Quans Adel Abdessemed esquisse pour l'affiche du 70 ème festival d'Avignon, une mule enchaînée qui tente de s'évader et rue, de dos, à la face du spectateur, tout est dit d'un pan "indisciplinaire" de la programmation de Olivier Py, directeur, agitateur du plus beau festival du monde.
"Het Land Nod" : le pays de nod s'amuse.
Musées, je vous aime, musées je vous adore quand FC Bergman et son collectif flamand s'empare d'un sujet extra ordinaire: la fermeture annoncée du Musée des Beaux Arts d'Anvers pour rénovation. La salle Rubens sera donc le décor gigantesque de cette fresque théâtrale, au Parc des Expositions d'Avignon: démesure oblige!
On s'y réunit donc, le temps d'une messe partagée dans une cathédrale reconstituée: pour la restauration de cet endroit mythique d'Anvers: la salle Rubens; les toiles y sont décrochées à l’exécution de "Le coup de lance" qui va faire chavirer la narration scénique vers l'absurde de la circonstance;tension, détente, on joue ici de l'urgence et du vide, de la bêtise ou de l'idiotie dans le respect des limites des disciplines.
Restent en place, gardiens, surveillants et rare public, venu voir, constater cette grande désafection
Un technicien chef s'échine en vain à faire passer la toile par une porte sous dimensionnée et tente par tous les moyens acrobatiques d'y remédier. C'est drôle et décoiffant, risqué et haleant, décalé et décapant
L'univers bascule sans cesse et le rythme tient en haleine sans texte ni musique
Danse, courses folles, résistance, tout les corps s'expriment et se jouent de cet immense espace: Ionesco ou Beckett y seraient très à l'aise à l'ombre d'un Kafka Le monde est fou et la scénographie magistrale quand des couvertures bigarrées jonchent le sol, et imite toute référence confondue, un camp de réfugiés, une place forte, une agora.En attendant, le musée explose, se délite et la culture flamande, aussi?
"Caen Amour": sensuelle obscénité du désir.
Trajal Harrell c'est toute l'épopée du voguing, du travestissement, du tissu social, artistique dans le Cloître des Célestins à Avignon; c'est l'endroit et l'envers du processus de création qui est ici "dévoilé" mais on est pas dupe
Frontal, de face, le show est passionnant et inspiré du "hoochie-coochie, danse orientale qui a bercé son enfance et ses fantasmes,Les femmes y sont reines d'un soir et portent sur elles les atours détournés d'un vestiaire orientaliste débridé Joyeusement interprété par des hommes en liesse, sensuels et sensibles, le show est joyeux et grave à la fois
Trajal Harrell nous fait rêver des mille et une nuits à sa façon et "à quand, l'amour" ou résonne comme une fable fantasque, issue des ballets russes du temps de Shéhérazade.On défile sans se défiler, on passe derrière le miroir, le décor pour regarder, observer l'ob scène sans se cacher ni se dissimuler
Ce qui s'y trame et enchaîne? Changements à vue vestimentaires, simplement
Deux femmes dans ce show pour chanter, danser comme des divas de la danse moderne ou japonaise revisitées. Et l'émotion naît doucement, va crescendo pour atteindre des sommets de délicatesse extrême.
C'est beau comme du Trajal Harrell qui s'expose à son corps défendant dans le plus simple appareil: le tissu , l'enveloppe, la peau du monde.
"Que hare yo con esta espada? (approximacion a la ley y al problema de la bellaza)"
Conte cruel et médusant.
Sans doute le spectacle le plus attendu en Avignon: marathon de quasi cinq heures au Cloitre des Carmes avec l'égérie légendaire de la provocation: Angelica Liddell
Seconde partie d'un triptyque comme un retable, voici venir une performance magistrale, basée "sur des faits réels" et "d'après une histoire vraie". Les attentats du 13 Novembre 2015 et un fait divers d’anthropophagie
Et alors que nous dit-elle de l'état du monde sinon qu'il est déréglé, fou, atrophié, romantique ou désabusé
Elle démarre seule prologue, développement et épilogue, vociférant, haranguant les spectateurs dans une logorrhée vertigineuse, épatante, essoufflante.
Virtuose du jeu de scène, démoniaque dans son théâtre de la cruauté à la Antonin Artaud!
Des vierges, nymphes peuplent le plateau comme des icônes interdites ou bibliques, la scénographie et mise en scène génèrent du fantastique comme du trouble.Des danseurs japonais pour évoquer Hijikata et la grâce opère!
Quand les poulpes, matière morte et molle s'emparent et parent les corps en émoi, ce sont des images à la Bosch qui resurgissent et travaillent l'inconscient collectif . Dantesque!
Dévorante passion de l'humain, amour anthropophage seraient les leitmotiv de cette fresque épique, épopée de notre vie et société violente, cruelle.
