dimanche 26 mars 2017

William Kentridge chez Jannink et Stimultania: marche et danse ! Soulèvements !

William Kentridge est à la fois peintre, sculpteur, graveur, metteur en scène, décorateur, cinéaste, acteur, performeur-poète… En cela, il est un « artiste total » voisin d’un Jan Fabre, mais dont les principales préoccupations sont l’apartheid, le post-colonialisme, l’Histoire et l’écoulement du temps.

Stop Here est écrit et dessiné au stylo plume, il paraît aux éditions jannink dans la collection « L’art en écrit ». La figure de l’arbre est au cœur de ce livre. On y retrouve les codes d’expression propres à l’artiste – le palimpseste et la répétition – au travers desquels il nous plonge dans une réflexion métaphorique et crée une analogie entre le livre et l’arbre qui est représenté comme la source nourricière de la création, avant de se transformer en potence. Kentridge s’aventure dans des méandres où il évoque à la fois l’odeur de bakélite, le vermouth, un cimetière au Congo, Sibylle, Cranach, les Winterreise, ou encore son père, avocat défenseur de Nelson Mandela.


Le pôle de photographie Stimultania et l’Université de Strasbourg proposent une immersion totale et puissante dans les réalités migratoires contemporaines.

La double exposition délivre un message universel en croisant les regards et les langages. L’approche artistique de William Kentridge dans « More Sweetly Play the Dance » entre en résonance avec le discours scientifique mis en scène dans les modules interactifs de « Moving Beyond Borders ».

Une mélodie aux notes mineures se déclenche. Le départ est donné à la « danse macabre » de « More Sweetly Play the Dance ». Dans cette pleine immersion visuelle et auditive, l’iconographie propre au vocabulaire de l’artiste sud-africain William Kentridge prend vie. La fiction et la réalité s’entrelacent dans une chorégraphie funeste dans laquelle le théâtre d’ombres, la danse, la performance, le dessin et la musique se superposent subtilement.


Sur un fond sombre, l’œil discerne différents traits au fusain aux contours incertains qui s’animent successivement. Les machines métalliques, imagerie emblématique du tracé de l’artiste, marchent aux côtés de formes humaines. Des silhouettes à contre-jour se succèdent et laissent pour seules identifications possibles des détails vestimentaires ou accessoires. Les musiciens élèvent leurs cuivres, les danseurs s’accomplissent dans leurs gestes, les malades se déplacent accompagnés de leur pied à perfusion et les travailleurs faiblissent sous le poids porté.


La marche lente de ces protagonistes sans identité s’apparente à la situation des réfugiés, eux aussi dans une marche continuelle, saccadée, contrôlée. Une marche lente au destin incertain. Cortège joyeux et lugubre, fanfare mortuaire, lente procession de populations en exil… La danse, c’est le geste de la survie. Prendre part au bal ou choisir d’en finir là. Que se passe-t-il quand la musique s’achève ?

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