Prenez
trois metteurs en scène singuliers qui n’ont encore jamais travaillé
ensemble. Considérez leur passion pour le Music-hall. Remixez un tube
de Mickael Jackson en bossa nova et une chanson de Mylène Farmer en
slow italien des années 50. Imaginez maintenant une aire d’autoroute
sombre et abandonnée, propice aux rencontres furtives d’un musicien de
passage, d’un camionneur-cascadeur et d’une chorale d’enfants. Et voilà
certainement l’un des spectacles les plus atypiques de la saison.
Trois "nunuches" en socquettes, robes de gamines défroquées qui font du pole dance sur un manège d'enfants dans un square...C'est tout vu de l'humour féroce dont vont user nos trois héros de pacotille sur fond de décor de bosquets ou parterre de jardin public Ce rideau de verdure sera l'ère de jeu de ces personnages qui se métamorphosent à vue, discutent, se perche sur un portique audacieux pour mieux incarner trois clones burlesques de Marguerite Duras qui refont le monde et cause comme l'auteure!Une chenille costumée fait irruption en rampant, bestiole qui parle du haut de la haie buissonnante comme un humain, image poétique et politique du monde en chrysalide: les reflets du sol réfléchissants ombres et déplacements avec audaces plastiques!Trois cabarettistes en robes scintillantes, travestis de chez Michou qui font du manège tournant en chantant des mélodies en allemand, trois vers de terre en collants moulants très seyants pour une permaculture engagée et toute nue, toute crue: encore quelques tableaux ou saynètes désopilants au programme de ce show très chaud, music-hall grotesque et décapant en diable!Le Monte Verita convoqué pour mieux danser libre et sauvage, libéré et galvanisé par tant de diversité et de carambolages!Un papillon-Franck Saurel- qui se fait très diablotin à la Mélies pour mieux butiner de la métamorphose, et voilà l'esprit des lieux que nous propose ce triolet fort sympathique et distancé, détaché et plein de réserve polie et maniérée. Ils-elles sont formi-formi-formidables tout le long de cette vie de polis petits chiens qui est loin d'être un long fleuve tranquille!
Jonathan Capdevielle, Marco Berrettini et Jérôme Marin réunissent
pour la première fois leurs univers distincts dans lesquels la danse et
le chant sont souvent convoqués pour interroger, à leur manière, la
fragilité humaine. Ici, des personnages de cabaret en fin de vie ou de
carrière, abîmés, mal-aimés vont enfin vivre une seconde chance :
une Whitney Houston au bord de l’implosion côtoie une Marguerite Duras
qui prône la destruction de Tout (Détruire dit-elle). Une Marlene
Dietrich sur une aire de jeux d’enfants croise un cascadeur
professionnel qui brûle en fond de scène. Ca brille, ça chute, ça se
récupère, bref, ça promet d’envoyer des paillettes.
Dans le cadre du festival d'Automne au Théâtre de Gennevilliers jusqu'au 15 Décembre
La Fée Lumière · Julien Masmondet, direction ; Ensemble Les Apaches !
Orsay en scène-
Le 16 décembre 2021
Julien Masmondet et l'ensemble
Les Apaches ! nous plongent dans la première époque, naïve, poétique et
onirique de la musique à l’écran, avant le cinéma sonore, avant même
les premières partitions écrites pour les longs métrages muets.
Autour de la figure mythique
de Loïe Fuller, qui contribua à inventer le nouveau langage de la danse
dans son rapport à l’image et à la lumière, Julien Masmondet et ses
Apaches, qui nous avaient offert un #OrsayLive
à l'occasion de l'exposition « Les origines du monde », oseront le
dialogue avec de vénérables bobines. Les jeunes musiciens convoqueront
l’un des premiers grands cinéphiles, Claude Debussy, auquel répondra un
jeune compositeur de 35 ans, Fabien Touchard.
Suit
un concert de l'Ensemble Les Apaches, florilège de musique de Debussy
et Fabien Touchard dont une création mondiale: "Loie pour ensemble
instrumental" de 2021. Un hommage subtil aux virevoltes et compositions
chorégraphiques de la danseuse, fort judicieusement inspirées des
torsades et surprises visuelles des sculptures mouvantes. Debussy
siégeant ici en maitre de la fluidité, du monde aérien des
toiles-tenture-tissu, vêtement de performance de la fée Lumière! Concert
d'un seul tenant, sans interruption d'un morceau à l'autre, obéissant à
la continuité des effets de manche de la Loie Fuller, flux continu
d'effets visuels sidérants. Des improvisations au piano très pertinentes
de Fabien Touchard en osmose avec des projections des films d'archive
de l'autrice, colorisés de sa main, ou d'autre films de ses imitatrices,
ou caricatures, celles qui cherchaient à "imiter sans jamais égaler"!
Mélies, Les Frères Lumières, Alice Guy ou Segondo de Chomon se glissant
dans ce programme et montage d'images très judicieux rythmiquement,
toujours fidèle au mouvement incessant et lumineux de notre fée
électricité!
direction julien masmondet
Danse
live et concert-images structurant une soirée inoubliable où "les fées
sont d'exquises danseuses", feux d'artifice ou feux follets pour toucher
au mythe Loie Fuller sans en faire un mausolée, ni un hommage muséal!
La performeuse industrieuse en aurait été honorée et touchée de plein
fouet, de notre temps toujours, femme, pionnière et lumineuse.
Au Musée d'Orsay le jeudi 16 Décembre dans le cadre de l'exposition "Enfin le cinéma!"
Au programme
Fabien Touchard Danses serpentines (2021)
Improvisations au piano sur la projection de films des Frères
Lumière, Alice Guy, George Méliès... Plusieurs virgules au cours du
concert entre chaque œuvre musicale
Claude Debussy
QuatrePréludesextraits du 1er Livre (1909-1910) pour ensemble instrumental ; création d’une nouvelle orchestration commandée à Bruno Gousset
Danseuses de Delphes
La Fille aux cheveux de lin
Danse de Puck
Voiles
Danses sacrée et profane (1906), pour harpe chromatique avec accompagnement de cordes
Fabien Touchard
Loïe (2021) pour ensemble instrumental (9’30), Création mondiale
Claude Debussy
Trois Préludes, extraits du 2nd Livre (1910-1912) pour ensemble instrumental ; création d’une nouvelle orchestration commandée à Bruno Gousset
Les fées sont d’exquises danseuses
La Terrasse des audiences au clair de lune
General Lavine - Excentric
Florent Schmitt
Danses extraites de La Tragédie de Salomé (1907) pour ensemble instrumental
Danse des perles
Les enchantements sur la mer
Danse de l’Acier
Danse des éclairs
Claude Debussy
Feux d’artifice, prélude extrait du 2nd Livre (1912) pour ensemble instrumental ; création d’une nouvelle orchestration commandée à Bruno Gousset
Fabien Touchard
Epilogue :Feux follets (2021) pour ensemble instrumental ; création mondiale
Nuages, calices, papillons,
flammes... Les métaphores et comparaisons pour traduire les formes
déployées sur scène par la danseuse américaine Loïe Fuller (1862-1928)
ne manquent pas. Vêtue de robes amples articulées par des baguettes,
elle a eu l'idée de créer une danse serpentine où ses jeux de voiles,
illuminés par des projecteurs électriques aux couleurs changeantes,
dessinaient sur scène des arabesques spectaculaires. Loïe Fuller inspire
encore : la chorégraphe et plasticienne Ola Maciejewska d'une part, et
Julien Masmondet avec ses Apaches d'autre part, lui consacrent cette
soirée du 16 décembre organisée à l'occasion de l'exposition « Enfin le
cinéma ! »
Elle apparait en marchant, ferme allure décidée et franche, pose un tissu jaune au pied d'une toile gigantesque et académique puis repart vers la "Danse" de Carpeau, déposer une autre pièce à conviction: un long tissu noir: belle symbolique entre les deux oeuvres: une sculpture classique monumentale qui fit parler d'elle en son temps d'érection au pied du Palais Garnier, et la figure désormais légendaire de Loie Fuller, mythique libératrice des us et coutumes ancestraux liés à la danse: on sait combien elle inspira de sculpteurs, de Rodin, Roche, Rivière à,Carabin, d'affichiste comme Cheret ou Lautrec Mais avant tout performeuse et pionnière du genre danse plasticienne!