Références picturales omniprésentes, textes fulgurants maintiennent le suspens et l'adhésion du spectateur, scothché, tétanisé par tant de force et de singularité
La haine, l'amour tout concourt ici à faire du théâtre le lieu du vivant et de l'artificiel, de la beauté et du singulier
Une expérience sensible pour le corps de celui qui écoute, regarde, souffrent aussi des mots et des maux de la condition humaine.
"Ludwig, un roi sur la lune": l'anormalité en jeu.
Madeleine Louarn ausculte la folie des "deux" rois Louis II de Bavière et construit une romance à partir des lettres intimes de ce personnage bousculé par les conventions de son époque: pas libre de sa folie, de ses fantasmes Textes de Frédéric Vossier, musique de Rodolphe Burger sur scène et chorégraphie de Loic Toussé pour traduire le trouble d'un psychotique, d'un être déchiré, au pouvoir exorbitant: celui d'un roi incapable, meurtri mais démoniaque
La compagnie Catalyse, formée de personnes en situation de handicap mental exulte et crève les planches
Un sans faute pour ces personnes que notre regard fragilise, plutôt qu'elles ne le sont vraiment.
Alors des "déséquilibrés" pour jouer "des fous"? Voici un terrain de choix pour le chorégraphe Loic Toussé aguerri à toutes sortes d'expériences humaines dansantes, vivantes. Equilibre, déséquilibre , ces fondamentaux de la danse d'aujourd'hui, questionnent le personnage tourmenté de Ludwig avec justesse et véracité. Les spectateurs enveloppent le dispositif scénique, au cœur du théâtre "L'autre scène" grand Avignon à Vedène et protègent les personnages qui entrent et sortent dans leur plus grande altérité, à leur rythme Belle idée de mise en scène, protectrice mais aussi mise en danger de par l'arène ainsi dessinée de l'espace vu de toute part.
Du bel ouvrage sensible et terrible par le propos d'un être qui comme Mickael Jackson, trébuche dans le noir quand il n'est pas sous les feux de la rampe.
mercredi 20 juillet 2016
Pascal Quignard: une épopée à Avignon.Le Sujet à Vif, dans le mille! Et XS en prime!
Le 70 ème festival d'Avignon rendait "hommage" à l'oeuvre de Pascal Quignard dont deux événements:
"La rive dans le noir, une performance des ténèbres": la splendeur du noir.
Un spectacle donné à La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon avec la complicité de Marie Vialle.
Dans le noir, tout est possible, sur scène, mieux que dans les livres; alors les deux complices montent sur le plateau, lui en hommage à Carlotta Ikeda, elle pour l'amour du verbe, de la musique partagée. Dans l'obscurité, les oiseaux, diurne et nocturne, le corbeau et la chouette effraie.
Ils sont là, chantent, bougent, danse, comme une sorte de performance, du théâtre no, du buto
C'esr étrange, dérangeant, atypique comme nos protagonisteS, chamane, écrivain, musicien.
Elle fait l'oiseau, d'une voix étrange, murmure, hurle, debout sur la table d'écriture, vêtue de blanc comme un spectre , une vision futile. Corvidée, femme, oiseau, Marie Vialle se meut comme une danseuse de toute sa peau, de toute sa voix
Lui, présent, au piano, retrace la partition d'un chant de chouette. Atmosphère, "un minimum piano", effet de rêve bien éveillé
Ils sont là, avec nous pour cette célébration, ce rituel, sans emphase qui touche juste là où le livre ne peut pas faire sonner la musique.Texte incarné, plongée dans le noir scintillant, dans les ténèbres du Japon avec la force tranquille de deux grands acteurs.
Et dans le cadre du cycle des musiques sacrées à la basilique métropolitaine Notre-Dame des Doms
"Concert-lecture: la leçon de musique" :quand les muses s'en mêlent.
Allier ce fameux texte de référence "La leçon de musique" aux partitions et œuvres des compositeurs dont il question tout au long du livre, voici le pari, réussi de ce rendez-vous matinal à la Basilique
Orgue, viole de gambe, voix et texte lu par Didier Sandre: un bonheur inégalé pour illustrer, rendre vie et agitation à la prose de Guignard, mélomane, musicologue, philosophe qui atteint des sommets d'intelligibilité.Atmosphère recueillie, alternance de morceaux de Couperin, , Marais, Sainte Colombe, Du plus bel "effet", de la communion savante entre musique et rythme du texte et celui des œuvres musicales
La voix féminine en révélation dans l'histoire de l'humanité: celle qui ne mue pas et garde toute son énergie et altérité à construire le destin unique et singulier des femmes.
"Sujets à Vif": programmes A et B: bande d'indisciplinés!
Quatre temps pour ouvrir l'édition 2016, du légendaire "Sujets à vif" qui comme à son "habitude" tranche dans le vif sans mettre de gant.
"La vie des formes" : l'atelier du manipulateur.
Renaud Herbin est bien ici à la place d'un peintre dans son atelier: avec son manequin comme partenaire: ressemblance, autoportrait? Le modèle est docile, tranquille et son maitre , presque de la même grandeur tisse avec lui une véritable relation de danseur: plongées, appuis, portés: on se croirait au studio sauf que la marionnette articulée, toute rembourrée de tissu sobre et cotonneux, ne bronche pas sans se soumettre pour autant.Célia Houdart, elle, raconte, se pause et regarde cette chorégraphie muette et nous parle de l'atelier de confection de marionnettes: la vie de tous ces "modèles". Touchant, calme et recueilli, ce morceau de poésie pure au petit matin dans la cour du jardin de la vierge, est rare et précieux; on s'en imprègne et ça voyage tranquillement, comme le font ces trois personnages réunis pour façonner ce monde animé plein de surprises et d'étonnement.
"Membre fantôme": duo plein vent,kouign amann amen!
Quel souffle dans une cornemuse qui se rit des conventions et souffle de travers, de bric et de broc , animée par un virtuose de cette outre pleine de vent, Erwan Keravec! Et pour lui donner la réplique, Mickael Phelippeau, longiligne, vêtu comme une bigoudenne, tablier blanc,cheveux au vent, détachés le long du dos. Figure d'Angelus de Millet, pause et tout démarre en fanfare: course poursuite, dialogues ou ratures, manège incessant, danse trad et folklorique virtuose, quel régal d'inventivité et de verve, vif argent, mené tambour battant. La vierge de la cour semble sourire de ravissement à cette cérémonie festive, votive sur piédestal et calvaire. Le travestissement s'achève pour renouer avec un humour plus distancé et maniéré qui font de cette pièce une référence incontournable de la contemporanéité des danses d'hier et d'aujourd'hui Cornemuse au corps, corps qui s'amuse, éructe le vent, souffle à perdre haleine sur les conventions musicales et "fest-noz".Rythme garanti, jubilation au pouvoir: là est bien le creuset de ces "sujets à vif", maltraités, sens dessus dessous pour toucher en plein dans le mille les révélations de l'acte créateur.
"Les corvidés": les corbax en baskets
Deux corbeaux, deux acteurs et le hasard qu'un coup de dé jamais n’abolira: voilà la recette d'un show de Capdevielle et Laetitia Dosch: tarot du cœur, yi king aléatoire, on est dans le ludique prophétique et blasphématoire, dans la jouissance totale des mots, des gestes, du texte et des corps qui sexe posent.Et en plus, ils sont beaux, les corps beaux.
Duo de corbeaux en direct qui causent et coassent sur le tout Avignon bobo branché, sur la vie, comme au marché, le matin ; cartomancie et manipulation au menu de cet adage burlesque et tonitruant
Mais mieux, c'est une leçon d'amour vache, cru et nu que cette diatribe en forme que quatuor pour oiseaux et humains où l'on s'égare, fait fausse route sur le sentier de l'âne pour mieux rejoindre le droit chemin.
Capdevielle, trop fort!
"Takasutra": éros contrarié.
Deux êtres de chair vont nous démontrer que l'amour absent fait naître des acrobaties savantes et référées, expliquées par la comédienne en direct: rien de plus simple pour Sophie Cattani et Hermann Diephuis, souples, à l'aise dans les positions fétiches du kamasutra. Bien sur tout va de soi: taka, tu as qu'à faire ceci et cela et le rythme des danses indiennes est donné. C'est ludique et enjoué, simple comme bonjour: on s’emmêle, on se grimpe dessus et le tour est bien joué sans autre forme de procès. Un peu de légèreté et d'humour dans ce monde de brutes pour éclairer nos pas de deux érotiques
Une bonne leçon à réviser!
"XS" : les perles courtes!
Nouveauté initiée par la SACD France et Belgique avec le Théâtre National de Bruxelles
Trois perles rares, pièces courtes pleines d'avenir pour nous réjouir en fin de journée dans la Cour de la Vierge du Lycée Saint Joseph.
"Axe": ça vacille.
Un duo qui travaille sur la signification du vieux couple, ses fonctionnements, habitudes, rituels désopilants, absurdes, sur le mode du comique de répétition;le décor désuet et kitsch, annonce la couleur du dérisoire.
Déroutants portraits de meurtris, cabossés par la vie, détraqués par Agnès Limbos et Thierry Hellin, ploutocrates vieillissants, piteux et pathétiques , au destin tout tracé mais qui dérape sans cesse et fait sourire et rire de bon cœur.
Humour noir, rires jaunes, sarcasmes et objets de curiosité pour 20 minutes de fatalité, de poids du monde sur l'axe qui chancelle de ces deux corps affalés, piteux portraits d'une génération flétrie. Superbe!
"Les idées grises": en apesanteur: l’insupportable légèreté de l'être ensemble.
Deux escogriffes, compères, complices de l'apesanteur, de l'acrobatie détournée de son droit chemin dans un bric à brac de supports tout genre
C'est le duo-duel Bastien Dausse et François Lemoine qui tient le haut du pavé
Désopilante démonstration de pince sans rire sens dessus dessous où les corps racontent l'absurdité et le charme du monde à l'envers, à l'endroit, toujours au bon endroit
Et quand il s'enferment dans leur cube intime, c'est pour mieux désorienter, déplacer ce microcosme humain, nous rabattre les oreilles et le caquet: la scène c'est un immense terrain de labeur, un travail de fou pour une magie opérante à cent pour cent. Les images vidéo hyper efficaces pour inoculer du neuf dans le monde de la pesanteur et de l’inouï. Surprises et déroute au menu.ambiance tendue et ludique pour ce bijou baroque, qui défie, détraque le temps et la raison.
"Heimaten": vos papiers d'identité territoriale.
Antoine Laubin et ses compères, auteurs belges,s'interroge à bon escient sur la notion d'identité, culturelle, politique, territoriale
Patrie ou Pays d'origine, ils sont deux belges à se triturer joyeusement les neurones, en direct avec un couple d'Allemands sur écran vidéo en fond de scène. Drôle et grave, plein d'humour, ce jeu de devinettes avance et ressemble au "carambolages" de ARTE, cette émission passionnante sur les us et coutumes des "nations" voisines.
Bel édifice, intelligent et percutant de la réflexion, toujours à mettre en route avant d'avancer idées reçues, poncifs et idiotie
Un bon remède à la monotonie; on en prend de la graine et l'on respecte l'altérité de l'autre, dans la joie.
"La rive dans le noir, une performance des ténèbres": la splendeur du noir.
Un spectacle donné à La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon avec la complicité de Marie Vialle.
Dans le noir, tout est possible, sur scène, mieux que dans les livres; alors les deux complices montent sur le plateau, lui en hommage à Carlotta Ikeda, elle pour l'amour du verbe, de la musique partagée. Dans l'obscurité, les oiseaux, diurne et nocturne, le corbeau et la chouette effraie.
Ils sont là, chantent, bougent, danse, comme une sorte de performance, du théâtre no, du buto
C'esr étrange, dérangeant, atypique comme nos protagonisteS, chamane, écrivain, musicien.
Elle fait l'oiseau, d'une voix étrange, murmure, hurle, debout sur la table d'écriture, vêtue de blanc comme un spectre , une vision futile. Corvidée, femme, oiseau, Marie Vialle se meut comme une danseuse de toute sa peau, de toute sa voix
Lui, présent, au piano, retrace la partition d'un chant de chouette. Atmosphère, "un minimum piano", effet de rêve bien éveillé
Ils sont là, avec nous pour cette célébration, ce rituel, sans emphase qui touche juste là où le livre ne peut pas faire sonner la musique.Texte incarné, plongée dans le noir scintillant, dans les ténèbres du Japon avec la force tranquille de deux grands acteurs.
Et dans le cadre du cycle des musiques sacrées à la basilique métropolitaine Notre-Dame des Doms
"Concert-lecture: la leçon de musique" :quand les muses s'en mêlent.
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| Luc Antonioni |
Orgue, viole de gambe, voix et texte lu par Didier Sandre: un bonheur inégalé pour illustrer, rendre vie et agitation à la prose de Guignard, mélomane, musicologue, philosophe qui atteint des sommets d'intelligibilité.Atmosphère recueillie, alternance de morceaux de Couperin, , Marais, Sainte Colombe, Du plus bel "effet", de la communion savante entre musique et rythme du texte et celui des œuvres musicales
La voix féminine en révélation dans l'histoire de l'humanité: celle qui ne mue pas et garde toute son énergie et altérité à construire le destin unique et singulier des femmes.
"Sujets à Vif": programmes A et B: bande d'indisciplinés!
Quatre temps pour ouvrir l'édition 2016, du légendaire "Sujets à vif" qui comme à son "habitude" tranche dans le vif sans mettre de gant.
"La vie des formes" : l'atelier du manipulateur.
Renaud Herbin est bien ici à la place d'un peintre dans son atelier: avec son manequin comme partenaire: ressemblance, autoportrait? Le modèle est docile, tranquille et son maitre , presque de la même grandeur tisse avec lui une véritable relation de danseur: plongées, appuis, portés: on se croirait au studio sauf que la marionnette articulée, toute rembourrée de tissu sobre et cotonneux, ne bronche pas sans se soumettre pour autant.Célia Houdart, elle, raconte, se pause et regarde cette chorégraphie muette et nous parle de l'atelier de confection de marionnettes: la vie de tous ces "modèles". Touchant, calme et recueilli, ce morceau de poésie pure au petit matin dans la cour du jardin de la vierge, est rare et précieux; on s'en imprègne et ça voyage tranquillement, comme le font ces trois personnages réunis pour façonner ce monde animé plein de surprises et d'étonnement.
"Membre fantôme": duo plein vent,kouign amann amen!
