jeudi 27 septembre 2012

MUSICA 2012: une soirée contrastée, éblouissante.

Musica, le festival incontournable des musiques d'aujourd'hui, après la mémorable soirée endiablée dance-floor dédiée à John Cage et la danse, offrait hier soir une soirée de choix.
NEUE VOCALSOLISTEN
Les chanteurs du célèbre groupe de Stuttgart dressent au coeur du Temple Neuf, un panorama de l'art vocal italien.
C'est avec Luigi Nono et "? Donde estas hermano? de 1982 que démarre le concert: œuvre sobre avec ses quatre chanteuses, aux vocalises a capella, limpides, cristallines.Le temple résonne de ces sonorités à la limite de l'audible, infimes, aux dissonances qui frottent et où l'on aime à "savoir écouter, même le silence".
Sylvano Bussoti donne l'occasion à l'ensemble, ici renforcé par la présence de voix masculines d'incarner "Ancora odono", pièce de 1967. Très proche de la musique et de la philosophie de Cage, l'auteur y insère textes variés qui fondent un exercice d'interprétation quasi théâtrale pour les chanteurs: encore des dissonances multiples se frayent un chemin dans l'acoustique du temple. L'ambiance ainsi créée concoure à une grande attention concentrée de la part du public, conquis.
Lucia Ronchetti fait mouche  avec en création française "Anatra al sal", "comedia harmonica", sorte de théâtre chanté inspiré de la tradition italienne du XVI ème siècle, le "madrigale rappresentativo".
Jeu d'acteurs merveilleux pour interpréter une recette de cuisine commentée par les cuisiniers!
Bel exercice de style, de jeu, de malice en diable où une mise en scène minimale donne corps et sensualité à cette batterie de cuisine au piano, maître- queux de la musique vocale pour distiller et mijoter un mets de choix. Bien dans leur "assiette" les voilà, polémiquant sur l'art d'apprêter un canard, sans fausse note Jeux de mots, de voyelles, comme un oulipo, on se joue ici de la difficulté pour atteindre un comique léger, empreint de malices . A déguster sans modération!
C'est au tour d'Oscar Bianchi avec "Ante Litteram", création, sur le mal, la morale et le salut, inspiré des textes de Nietzsche, "L'Antéchrist" de nous ravir l'âme et les sens.Les sons s'y égrènent, dramatiques et profonds, l'atmosphère s'assombrit.
Pour clore ce concert, "Herzstuck" de 2012, inspiré de textes d'Heiner Muller, Luca Francesconi offre en création française une pièce magnifique où les couches de sons et de phrasés s'additionnent à l'envi, donnant l'occasion aux interprètes de donner une théâtralité aux sons bigarrés étonnante. On se prend au jeu, on les dévore des yeux en empathie totale."La musique est une danse profonde entre l'instinct et la raison, continuellement à la recherche d'un équilibre". On est proche d'Aperghis, séduits par le jeu des visages, des corps des chanteurs impliqués dans les résonnances et la virtuosité de la partition collectve!Enchantement garanti à l'occasion de ce programme éblouissant!

Orchestre Philarmonique de Strasbourg
Marko Letonja, directeur musical de l'orchestre fait une performance en dirigeant de main de maître, la formation, à l'occasion d'un concert consacré au double portrait de Charles Ives et John Adams.
Ces deux compositeurs qui ouvrent et bouclent le XXème siècle musical aux USA, illustrent tradition et modernité avec brio et équilibre. "The Unanswered Question" et "Central Park in the Dark" en sont les fleurons concernant l'œuvre de Charles Ives: puissante, polymorphe, étourdissante, la musique d'ensemble est magistrale et touchante, très contrastée et empreinte d'une grande profondeur émouvante.
Quant à John Adams on découvre "My Father Knew Charles Ives"Harmonielehre", hommage à ses pairs, révolutionnaires du siècle passé.L'instrument orchestral y est magnifié, éclairé par une tempête dev sons, d'harmonies étranges à l'oreille pourtant rompue à bien des surprises!
Ce concert fait date et enchante, harmonieux autant que décapant, ilsitue les auteurs dans le vaste champs de l'ère de la musique emblématique du minimalisme américain, en "grandes pompes"! uNAN

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire