dimanche 7 novembre 2021

"Ce qu'il faut dire": noir ou blanc pour des femmes de couleur: surtout ne plus rien taire!

 

CE QU’IL FAUT DIRE


du Samedi 6 Novembre 2021 au Samedi 20 Novembre 2021 au TNS

 
Avec Gaël Baron, Océane Caïraty, Ysanis Padonou, Mélody Pini et la percussioniste Lucie Delmas

Que signifie se déclarer « blanc » et désigner d’autres personnes comme étant « noires » ? Qui a décidé que « l’Afrique » se nommerait ainsi ? Loin de se satisfaire des formules et pensées toutes faites, l’écrivaine Léonora Miano vient bousculer les mots et les récits forgés par une Europe conquérante, détisser le langage de la colonisation et du capitalisme, pour retrouver le fil de l’humain − son désir de spiritualité et de beauté. Dans la mise en scène de Stanislas Nordey, trois actrices afropéennes interprètent les trois chants poétiques et politiques qui composent Ce qu’il faut dire. Quelle mémoire veut-on garder vivante ?
Peut-on se libérer des assignations et être soi ?
 
Elle s'avance sur le plateau pour s'y figer, devant un micro, face à une caméra en direct qui projette son visage sur grand écran: surdimensionné, en couleurs, il apparait calme, lisse, accueillant...  Assise, longue silhouette noire découpée, elle chuchote, murmure aux creux de nos oreilles des aveux tendres et confidences très proches sur "ce noir de peau" qui faisait dire à Nougaro que nos os, eux n'auraient plus de couleurs une fois la camarde passée par là....Belle et attentive à ses paroles pesées qui sourdent de ses lèvres sensuelles, la comédienne Ysanis Panodou, la femme incarnée est tel un archétype de tout ce qui serait "beau" dans la "différence". Suit une autre femme de rouge habillée Mélody Pini qui casse cette ambiance rassurante et enveloppante: être noire, venir d'"Afrique" ce continent peuplé de gens de "couleurs", n'est pas simple ni aisé. L'assimilation, la "question blanche" qui fait de la peau noire une question de valeur se transforme en ""Le fond des choses" à dire, à ne plus se voiler la face: elle s'adresse au public pleine de verve et de conviction, ferme et décidée à faire de cette cause quelque chose dont on "cause" sans violence mais avec détermination, conviction, foi et engagement.Tambourin, caisse claire au poing, une percussionniste Lucie Delmas l'accompagne, petit soldat apprivoisé qui martèle le sol de face militaire.Des images filmées en noir et blanc de toute beauté, au grain scintillant rappelle que le noir et blanc coexiste pour le meilleur dans cette montée technologique de la pellicule qui imprime le monde, ces visages de "black"....en "noir" et blanc. Black is back (le titre d'une très belle exposition à la Galerie Stimultania sur le noir et blanc en photographie) est de retour et n'a jamais disparu dans les écrits de Léonora Miano, auteure, écrivaine noire dont les textes sont ici enchevêtrés et mis en scène par Stanislas Nordey, battant artisan de toutes les causes virulentes ou aiguës dans notre monde. Dédié à la scène, tous ces propos résonnent justes aussi sur les lèvres de Océane Cairaty et aiguisent notre "curiosité" sur le sujet: comment traiter la question noire sans heurter mais en soulevant mémoire, présent, histoire et actualité pour mieux réfléchir ce monde.Le choix des jeunes comédiennes de couleur noire issues de l'école du TNS n'est donc pas fortuit et elles se révèlent audacieuses ambassadrices de la question à travers attitudes et propos sensés, féroces, judicieux, jamais ne frisant la caricature ou la tentation de convaincre Plutôt enseigner, sensibiliser par le verbe un peu fou, la question non pas du racisme mais de la responsabilité individuelle que chacun porte sur la question. Surtout ne pas broyer du noir mais le rendre "outre-noir" comme Soulages ou noir Vénus d'ébène de Baudelaire...La scénographie de Emmanuel Clolus intrigue: au sol un marquage de piste de jeu de ballon, gymnase ou salle de sport: un sport où les noirs excellent, un sport où l'on applaudit l'autre, différent, du moment où il remporte des médailles nationales, de bon ton "français", blanc de peau?....Ou simple aire de jeu théâtral où les buts sont comptés pour vaincre ou résister, se passer le relais pour gagner du territoire, de la place à la légitimité de l'individu quel qu'il soit...Et les costumes "united colors of...." de Raoul Fernandez révèlent les couleurs fondamentales comme seconde peau, masquant notre pigmentation...Identité, résilience, altérité font de cette pièce hybride et très relevée, une ode au "même pas peur" de s'affirmer, de se laisser reconnaitre et apprécier hors critères externes abusifs. La souche comme emblème de cette fausse légitimité à être supérieur, du cru, depuis des générations qui autorise à l'autorité et à l'incompréhension, au rejet ou à l'exploitation de l'un par l'autre.CQFD marqué en grand en fond de scène....On ressort "touché", impacté par une bonne gifle méritée qui pointe notre "responsabilité individuelle et collective" sur la question noire, ces "pointes noires"que vise aussi Sophie Noel dans son roman sur le "rose et blanc" du monde de la danse...Mysti Copeland ou Joséphine Baker en figure de proue....Sur "l'écran noir de nos nuits blanches", "noir ou blanc de peau", et si tout pouvait se dire et non se taire, s'écrire et se voir: chose faite et assumée !La gentrification cesserait?