Quel souffle dans une cornemuse qui se rit des conventions et souffle de travers, de bric et de broc , animée par un virtuose de cette outre pleine de vent, Erwan Keravec! Et pour lui donner la réplique, Mickael Phelippeau, longiligne, vêtu comme une bigoudenne, tablier blanc,cheveux au vent, détachés le long du dos. Figure d'Angelus de Millet, pause et tout démarre en fanfare: course poursuite, dialogues ou ratures, manège incessant, danse trad et folklorique virtuose, quel régal d'inventivité et de verve, vif argent, mené tambour battant. La vierge de la cour semble sourire de ravissement à cette cérémonie festive, votive sur piédestal et calvaire. Le travestissement s'achève pour renouer avec un humour plus distancé et maniéré qui font de cette pièce une référence incontournable de la contemporanéité des danses d'hier et d'aujourd'hui Cornemuse au corps, corps qui s'amuse, éructe le vent, souffle à perdre haleine sur les conventions musicales et "fest-noz".Rythme garanti, jubilation au pouvoir: là est bien le creuset de ces "sujets à vif", maltraités, sens dessus dessous pour toucher en plein dans le mille les révélations de l'acte créateur.
"Les corvidés": les corbax en baskets
Deux corbeaux, deux acteurs et le hasard qu'un coup de dé jamais n’abolira: voilà la recette d'un show de Capdevielle et Laetitia Dosch: tarot du cœur, yi king aléatoire, on est dans le ludique prophétique et blasphématoire, dans la jouissance totale des mots, des gestes, du texte et des corps qui sexe posent.Et en plus, ils sont beaux, les corps beaux.
Duo de corbeaux en direct qui causent et coassent sur le tout Avignon bobo branché, sur la vie, comme au marché, le matin ; cartomancie et manipulation au menu de cet adage burlesque et tonitruant
Mais mieux, c'est une leçon d'amour vache, cru et nu que cette diatribe en forme que quatuor pour oiseaux et humains où l'on s'égare, fait fausse route sur le sentier de l'âne pour mieux rejoindre le droit chemin.
Capdevielle, trop fort!
"Takasutra": éros contrarié.
Deux êtres de chair vont nous démontrer que l'amour absent fait naître des acrobaties savantes et référées, expliquées par la comédienne en direct: rien de plus simple pour Sophie Cattani et Hermann Diephuis, souples, à l'aise dans les positions fétiches du kamasutra. Bien sur tout va de soi: taka, tu as qu'à faire ceci et cela et le rythme des danses indiennes est donné. C'est ludique et enjoué, simple comme bonjour: on s’emmêle, on se grimpe dessus et le tour est bien joué sans autre forme de procès. Un peu de légèreté et d'humour dans ce monde de brutes pour éclairer nos pas de deux érotiques
Une bonne leçon à réviser!
"XS" : les perles courtes!
Nouveauté initiée par la SACD France et Belgique avec le Théâtre National de Bruxelles
Trois perles rares, pièces courtes pleines d'avenir pour nous réjouir en fin de journée dans la Cour de la Vierge du Lycée Saint Joseph.
"Axe": ça vacille.
Un duo qui travaille sur la signification du vieux couple, ses fonctionnements, habitudes, rituels désopilants, absurdes, sur le mode du comique de répétition;le décor désuet et kitsch, annonce la couleur du dérisoire.
Déroutants portraits de meurtris, cabossés par la vie, détraqués par Agnès Limbos et Thierry Hellin, ploutocrates vieillissants, piteux et pathétiques , au destin tout tracé mais qui dérape sans cesse et fait sourire et rire de bon cœur.
Humour noir, rires jaunes, sarcasmes et objets de curiosité pour 20 minutes de fatalité, de poids du monde sur l'axe qui chancelle de ces deux corps affalés, piteux portraits d'une génération flétrie. Superbe!
"Les idées grises": en apesanteur: l’insupportable légèreté de l'être ensemble.
Deux escogriffes, compères, complices de l'apesanteur, de l'acrobatie détournée de son droit chemin dans un bric à brac de supports tout genre
C'est le duo-duel Bastien Dausse et François Lemoine qui tient le haut du pavé
Désopilante démonstration de pince sans rire sens dessus dessous où les corps racontent l'absurdité et le charme du monde à l'envers, à l'endroit, toujours au bon endroit
Et quand il s'enferment dans leur cube intime, c'est pour mieux désorienter, déplacer ce microcosme humain, nous rabattre les oreilles et le caquet: la scène c'est un immense terrain de labeur, un travail de fou pour une magie opérante à cent pour cent. Les images vidéo hyper efficaces pour inoculer du neuf dans le monde de la pesanteur et de l’inouï. Surprises et déroute au menu.ambiance tendue et ludique pour ce bijou baroque, qui défie, détraque le temps et la raison.
"Heimaten": vos papiers d'identité territoriale.
Antoine Laubin et ses compères, auteurs belges,s'interroge à bon escient sur la notion d'identité, culturelle, politique, territoriale
Patrie ou Pays d'origine, ils sont deux belges à se triturer joyeusement les neurones, en direct avec un couple d'Allemands sur écran vidéo en fond de scène. Drôle et grave, plein d'humour, ce jeu de devinettes avance et ressemble au "carambolages" de ARTE, cette émission passionnante sur les us et coutumes des "nations" voisines.
Bel édifice, intelligent et percutant de la réflexion, toujours à mettre en route avant d'avancer idées reçues, poncifs et idiotie
Un bon remède à la monotonie; on en prend de la graine et l'on respecte l'altérité de l'autre, dans la joie.
mardi 19 juillet 2016
Festival d'Avignon: 70 ans déjà et toujours de la Danse!
Avignon cuvée 2016, c'est "de l'audace, toujours de l'audace" et le "Etonnez- moi de Diaghilev à Cocteau à propos de "Parade" en 1917 est toujours d'actualité.
En danse, en indiscipline, en théâtre visuel surtout.
"Au Cœur" de Thierry Thieu Niang: consoler, consolider le monde.
La Chartreuse De Villeneuve lez Avignon,brille de lumière, éclabousse de chaleur: 16H dans l'église, le public réuni, face à face sur deux rangées en ligne découvre le spectacle "itinérant" que le chorégraphe, fidèle compagnon du festival, orchestre pour des jeunes adolescents amateurs; fruit d'un travail de longue haleine en milieu scolaire sur le geste, le territoire, la communication, la différence.
Au cœur de la vie, du drame et des joies de chacun assurément.Vagues de courses folles, échappées belles, évasion ou recueillement, les sentiments, les émotions se succèdent, alternent avec des silences, des pauses immobiles. De l'enfance, Thierry Niang garde la fraîcheur, le jeu, la spontanéité mais aussi le chagrin et la souffrance, la douleur partagée d'un groupe, d'un petit collectif où chacun a son identité et garde toute son altérité.
Remarquable direction d'acteurs-danseurs, accueil d'un travail musical et choral, font de cette pièce l'emblème d'une expérience riche et partagée, à l'écoute des bruissements des gestes des enfants, des adolescents.Un musicien partage ce lieu singulier, couloir ouvert, mais résonant des voûtes de l'église: Robin Praho est au centre ou partage l'espace avec sa viole de gambe; Camille, la chanteuse a réglé les chants choral et Claude Lévêque signe la scénographie, de ses néons , griffe et marque de fabrique du plasticien, compère pour cette expérience.Les voix, les sons, portés par l'acoustique résonnent, se dispersent dans l'espace.Travail de danse chorale autant que d'émission de la voix en groupe soudé, vibrant,chaleureux.
La danse, le mouvement irriguent les corps de ses interprètes, assurés, confiants, solides piliers de cette ode bercée par les textes de Linda Lê: une petite fille sera le nerf , la clef de voûte d'un des moments les plus intenses: elle récite sans faille un texte grave et incarne la voix de ces jeunes, autour d'elle, confrontés à leur physique, leur histoire, leurs pensées. On suppose qu'ils ressortiront "grandis" de cette communion partage, de cette "compagnie" éphémère, cum panis où l'on partage chant, danse, pain et jeu, à foison, sans compter, comme en danse disait Martha Graham!
A la Fondation Lambert les 21 22 et 23 Juillet 19H
"Soft virtuosity, still humid, on the edge" : la cour des miracles.
Marie Chouinard fait au corps, du bien, du mal et transforme l'agilité en handicap et claudiquements, fait boiter les os, ronge les angles et raie le tapis de danse dans une chorégraphie à la limite, aux frontière du possible comme à son habitude Ici, plus de prothèses , mais des corps meurtris qui basculent et ânonnent en chorus Qui crient grandeur plus que nature, rehaussés par un dispositif vidéo live qui capte en surdimension, les affres d'une petite communauté en proie à l'horreur et au désarroi.
Deux danseuses enlacées, baignées dans un halo de lumière, se suspendent en image au mur, en spirale, en vrille comme un seul corps torsadé, échine siamoise ou jumelée. Atmosphère de proximité avec ses bouches et visages filmés en direct au plus près, marches et démarches singulières, danseurs arpenteurs de plateau: c'est tout cela Marie Chouinard. Fresque du vivant, à la dérive, navire en perdition, images et icônes traversent ses visions cathartiques. Corps cagoulés de noir, habillés juste au corps.Métamorphose et hybridation par le costume contrarié.
Et de "petites" virtuosités comme les "petits bougés", celles des traits d'un visage qui se plisse, qui vibre, qui transpire.
Elle signe tout les lieux et endroits où se fabrique un spectacle, de la danse au costume, de la scénographie à la vidéo et si la musique lui échappe c'est au profit de sa fidélité à Louis Dufort.
On vibre sur les pas ubuesques de Chouinard dans une cour des miracles, toujours renouvelée.
A la cour du Lycée Saint Joseph jusqu'au 23 Juillet 22H.
"Espaece": espèces d'espaces.
Aurélien Bory trouve ici l'occasion de réaliser ses visions architecturales les plus folles et se livre à un exercice à la mesure de sa démesure
L'Opéra d'Avignon cède son plateau à la grandiloquence du créateur d'espace et met en danger l'ouvrage de Perec "Espèces d'espaces"en le confrontant à la matière, la constructioN, l'architecture.. Risque et périls en la demeure, un immense dispositif mural en trois parties articulées, grandissime, éprouvant pour les corps qui vont devoir en faire l'ascension, l'apprivoiser ou s'en jouer.Tout débute par l'évocation du livre qui délivre des signes, des lettre ouvertes: les manipulateurs de ces petits objets en projetant des écritures de mots, à découvrir au fur et à mesure.C'est beau et touchant, intimiste et secret
Puis c'est la vague déferlante d'une immense bibliothèque, ou bien de rayonnage de ruche à alvéoles, réceptacle des corps, des livres, des mots.Comme un puzzle, un abécédaire ou tout simplement un jeu de construction, le spectacle serait une sorte de juxtaposition, de calque en couche, en strates, de palimpseste vivant. ou un scrabble géant à construire, à élaborer et deviner par la lecture simultanée.
Et surtout ne pas se cogner aux angles, se faufiler, entre les failles, faire l'ascension d'un décor digne de Gargantua où le risque de la chute peut encore opérer comme au cirque.
A l'Opéra grand Avignon 18H jusqu'au 23 Juillet
"Fatmeh" : le corps arabe
Ali Chahrour est syrien et tente ici de retransmettre rituels, culture et gestes de son territoire bléssé, ravagé par la haine et la guerre.
Deux femmes seront les ambassadrices de sa pensée chorégraphique, vécue comme une transmission de corps à corps; elles ne sont pas danseuses professionnelles mais incarnent la danse à elles seules comme des femmes qui dansent naturellement. Et si l'on ne chante pas en Syrie, la danse qui traverse ces pulsions de vie devant nous, sur le plateau nu du Cloître des Célestins semble aller de soi malgré les interdits, les voiles, les mensonges et les hypocrisies.Les cheveux défaits, libérés de leur carcan ondulent, s'envolent, déchirent l'espace, le fouetteNT.Cérémonies de deuil libanaises, rituels de mort inondent le plateau sobrement et ressuscitent une culture qui tend à disparaître.Fatima Zahra et Oum Kalsoum en mémoire pour leur destin tragique de femmes insurgées, chanteuses, révoltées.La beauté touchante de cette approche très sobre opère dans la nuit bordée de pleine lune; la musique transmet l'âme de Sary Moussa qui fait se mouvoir deux égéries symboles de liberté et de soumission.
Voilées, dévoilées, livrées ou délivrées de leurs peurs, elles existent au delà des frontières et incarnent le visible et l'invisible très audacieusement.
En danse, en indiscipline, en théâtre visuel surtout.
"Au Cœur" de Thierry Thieu Niang: consoler, consolider le monde.
La Chartreuse De Villeneuve lez Avignon,brille de lumière, éclabousse de chaleur: 16H dans l'église, le public réuni, face à face sur deux rangées en ligne découvre le spectacle "itinérant" que le chorégraphe, fidèle compagnon du festival, orchestre pour des jeunes adolescents amateurs; fruit d'un travail de longue haleine en milieu scolaire sur le geste, le territoire, la communication, la différence.
Au cœur de la vie, du drame et des joies de chacun assurément.Vagues de courses folles, échappées belles, évasion ou recueillement, les sentiments, les émotions se succèdent, alternent avec des silences, des pauses immobiles. De l'enfance, Thierry Niang garde la fraîcheur, le jeu, la spontanéité mais aussi le chagrin et la souffrance, la douleur partagée d'un groupe, d'un petit collectif où chacun a son identité et garde toute son altérité.
Remarquable direction d'acteurs-danseurs, accueil d'un travail musical et choral, font de cette pièce l'emblème d'une expérience riche et partagée, à l'écoute des bruissements des gestes des enfants, des adolescents.Un musicien partage ce lieu singulier, couloir ouvert, mais résonant des voûtes de l'église: Robin Praho est au centre ou partage l'espace avec sa viole de gambe; Camille, la chanteuse a réglé les chants choral et Claude Lévêque signe la scénographie, de ses néons , griffe et marque de fabrique du plasticien, compère pour cette expérience.Les voix, les sons, portés par l'acoustique résonnent, se dispersent dans l'espace.Travail de danse chorale autant que d'émission de la voix en groupe soudé, vibrant,chaleureux.
