mardi 13 mai 2014

"La ménagerie de verre" aux TAPS SCALA: attention fragile!

Dans les remous de la crise de 1929, Tom partage un deux-pièces à Saint-Louis (ville où l’auteur passa une partie de son enfance) avec sa mère et sa sœur Laura, une jeune femme secrète, fragile et terriblement timide. Le père, parti depuis des années n’est jamais revenu, laissant à son fils la charge de la maison. Dans un quotidien morne, rythmé par l’évocation perpétuelle du passé, Tom fait des projets d’avenir et trouve l’évasion au cinéma du quartier ; Laura se replie sur sa collection de petits animaux de verre tandis que leur mère caresse l’espoir d’une vie meilleure et l’idée de trouver un soupirant pour sa fille. Laura, légèrement infirme, tentera sans succès de se plier aux exigences de sa mère en recevant, dans l’appartement apprêté pour l’occasion, un ancien camarade de collège qu’elle regardait jadis avec les yeux de Chimène et qui aujourd’hui, travaille dans l’entreprise de son frère. De cette rencontre porteuse de tant d’espérance, il ne restera qu’une petite licorne de verre cassée sur le sol, comme l’image d’un rêve brisé...
L'histoire se déroule dans un appartement qui donne dans une ruelle crasseuse probablement à St-Louis. Le père a abandonné sa famille depuis longtemps. Tom, son fils, gaspille ses jeunes années à travailler dans un entrepôt pour subvenir aux besoins des siens. Il en a marre de cette vie. Mais sa mère, Amanda, ne le lâche pas. Cette dernière tente de caser sa fille Laura, qui ne s'intéresse qu'à sa collection d'animaux de verre...
 La compagnie INDIGO de Ribeauvillé propose une adaptation de la première pièce de Tennessee Williams, de Jean- Michel Deprats, mise en scène de Martin Adamiec.
Sobre et efficace, cette version de portrait de famille en crise!
C'est une contrebasse qui donne le rythme à la pièce: de son corps imposant, elle souligne le drame naissant, les instants de pause, les murmures ou les éclats des quatre protagonistes.
Une mise en scène délicate, respectueuse de l'esprit de la pièce, sans redondance ni trop d'appuis au texte, très riche et rebondissant.Mener la danse, faire de ces héros des hommes et des femmes à la fois pudiques et impudiques, plein d'excès ou de réserve!
Mère et fille contrastées, hystérique ou timide, tout se joue dans la nuance des comédiennes.
Jeu de corps pour Laura, fragile et handicapée, raidie par le manque de confiance et les secrets accumulés qui se transmettent dans sa collection d'animaux de verre qu'elle vénère et oùelle se réfugie.
Tom, lui, explose, éclate et ne parvient pas à désobéir! Tout comme sa soeur, ligotée par les abus de sa mère, fagocitant leurs existences!Les liens, les nœuds qui entravent ce joli petit monde d'apparences bienséantes, sont ténus Une valse pour dédramatiser et détendre Laura? Un petit tout de bonheur et de lâcher-prise dans cette agitation fébrile où ça court, ça court la famille!
"La ménagerie de verre" comme un cirque, une arène où l'on tourne en rond dans une routine du comportement.Sans pouvoir s'en échapper jamais.Séquestre, enfermement, on y respire difficilement dans un espace scénique volontairement restreint à l'essentiel.
Voix off comme échappatoire parfois, rêveries musicales pour bercer les déceptions....
Jim, le prétendant parviendra-t-il à  dénouer ces liens si tendus entre membres d'une famille qui se complait à jouer aux vases communicants?
Fragile, éclatante,brisée aussi, la marque du destin en verre et contre tout!
"Ma mère et ses verres ont les pieds fragiles"
La conclusion, épilogue, est belle et focalisée par un rayon lumineux, halo ténu sur ces petits personnages miniatures de la collection de Laura.Bel effet dramaturgique, sans mot, dans le silence de la rémanence de tout ce trouble passé devant nous.
r
Du 13 au 16 Mai aux TAPS Scala
www.taps.strasbourg.eu

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