mercredi 19 janvier 2022

"Bouger les lignes": cartes sur table sans GPS : pour mieux s'affranchir des frontières!

 


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BOUGER LES LIGNES - HISTOIRE DE CARTES
L’OISEAU MOUCHE & TROIS-6IX-TRENTE


Bouger les lignes – histoires de cartes fait sauter les balises de Google Maps pour retrouver le plaisir de l’étonnement et de la divagation grâce à la machinerie du théâtre. Véritable personnage, l’espace gorgé de couleurs, de plans, voiles et peintures imaginés par le plasticien Paul Cox, sert de terrain d’invention à quatre acteur·rice·s de la compagnie de l’Oiseau- Mouche. Ces comédien·ne·s rebattent les cartes, détricotent les échelles, repoussent les limites des légendes pour plonger dans l’envers du décor. Au milieu de cartes fictives et indéchiffrables, ils·elles proposent de redevenir ignorant·e·s, de lâcher la bride du savoir et d’ouvrir les vannes de l’expérience. S’ouvre alors une aire où errer et rêver, à nouveau, notre monde.

Leur "atout": jouer comme des "as", traquer le joker et miser sur le meilleur dans une course de handicap où l'on franchit les obstacles, les lignes. Ils sont quatre comme un trèfle à quatre feuilles qui cherchent une épicerie et surtout comment s'y rendre! Avec moultes indications verbales peu fiables, l'un d'entre eux y parvient et rentre au bercail avec - ô surprise" l'invention d'une cartographie, un plan expérimenté de la marche à suivre pour atteindre son but.Désormais et en très grand-trop grand format de Paul Cox-style une toile de Alechinsky, on peut s'initier aux mesures, aux directions..


Points, lignes,plan,comme pour Kandinsky, fondent leur réflexion sur le monde perceptible. Les perspectives se découvrent en auscultant la place des spectateurs, vus de la scène: sont-ils plus petits, que regardent-ils et pourquoi cette limite entre eux...Des différences sans doute des "presque" comme les autres dirait Alexandre Jollien.. On quantifie, on mesure, on calibre comme des architectes, on trace une cartographie, carte du tendre, carte de la promenade, de l'errance poétique.L'un se glisse dans le compas ou la toise pour mieux apprécier l'espace: boussoles aussi au menu pour se repérer! Le décor est sobre: estrades, escalier et une échelle prémonitoire...Ici, on parle des "apparences", de la perception. Surgit une carte routière d'une seconde virée à l'épicerie: on la dépliant, on voyage sur les routes balisées.On s'y repère pour se situer mais le déplacement est encore une autre affaire. Nos quatre héros se questionnent, agissent et concluent par expérience; une carte politique vient troubler leur connaissance. Au départ, c'est bien l'armée qui les concevait pour délimiter le territoire, la frontière. Alors, on s'en sert quand même et on évoque les limites, les murs, les frontières qui séparent les frères ennemis.Et si la carte des vents vient adoucir ces propos avec ses flèches aériennes et donner une touche poétique zéphyrienne ce sera l'espace qui sera conquis par Caroline en tenue d'astronaute désopilante. L'espace qui sourit aux nuages, qui enchante car il est vaste et à tous! Tel le "mouvement" qui habite toute la pièce avec justesse et mesure.Les salves de guerre ne gagneront pas et la paix est envisageable pour cette communauté hors du commun. Interprétée par des artistes aguerris à la scène, au jeu, au dialogue pertinent, aux réflexions et jeux de mots fort judicieux. Jeu de cartes, petite lignes de courbes tracées pour se repérer, petite géopolitique sanglante en ces temps où les singularités n'ont pas la priorité.

 Au TJP jusqu'au 21 JANVIER
 
 

BÉRANGÈRE VANTUSSO

Depuis 1978, la Compagnie de l’Oiseau-Mouche réunit une vingtaine d’interprètes professionnel·le·s permanent·e·s, en situation de handicap mental. Sensible aux valeurs d’ouverture et de diversité, elle se réinvente à chaque projet en confiant ses créations à différent·e·s artistes. Bouger les lignes - histoire de cartes est la 53ème création de l’Oiseau-Mouche. En 1999, Bérangère Vantusso co-fonde la compagnie trois-6ix-trente dont elle met en scène tous les spectacles. Elle y affirme une identité où se rencontrent théâtre et marionnette contemporain eà travers l’hyperréalisme. Depuis 2017, elle dirige le Studio- Théâtre de Vitry. Elle a notamment présenté au TJP L’Institut Benjamenta, Longueur d’ondes (avec Paul Cox), Le rêve d’Anna et Alors Carcasse.

 

mardi 18 janvier 2022

"Coeur instamment dénudé": Psyché, déclic de l'amour ! Lazare, Pygmalion de la jeune génération !

 


L’auteur et metteur en scène Lazare réinvente le mythe de Psyché − jeune mortelle dont Cupidon, fils de la déesse Vénus, s’éprend et rend amoureuse de lui en utilisant ses pouvoirs − pour explorer ce qu’est le désir. En quoi est-il profond, factice ou dicté ? Désir amoureux, désir d’appartenance, de reconnaissance, de possession, de croyance, d’émancipation… Entre le vieux monde des dieux, des mystères, et l’abstraction et les lois du nouveau monde, Psyché va devoir trouver sa propre voie, son chemin d’être humain. Une multitude de personnages habite cette fable contemporaine composée de rencontres, de conflits, de poèmes, de solidarités, de chansons, d’élans de vie au milieu du chaos.

Et si "la valeur n'attend pas le nombre des années", voilà bien ce qu'on se raconte en sortant de la version raccourcie du dernier spectacle signé Lazare...Un cocktail de dynamisme et de jeunes talents qui savent faire de la mythologie un désir profond d'actualité, de présence, de véracité ....au théâtre! Un premier clin d'oeil à Molière et nous voilà embarqués au pays des dieux et demi-dieux, sur la planète de la jalousie, du pouvoir, de la séduction. Vénus, Psyché, Cupidon, convoqués ici sur des gradins mobiles et une scénographie d'acrobates en herbes! Ce qui convient fort bien à cette génération de comédiens, aguerris à savoir tout faire: danser, chanter, virevolter en acrobates et honorer leur jeunesse dans une belle maturité scénique.Ils sont formidables, pétris de sentiments contrastés, drôles ou pathétiques...Il faut voir Cupidon boosté par la timidité ou l'ignorance juvénile, Paul Fougère tout de blanc vêtu, Ella Benoit en Psyché, star et vedette, pilier de la pièce qui n'a de cesse de chanter toute la palette de son rôle très diversifié...Et Vénus, désopilante beauté menacée de concurrence déloyale, de jalousie ou cupidité maladive:Laurie Bellanca, divine femme pailletée et tous les autres endossant de multi rôles qu'ils habitent et vivent au gré des changements multiples et parfois dérangent dans la compréhension des intrigues....Mais qu'à cela ne tienne, ce "grand bazar" enchante et séduit, ravit les adeptes d'un nouveau "music all" où tous interchangent et multiplient leur statu, plantent des personnages loufoques, attendrissants et rocambolesques...Deux heures de joie, de virulence, de punch où la musique est omniprésente et réunit des talents pluridisciplinaires, chers à Lazare: un comédien y sait tout faire et tout donner de lui: une bonne école buissonnière où le chemin de l'âne n'est pas tout tracé, où les surprises et rebondissements kafkaïens ou beckettiens ne cessent de fausser les pistes d'une trame linéaire Un orchestre soutient le tout, enjoué, sincère et efficace pour donner le la à cette communauté bigarrée et sympathique malgré la cruauté des personnages légendaires évoqués. "Chœur" dénudé de tout falbala, dénué de légèreté pourtant au cœur d'une création jeune, vive et pleine d'allant! Les costumes inspirés des caractères de chacun et des époques évoquées, sont d'une belle fantaisie rutilante: on y arbore la fraise où la courte crinoline, les paillettes ou les dos nus avec grâce et volupté! "Instamment": Instamment est significatif de rapidité dans l'action. Il est nécessaire de se dépêcher et de réaliser de suite ce qui a été demandé ...Dénudé, "oraculaire" vision d'un monde virtuel auquel on se confronte-d'autant plus en période de confinement- où Lazare écrit cette épopée, odyssée des dieux parmi nous, trempés dans un quotidien qui les déstabilisent de leur piédestal: en ronde-bosse: on fait le tour de ces sculptures déchues de leur socle. Simulacre de l'art contemporain où tout ce qui aurait du être surélevé, se retrouve au sol...Alors la suite bientôt pour de nouvelles aventures décoiffantes....

Lazare est auteur, metteur en scène, improvisateur. Avec sa compagnie Vita Nova, il crée ses textes (Solitaires Intempestifs) : une trilogie composée de Passé – je ne sais où, qui revient (2009), Au pied du mur sans porte (2011) et Rabah Robert – Touche ailleurs que là où tu es né (2012). Il crée, en 2014, Petits Contes d’amour et d’obscurité. Le public du TNS a pu voir Sombre Rivière en 2017 et Je m’appelle Ismaël en 2019, ainsi que l’atelier public mené avec les élèves du Groupe 44 sur Passé – je ne sais où, qui revient, en 2018. Il est artiste associé au TNS et a notamment initié le programme Troupe Avenir.