La danse, le mouvement irriguent les corps de ses interprètes, assurés, confiants, solides piliers de cette ode bercée par les textes de Linda Lê: une petite fille sera le nerf , la clef de voûte d'un des moments les plus intenses: elle récite sans faille un texte grave et incarne la voix de ces jeunes, autour d'elle, confrontés à leur physique, leur histoire, leurs pensées. On suppose qu'ils ressortiront "grandis" de cette communion partage, de cette "compagnie" éphémère, cum panis où l'on partage chant, danse, pain et jeu, à foison, sans compter, comme en danse disait Martha Graham!
A la Fondation Lambert les 21 22 et 23 Juillet 19H
"Soft virtuosity, still humid, on the edge" : la cour des miracles.
Marie Chouinard fait au corps, du bien, du mal et transforme l'agilité en handicap et claudiquements, fait boiter les os, ronge les angles et raie le tapis de danse dans une chorégraphie à la limite, aux frontière du possible comme à son habitude Ici, plus de prothèses , mais des corps meurtris qui basculent et ânonnent en chorus Qui crient grandeur plus que nature, rehaussés par un dispositif vidéo live qui capte en surdimension, les affres d'une petite communauté en proie à l'horreur et au désarroi.
Deux danseuses enlacées, baignées dans un halo de lumière, se suspendent en image au mur, en spirale, en vrille comme un seul corps torsadé, échine siamoise ou jumelée. Atmosphère de proximité avec ses bouches et visages filmés en direct au plus près, marches et démarches singulières, danseurs arpenteurs de plateau: c'est tout cela Marie Chouinard. Fresque du vivant, à la dérive, navire en perdition, images et icônes traversent ses visions cathartiques. Corps cagoulés de noir, habillés juste au corps.Métamorphose et hybridation par le costume contrarié.
Et de "petites" virtuosités comme les "petits bougés", celles des traits d'un visage qui se plisse, qui vibre, qui transpire.
Elle signe tout les lieux et endroits où se fabrique un spectacle, de la danse au costume, de la scénographie à la vidéo et si la musique lui échappe c'est au profit de sa fidélité à Louis Dufort.
On vibre sur les pas ubuesques de Chouinard dans une cour des miracles, toujours renouvelée.
A la cour du Lycée Saint Joseph jusqu'au 23 Juillet 22H.
"Espaece": espèces d'espaces.
Aurélien Bory trouve ici l'occasion de réaliser ses visions architecturales les plus folles et se livre à un exercice à la mesure de sa démesure
L'Opéra d'Avignon cède son plateau à la grandiloquence du créateur d'espace et met en danger l'ouvrage de Perec "Espèces d'espaces"en le confrontant à la matière, la constructioN, l'architecture.. Risque et périls en la demeure, un immense dispositif mural en trois parties articulées, grandissime, éprouvant pour les corps qui vont devoir en faire l'ascension, l'apprivoiser ou s'en jouer.Tout débute par l'évocation du livre qui délivre des signes, des lettre ouvertes: les manipulateurs de ces petits objets en projetant des écritures de mots, à découvrir au fur et à mesure.C'est beau et touchant, intimiste et secret
Puis c'est la vague déferlante d'une immense bibliothèque, ou bien de rayonnage de ruche à alvéoles, réceptacle des corps, des livres, des mots.Comme un puzzle, un abécédaire ou tout simplement un jeu de construction, le spectacle serait une sorte de juxtaposition, de calque en couche, en strates, de palimpseste vivant. ou un scrabble géant à construire, à élaborer et deviner par la lecture simultanée.
Et surtout ne pas se cogner aux angles, se faufiler, entre les failles, faire l'ascension d'un décor digne de Gargantua où le risque de la chute peut encore opérer comme au cirque.
A l'Opéra grand Avignon 18H jusqu'au 23 Juillet
"Fatmeh" : le corps arabe
Ali Chahrour est syrien et tente ici de retransmettre rituels, culture et gestes de son territoire bléssé, ravagé par la haine et la guerre.
Deux femmes seront les ambassadrices de sa pensée chorégraphique, vécue comme une transmission de corps à corps; elles ne sont pas danseuses professionnelles mais incarnent la danse à elles seules comme des femmes qui dansent naturellement. Et si l'on ne chante pas en Syrie, la danse qui traverse ces pulsions de vie devant nous, sur le plateau nu du Cloître des Célestins semble aller de soi malgré les interdits, les voiles, les mensonges et les hypocrisies.Les cheveux défaits, libérés de leur carcan ondulent, s'envolent, déchirent l'espace, le fouetteNT.Cérémonies de deuil libanaises, rituels de mort inondent le plateau sobrement et ressuscitent une culture qui tend à disparaître.Fatima Zahra et Oum Kalsoum en mémoire pour leur destin tragique de femmes insurgées, chanteuses, révoltées.La beauté touchante de cette approche très sobre opère dans la nuit bordée de pleine lune; la musique transmet l'âme de Sary Moussa qui fait se mouvoir deux égéries symboles de liberté et de soumission.
Voilées, dévoilées, livrées ou délivrées de leurs peurs, elles existent au delà des frontières et incarnent le visible et l'invisible très audacieusement.
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