samedi 6 novembre 2021

"Solo" de Sophia Domancich et "Prévert Parade" de Papanosh et André Minvieille: le bonheur est dans le pré! "Paroles, paroles...."

 


Cité de la musique et de la danse , STRASBOURG le 5 Novembre
 

Ouverture du festival JAZZDOR qui cette année a bien "lieu", ce lieu, cet endroit où se crée, se produit, se façonne le jazz d'aujourd'hui bien en amont de la diffusion et programmation annuelle de concert!

SOPHIA DOMANCICH SOLO — ""LE GRAND JOUR"

FR  Sophia Domancich est une des musiciennes les plus précieuses 
et secrètes de la scène jazz européenne. Passant du piano au Fender Rhodes avec une science instinctive de la dramaturgie, elle offre 
dans ce nouveau solo le versant à la fois le plus intimiste et expérimental de son univers. Avec cette musique du clair-obscur, toute en reflets fauves, fluide, lyrique et intensément mélodique, 
elle affirme avec une douce autorité sa fondamentale différence 
et son indéniable maturité artistique.

Alors la voici sur le plateau embrassant l'espace de sa silhouette frêle: elle va s'atteler à faire vivre du bout de ses doigts ses univers si personnels qui jouent entre acoustique et électronique, allant d'un "pupitre" à l'autre avec aisance et nonchalance...Va et vient entre deux claviers après de longues phrases thématiques, enrobée de sa chevelure dorée cendrée: thèmes et variations quelle développe à l'envi avec dextérité, fluidité: le piano tantôt serein, tantôt volumineux corps résonnant de percussions tactiles sur touches endiablées...Des mélodies naissantes se dessinent, se distinguent parfois aux accents furieux, toniques , nerveux, fébriles ou frappés virulents sur le clavier.Des répétitions rythmiques pour enivrer les sens qui peu à peu se glissent aisément dans un bain musical salvateur. Une interprète "discrète" et humble au service d'une inventivité et d'une générosité partagée.