 

Au TNS jusqu'au 22 JANVIER

vendredi 14 janvier 2022

Cham' à l'eau! Un singulier plongeon dans les eaux troubles du lavoir de Chamalières !

 



Départ: samedi 13 Aout à 15H 

Le lavoir au dessus du petit pont près du ruisseau : car il faut au bateau l'avoir!

Vellave ton linge en fa-mi ! Il y a le feu au lavoir!

Histoire d'O : on a jamais bu de l'eau à Chamalières : pour preuve les vignes et négociants en vin de l'époque! Et on n'a jamais vu boire quiconque de l'eau de la Loire!Mais au lavoir, il y avait de l'eau à moudre et le papotage y allait bon train! Eau de vie, eau de vid'ange pour laver son propre linge sale en famille. Et pour prendre son bain de jouvence.Performance sur le sujet, dansée, chantée (airs de la griserie, chansons de lavandières) Dans l'eau delà....Le lavoir-debout,de bout en bout, le lavoir à genoux, un vrai rituel liturgique de béné-diction!Battre le linge en déliant les langues..... Ca papote, ça complote, ça tricote; ça fait de la dentelle,, ça zig-zag, ça fait la navette et ça gazouille.On se jette à l'eau et on mouille sa chemise.Un air de piano qui vient de chez moi, la vicairie, annonce la suite païenne!Histoire de ratons laveurs....En lavande d'hier, c'est la re-dèche ! Ardèche et lavande en patrie-moine !


On va arroser ça! A l'eau, t'es où? Sur le chemin du bistr'eau, chez les ménestrels du  Médiéval, des vrais troubadours: on va gagner les bars parallèles au pays des bars-bars, du bar atteint de folie!Du lavoir à l'abreuvoir, il n'y a qu'un godet du bacha...au rince-gosier Pas comme l'arroseur, arrosé.Et pour se rincer le gosier de Grandgousier, on descend tous au Médiéval sur la terrasse pour ne pas faire comme les chameaux des rois mages de Chamalières, ne rien boire.Ils nous auront concocté un élixir de jouvence, une boisson style potion magique de leur cru. Puis, chapitre suivant, chez Simone: un gouter à l'eau de rose sur le thème du jardin médiéval: un petit "chamalières", secret de table, de la guimauve, du rhum à rien pour être baba, du mille feuilles au mille pertuis, du sacristain, de la religieuse.... Un peu d'eau bénite, de verveine pour finir ou de crème de marron: ça va castagner. On va en emblavez !


 



Et  une soirée spéciale chez Simone : "La sol si do ré":repas récital sur les nourritures terrestres (très beau et rigolo répertoire en opéra-bouffe) tramé et scénarisé à partir de l'histoire de Simone, celle qui prête son nom à l'établissement: qui est cette femme inconnue arrivée à mobylette qui un jour reçu une lettre de Beethoven et se mit au "piano" en cuisine?! Un récital en forme de recette de cuisine, d'ébriété vocale et d'astuces pour bien digérer son bout de gras, sa part du gâteau! "Elle était pâtissière dans la rue du croissant"......A la recherche de Simone-Elise, la femme au tablier noir, à la toque de cheffe de brigade champêtre!Fan de carotte et toquée du bocal....

Le 13 Aout  15H 2022...

Le samedi 13 août à 15h, le nouveau spectacle itinérant de Geneviève Charras«Cham’ à l’eau!»Charivareuse émérite, Geneviève Charras nous propose cette année de la suivre sur le fil d’une déambulation contée, chantée, dansée, à la découverte de l’eau de Chamalières-sur-Loire. Rendez-vous donc devant le lavoir où l’on bat son linge en déliant sa langue, où l’on complote et l’on papote avant de s’en aller se rincer le gosier du côté des bars «parallèles». Un p’tit air de piano et c’est parti! Là-bas, il y a le «bistr’eau» du Médiéval qui vous concocte sur sa terrasse un élixir de jouvence des plus fameux. Là-bas, il y a aussi le resto Chez Simone qui connaît l’art du goûter à l'eau de rose, avec son p’tit «Chamalières» bourré de jolis secrets... En prime,mais c’est pour plus tard dans la soirée, un grand retour au resto chez Simone où l’on dégustera un récital en forme de recette de cuisine, d'ébriété vocale et d'astuces inédites, pour bien digérer son bout de gras et sa part du gâteau ! Entrée libre.