photo sophie crepy
Ola Maciejewska s'attelle à brosser un portrait vivant, scénique de cette égérie, en endossant cette enveloppe structurée de deux baguettes mobiles pour prolonger les bras et ainsi obtenir des effets singuliers de volutes, spirales et autres mouvements qui prendront noms de "danse serpentine". Danse du lys ou du papillon dont elle détesta les ressemblances figuratives à l'époque! Voici donc une jeune femme en jean et baskets colorées, cheveux défaits qui étale religieusement son immense tissus noir aux pieds des sculptures avoisinantes: longue installation précautionneuse et rituelle, agençant les plis soigneusement pour s'en faire un habitacle circonscrit et fort esthétique.Elle s'empare de cette enveloppe, seconde peau aérienne, détachée de son corps pour commencer ses évolutions lentes et progressives: de battements de bras, à oscillations précises, d'envol à repos de cette toile de lumière noire qui s'ébat devant nous. Mouvements donnant lieu à des formes surréalistes très composées, structurées qui sembleraient naitre du jeu du hasard mais point du tout: tout est organisé en savantes prises sur le tissu pour le dompter, l'apprivoiser, le dominer: quel talent et quelle précision dans toutes ses décisions mouvantes, opérant pour créer des images inédites et fortes, de corbeaux, de sculpture à la Germaine Richier ou à la Zadkine....C'est très esthétique et dramatique à la fois, conduisant le regard vers ses déplacements fréquents au sein de la nef du musée. Le public la suit, la dévore des yeux dans cette proximité opératoire !Ballet optique où le corps disparait dans les torsades et les replis de sa toile vivante tel que l'imaginait Severini ou Balla de l'école du futurisme italien.
photo sophie crepy
Ivresse des tensions-détentes, des torsades et autres magnifique déploiement de son tissu noir. Architecture mouvante, petit théâtre corporel qui se déplace, nomade et vagabond, enjôleur ou terrifiant, diabolique ou enrobant... Le corps de la danseuse au visage impassible, neutre et fascinant de détachement émotionnel, réapparait pour endosser une seconde peau, jaune vif qu'elle fait vibrer, bouger, osciller à l'envi. Entre habitacle, costume à danser, architectonique du hasard maitrisé.Sa silhouette s’efface, disparait ou s’érige en sculpture triomphante, sans socle, de plain-pied, comme un Rodin mouvant, figure charnelle malgré les plis et ondulations du tissu sans couture ni raccord qui la lie à son corps.Prolongations de ses bras, les baguettes virevoltent dans une furieuse énergie revendiquée et assumée. Un tableau vivant mouvant, tel les films sur Loie Fuller que nous verrons plus tard dans le spectacle musical associé à cette performance inédite et si bien à sa place au Musée d'Orsay: une kiné-danse inédite de haute voltige!
Suit un concert de l'Ensemble Les Apaches, florilège de musique de Debussy et Fabien Touchard dont une création mondiale: "Loie pour ensemble instrumental" de 2021. Un hommage subtil aux virevoltes et compositions chorégraphiques de la danseuse, fort judicieusement inspirées des torsades et surprises visuelles des sculptures mouvantes. Debussy siégeant ici en maitre de la fluidité, du monde aérien des toiles-tenture-tissu, vêtement de performance de la fée Lumière! Concert d'un seul tenant, sans interruption d'un morceau à l'autre, obéissant à la continuité des effets de manche de la Loie Fuller, flux continu d'effets visuels sidérants. Des improvisations au piano très pertinentes de Fabien Touchard en osmose avec des projections des films d'archive de l'autrice, colorisés de sa main, ou d'autre films de ses imitatrices, ou caricatures, celles qui cherchaient à "imiter sans jamais égaler"! Mélies, Les Frères Lumières, Alice Guy ou Segondo de Chomon se glissant dans ce programme et montage d'images très judicieux rythmiquement, toujours fidèle au mouvement incessant et lumineux de notre fée électricité!
direction julien masmondet
Danse live et concert-images structurant une soirée inoubliable où "les fées sont d'exquises danseuses", feux d'artifice ou feux follets pour toucher au mythe Loie Fuller sans en faire un mausolée, ni un hommage muséal! La performeuse industrieuse en aurait été honorée et touchée de plein fouet, de notre temps toujours, femme, pionnière et lumineuse.
Au Musée d'Orsay le jeudi 16 Décembre dans le cadre de l'exposition "Enfin le cinéma!"