 


+ PAPANOSH & ANDRÉ MINVIELLE — "PRÉVERT PARADE"

FR  C’est au chanteur, scatteur, slameur et rappeur occitan, 
André Minvielle, que le groupe rouennais Papanosh a confié la tâche enthousiasmante de “faire entendre” l’accent inimitable de Prévert ! Mettant en scène les multiples niveaux de lecture de sa poésie à travers une musique organique, théâtrale, lyrique, pleine de surprises et de sautes d’humeur, ce projet mêlant audaces formalistes, tendresse et légèreté iconoclaste, fait de Prévert notre contemporain.

Les voici en "bande" des six pour un concert aux accents du poète Prévert que l'on va redécouvrir sous des aspects inédits: des textes mis en "musique" par les compositeurs du cru issus du groupe et c'est un vrai bonheur que de partager cet "esprit" Prévert en leur chaleureuse et joyeuse compagnie. Air de fête, air de nostalgie ou de douleur comme c'est le cas pour le morceaux d'ouverture "Citroen" au quai de Javel dur à avaler!Hommage à Paris-chérie du poète, la ville lumière ou la ville de l'exil avec des instruments d'arte povera très émouvants Vagabond ou clochard des temps passés, Minvielle excelle dans l'évocation des époques reculées en les rendant très actuelles. Sensible et touchant interprète à la voix frisant Nougaro ou Aznavour pour ne pas les citer en référence de leur côté "jazz". Les petits plats dans les grands pour évoquer la société qui se fout du pauvre, la forêt qu'on déboise aussi faute de respect et de considération de l'Arbre..."Amiral", "Quartier libre"comme compositions "fait maison" du plus bel effet sonore et sémantique. Les "paroles", le "fatras" et autres "inventaires" pour ne pas taire la réalité par le biais de la poésie. Prévert rencontre Papanosh et André Minvielle" et le bonheur est dans le pré vert....En chorale aussi, en inter-action avec le public qui joue le jeu et s'adonne à fredonner les numéros des rois de France: c'est festif, drôle, plein d'humour, les instruments se transformant en fanfare, en cirque de fortune bien relevé, au gout de partage et de lucidité. Souffle, frottements de mains, le tableau est riche en images ludiques sur le plateau qui s'anime par ces timbres vocaux ou instrumentaux qui se rient des conventions.Étranges étrangers, rues de Paris, Pantruche ou Paname en fête ou en désarroi, ainsi se brosse des portraits, des ambiances uniques et volubiles. Ca sent le parfum de la créativité, de la ré-création, du simple bonheur de se retrouver sur les planches et sur le pavé! Et les musiciens de rivaliser avec les mots, le virelangue et calembours de Jacques: citons au piano, Sébastien Palis plein de musicalité, Quentin Ghomari trompette et trombone au poing,Thibaud Cellier à la contrebasse, Raphael Quenehen au saxophone et Jérémie Piazza à la batterie!Que de belles "paroles" pour un "inventaire"plein de bonnes attentions!

 

 

vendredi 5 novembre 2021

"Traversée de l'Atlantique": convergences, concor-danses et autre connivences !L'OPS fait son embarquement immédiat pour des contrées lointaines....

 


Le son lumineux d’Arabella Steinbacher – qui joue le Stradivarius Booth de 1716 – convient particulièrement bien au Concerto de Brahms. Cette page d’un romantisme luxuriant a été imaginée sur les rives du Wörthersee où « les mélodies naissent en tel nombre qu’il faut prendre garde en se promenant de ne point les écraser », selon son auteur. Elle dialogue avec la Symphonie n°9 « du Nouveau Monde » de Dvořák composée aux États-Unis. Si des influences américaines y sont effectivement perceptibles (le poème The Song of Hiawatha de Longfellow irrigue, par exemple, le deuxième mouvement), l’œuvre est également zébrée d’une nostalgie venue de Mitteleuropa. Certains la considérèrent ainsi comme une « symphonie du monde entier ».

 

CONFERENCE D'AVANT-CONCERT

JEUDI 4 NOVEMBRE 19H - SALLE MARIE JAËLL, ENTREE ERASME 
LE CONCERTO POUR VIOLON EN RÉ MAJEUR DE BRAHMS
DANIEL PAYOT


Embarquement immédiat sur le paquebot avec Daniel Payot, philosophe et pédagogue de charme pour naviguer "contre le violon", tout contre en cabotage "non tropo"mais vivace et allegro comme les trois mouvements de cette "pièce unique" à l'image de celle de Beethoven: un concerto pour violon et orchestre!


La question posée sera quelle intention, quelle direction prendra ce chef d’œuvre entre classicisme et romantique, vers quelle "confusion" s'orientera le choix et du chef et de la violoniste soliste.Car il y a une certaine "liberté" qui plane sur l'interprétation: qui l'emportera du socle , de l'ordre, de la stabilité, de l'équilibre entre tectonique architecturale et "esprit de variation" de l'écriture dynamique chez Brahms. Après avoir situé l’œuvre dans le contexte historique et biographique du compositeur, Daniel Payot nous convie à l'écoute fragmentée des trois mouvements, histoire de sensibiliser à la place du violon face à l'orchestre.La tension demeure, l'ampleur de ce "ré" mineur omniprésent dans cette "copie bondissante" du maitre Beethoven.Dans l'allegro, l'idée d'une symphonie pointe à l'aube du morceau, introduction orchestrale pour la présentation des thèmes.L'entrée du violon, tsigane en diable, discrète, tisse les premiers liens entre l'instrument et l'ensemble des pupitres.Accords des "voix", domination ou liberté du violon...Et cette "cadence", figure de style et de rhétorique pour ce solo avec moultes variations, au cœur de l’œuvre.L'adagio comme une longue phrase, une articulation possible entre le violon soliste et la masse de l'orchestre.Pour instaurer un climat nostalgique, serein, en avancée sonore et dramatique, en dialogue avec les bois, pour que le violon roi se détache sans se séparer des cordes et autres instruments.Quant au troisième mouvement, très différent, le violon s'y impose dans le ton, le rythme, les thèmes en reprise pour le bonheur enjoué très touche hongroise de l'orchestre. Empressement, galop, rythme dansant.Entre élan et liberté et architecture plus stricte, on y souligne les intensités, le moteur demeurant l'esprit de variations du thème, comme une base, un socle qui "bouge", voyage.Contrastes et liaisons en poupe, soutenus, syntaxe des phrasés musicaux comme une plaidoirie éloquente et rigoureuse à la rhétorique implacable d'une écriture criblée de nuances, de ponctuations, de modulations surprenantes!Comme une conversation vivante qui ne tait pas les singularités des autres instruments: une œuvre "hérisson rouge" stimulante et bigarrée, libératoire et couronnée de toute beauté. On quitte le conférencier, l'eau à la bouche avec des clefs d'écoute et de lecture qui vont fonctionner à merveille sans pour autant déflorer l'oeuvre de sa parure unique et merveilleuse... 

Weber Ouverture d’Obéron

Le concert  débute par cette pièce, lente et douce introduction à cette embarquée musicale où vents et cordes se lient dans une vivacité, une allégresse, un galop pur, plein de contrastes, quasi valse qui en sourd, élégante, princière. Précipitation des tempi, emphase, intensité et volume pour un emportement dans des flux ascendants, ou de légères modulations. La pièce est courte, tonique et introduit la soirée avec brio et bonheur. Les retrouvailles avec le chef Marko Letonja y étant pour beaucoup!

