit, l'atmosphère s'anime, l'univers nocturnes peuplés d'êtres étranges fait sens.
Ils sautent, franchissent des obstacles sur fond de bruitages de machines infernales, trublions de l'espace-temps, générateurs de l'univers tout "craché" de Nathalie Pernette.
Des mouvements tranchés , saccadés, autant que fluides et souples, des attitudes, pauses arrêtées sur image.... Visions de "fantômes" ou d'ectoplasmes, galerie de petits monstres sympathiques, pour évoquer nos peurs, nos attentes. Des rires fusent, des voix- off racontent des histoires sensibles, d'enfance, de souvenirs justement de "peur" ou d'émotions.
La "maison hantée" parle, peuplée de ces deux êtres étranges, venues d'un statuaire médiéval, habitants de crypte ou de cimetières. Bêtes ou hommes, âmes ou esprit, ils s'agitent et se meuvent savamment, ludiques personnages, sur une marelle, dans un espace délimité par le champ des poutres au sol, des colonnes à la verticale. Des chaises renversées s'animent, un carton devient boite de Pandore et délivre des mains de prestidigitateur, illusionniste, magicien de l'éphémère.
Pas l'ombre d'un doute, c'est spectral à souhait, enjoué, jamais macabre, ni défaitiste: la mort et ses esprit est gaie, animée de bonnes intentions. On y songe, on vit avec en toute complicité et là réside la force de ce travail de longue haleine sur le fantastique, l'irréel, le surnaturel qui hante les pensées et gestes de Pernette, saperlipopette!Un dernier Adieu, et les fantômes disparaissent après ce bal, consommé de vie et de vertiges,de danse de feux follets, d'élucubrations fantaisistes d'êtres qui émettent bruits et sons à l'envi.
Deux petits papillons tout blancs, mouchoirs animés reviennent en leitmotiv, comme deux écureuils qui jouent à se poursuivre: objets, avez-vous une âme?
Alors après le spectacle, rencontre en bord de scène avec la magicienne, en coulisse, qui a prété serment de ne pas dévoiler tous les secrets de fabrication de son opus-corpus.Elle invente ce qui lui ressemble à travers le virus de la danse. Son encyclopédie sur les fantômes ne date pas d'hier, cette galerie de portraits ou de types, fumées vertes qui sourdent de toutes les parties du corps des danseurs: magie inquiétante! "Pet de mort"et phénomènes surnaturels dans les allées de sa déraison créatrice. Les fantômes prennent notre place, comme dans les bibliothèques ou les petits volumes de bois remplacent les livres empruntés....Le Mistigri, chat noir au jeu de cartes veille au grain et ce qui taraude la chorégraphe, c'est bien ce bestiaire incongru , "nuisible" comme la mauvaise herbe, vampires ou chauve souris, hiboux venu d'un monde de l'au delà...L'extra-ordinaire en figure de proue de ce navire qui vogue sur le fil du mystère. Edgard Poe aurait adoré! La musique bruitiste au poing, les cordes symphoniques pour épilogue musical de ce son tricoté, cet univers de deuil recueilli où les spectres rodent et s'amusent au bal de la salle des miroirs.
Du souffle, du toupet dans cette création, incarnée par deux interprètes malicieux, frisant parfois la pantomime, l'humour et la joie d' "exister" dans cette galerie singulière de créatures ectoplasmiques!
Un régal , un univers onirique, fantastique.

Au TJP jusqu'au 22 MARS


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire