Habillés de gris, costumes moulants mais aussi plissés, quatre hommes, puis cinq puis de nouveau quatre, apparitions rythmées par de bref fondus au noir. Au sol, se lovant vente à plat puis se retour comme des plaques géologiques, tectoniques. Sur des sons de salves crépitantes, ils évoluent longilignes sur des tracés droits et précis, traversant la scène comme des images de Marey ou Muybridge, décomposant la "locomotion" à l'envi, 25 images secondes. La chronophotographie au poing. Pissés gris souris des vêtements moulants, la vie dans les plis de la surface corporelle.Long plan séquence fixe plein cadre, plein champ où l'on prend le temps de voir les évolutions extrêmement subtiles de ces corps, mus par des énergies douces, lentes, parfois proche d'un ralenti cinématographique: mais nous ne sommes pas des machines, ni robots même si parfois la "marche" mimétique ou la tétanie des pantins semble vouloir s'en mêler et prendre le pouvoir.Les reflets des corps sur le tapis de danse luisant, multiplient les icônes et troublent la lecture et le phrasé de la danse. Regards lointains, solitude, on ne se rencontre pas, sauf autour d'une table où un savant fou cherche du verbe polyglotte à séduire ses partenaires. C'est drôle et décalé dans la narration abstraite de ce qui a précédé!Quelques effets stroboscopiques, mécanique froide et inhumaine et le tour est joué: science fiction ou rêve éveillé, visions fantomatiques de créatures inédites, à vous de choisir Hypnotique à coup sûr, la pièce est singulière comme ce trou ver évoqué dans les notes d'intention.
Etienne Rochefort détient ici le secret de fabrication d'une oeuvre nourrie de la mouvance des uns et des autres: solo remarquable au sol qui tente de renouer avec le terrestre alors que la verticalité et l'érection des corps régnait en grâce.
A Pôle Sud le 7 MARS dernier
A propos de:
"Un quintet de danseurs entre dans la grande aventure de l’espace et du temps. Dans ce climat de science fiction, Etienne Rochefort poursuit sa recherche sur le corps et le mouvement. Avec ses troublants effets optiques et physiques, WormHole génère une danse aussi mystérieuse que fascinante.
Après un premier duo 2#Damon, qui posait les principes d’un langage chorégraphique singulier, proche des films d’animation et des mangas, Etienne Rochefort, avec la collaboration de Jérôme Douablin, chorégraphie pour cinq interprètes. Centrée sur le corps, la danse et l’écriture, cette création est un voyage en raccourci à travers le temps et l’espace. Comme une feuille que l’on plie et dont les deux bords opposés viennent se toucher. Entre ces deux éléments rapprochés, un trou de ver, WormHole. C’est le jeu. Il s’inspire d’une hypothèse scientifique : le fond d’un trou noir, le trou de ver, est une sorte de connexion avec une autre région de l’univers : un piège à matière, énergie et lumière.
Dans la compagnie 1 des Si, d’autres références au cinéma circulent : Triangle (Christopher Smith), Enemy (Denis Villeneuve) ou encore L’illusionniste (Neil Burger). Elles donnent à WormHole – exploration de l’intime versant masculin – ses accents sombres, parfois inquiétants. Jeux de dédoublement, étranges états de corps, fragmentation du temps troublent la perception et mènent le mouvement au bord du thriller et du film d’horreur. Là, musique et danse fusionnent, créant un monde aussi intrigant qu’irréel."
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