 
Brahms
Concerto pour violon en ré majeur

Cette œuvre est remarquable par les articulations qu’elle propose entre construction de longues phrases continues et multiplicité de détails, contrastes ou divergences que ces phrases contiennent. Refusant à la fois la fusion dans un tout indifférencié et la désagrégation, elle maintient une constante tension, que le dialogue du violon solo et de l’orchestre relance sans cesse et finit par résoudre dans une dynamique festive. Alors vint cet instant si désiré, l'écoute "savante et éclairé" de ce concerto!L'entrée est magistrale, envolées du violon sur le soutien inébranlable de l'orchestre, imperturbable compagnon de toute la pièce.Symbiose très délicate et raffinée, l'ensemble des cordes soutenu et magnifié par la soliste Arabella Steinbacher qui jamais n'écrase ni prend le dessus dans toutes les brèches ouvertes, les interstices tissés par la composition stricte du morceau.Le solo incisif, virtuose dans des modulations infimes et distribuées avec parcimonie et précision incroyables...Telle une voix céleste diffuse, très raffinée, imperceptible filet de sons soutenus se fondant à nouveau dans l'orchestre, retenant de ses mailles, les sons divins de l'instrument!En lévitation puis de nouveau ancré au final de ce premier mouvement.Après une "promenade dans les bois" en osmose avec violon et orchestre, les deuxième et troisième mouvements s'alignent dans cette harmonie tectonique autant que fluide, l'orchestre toujours comme écrin pour le violon qui se déchaine dans le flux sonore, dans les reprises rehaussées, puissantes dans une osmose conjuguée, construite, préméditée. Le chef "plongeant" littéralement dans cet univers, ce climat si singulier: oui, "on aime Brahms"galvanisé par son écriture galopante, entre délicatesse recherchée et architectonique invasive si bien rendue par cet orchestre tenu de main de maitre par un chef inspiré et respectueux, inventif et intuitif.


Dvořák
Symphonie n°9 en mi mineur « du Nouveau Monde »

On ne se refusera pas l'écoute d'un chef d’œuvre dont le premier mouvement impose ce flux submergeant, envahissant à la puissance "territoriale" d'espaces , tornade magistrale, maelstrom, tsunami virtuose de musique fort connue. Solennel et quasi funèbre second mouvement, lent déploiement des thèmes, paysages, étendues changeants, très calme pour rendre et restituer à l’œuvre l'émerveillement qu'elle mérite Les gestes musicaux où chacun trouve sa place sans nuire ni porter ombrage à l'autre instrument. Œuvre "archi connue" dont on suit ou précède les accents, initiant une écoute qui anticipe et reforme les contours de notre mémoire sensitive, sensuelle et sonore.On demeure aux aguets, à l'affut d'une surprise.Le troisième mouvement plein de suspens, d'attente en atteste, comme des éclaircies dans le ciel, une clairière qui s'ouvre au détour du chemin.La majesté des chevauchées "fantastiques" en faisant une ode, une narration débordante de satisfaction face au nouveau monde dévorant, évoqué.Envahissement, invasion péremptoire des thèmes redondants et récurants en masses sonores tectoniques des plaques, ou touches infimes de sonorités des vents qui se glissent dans cet amas de scories volcaniques éruptives! Le quatrième mouvement, volcan au cratère bien en activité, galvanisant l'orchestre en galop, course folle à la conquête de l'Ouest dans une éloquence sonore imposante.Du solide, du stable imposant, implanté, ancré sur un socle magnifiant les forces autoritaires d'un nouveau continent qui s'ouvre, se découvre et se protège dans sa rhétorique sonore implacable!Tell un paquebot qui arrime au port et soulève les adhésions et l'empathie des acteurs de la fondation des USA.Gros calibre américain, création du monde ou naissance d'une nation, paysages très filmiques et cinématographiques au montage et découpage savant et emblématique d'une architecture sans faille.Cors, trombones et vents à tout vent, chasse à courre irrévocable en blocs sonores incontournables , grisants, émulation politique et musicale de poids et de mesures! Euphorisante interprétation, ravageuse lecture de cette œuvre phrase de la construction d'un nouveau monde inébranlable...La reprise du thème en envolée finale, histoire de rassurer en épilogue "happy end" très attendue.

Marko LETONJA direction, Arabella STEINBACHER violon

Lieu
Palais de la Musique et des Congrès le 4 Novembre