mardi 12 décembre 2017

"Rain": il pleut des corps!



Créée en 2001 sur Music for 18 Musicians de Steve Reich, Rain, reprise en 2016, est l’une des chorégraphies les plus électrisantes d’Anne Teresa De Keersmaeker. L’artiste belge poursuit et accentue ici les lignes de force qui marquent son approche du mouvement : l’occupation géométrique de l’espace, les formes mathématisées, la répétition inlassable, l’art de la variation permanente — tout ce qui peut être considéré comme la signature de Keersmaeker est ici poussé à ses limites. Pendant que la musique de Reich se déploie dans d’irrépressibles variations rythmiques, les dix danseurs et danseuses font naître des vagues de mouvements qui se superposent, se croisent ou se prolongent, une irrépressible énergie collective passe de corps en corps. Ce qu’on voit et entend sur la scène semble ainsi être animé par un seul souffle. Il contribue à « transformer », dit Anne Teresa De Keersmaeker, « quelque chose de très technique en une véritable émotion et une narration ». Cette transformation s’exprime ici dans une pluie incessante d’images et de forces pour donner naissance à une communauté bouillonnante et singulière.



Vaste plateau nu, cerné d'un dispositif étrange spirale de fils suspendus, silencieux
La musique déferle, les corps s'élancent, s'attrapent, se distendent, se repoussent, se distancient.
Jupes pour les filles, tenue sobre pour les garçons, toujours discrets comme pour un nuancier.
Ils en changent dans le secret des coulisses, réapparaissent, couleurs pastel à la Olivier Debré...
Tout le charme de la chorégraphie se décline à l'infini, corps penchés, comme aspirer par des forces aimantées Bras et chevilles à l’équerre, en déséquilibre permanent. Tout le charme de la chorégraphie opère, des groupes se font et se défont, s'esquivent, se frôlent. Le jeu malicieux des danseuses réunies en gynécée séduit et le charisme des sourires, des entrelacs de corps,offre une atmosphère joyeuse, entraînante; Des sauts légers à perdre haleine, de beaux déhanchements furtifs et chutes vives , rapides: la verticalité en prend un sacré coup devant ces ondoiements, ces balancés hallucinants: hypnotique danse enivrante, Catharsis et autres phénomènes d'empathie s'emparent de celui qui écoute  a danse, regarde la musique. Un mouvement choral, les danseurs alignés en élice, chavire dans son axe et comme une éolienne distribue, redistribue les corps dans l'espace.
On est hypnotisé par la virtuosité légère des interprètes, pétris de musicalité
Steve Reich magnifie le complexité des phrasés, la danse s'envole, fluide, penche, se roule au sol, ou s'élève en portés hallucinants de grâce Un danseur s'isole, esquisse un solo, bordé par la multiplicité déferlante des mouvements des autres.Les inclinaisons sur les côtés aspirent les envolées, les échappées belle de cette danse sensible, noble et parfois lasive et nonchalante.
Électrons libres, lâchés dans le vent, dans les plis et drapés légers, transparents des costumes, changeant comme les couleurs d'un arc en ciel, d'un nuancier.
Ils traversent le rideau de pluie, ensemble, courent à perdre haleine pour mieux se rejoindre et éclatent de nouveau en moultes directions..Les axes forment une architecture savante, les chutes au sol ne sont que rebonds et les reculades spiralées détournent l'attention à foison.
Que la danse est belle et lorsqu'au final l'une frôle les longs cils du rideau, la fête est fine
Silence et retenue.Rideau. Fin du voyage!
On est médusé, ravi, pétrifié devant tant de vigueur, d'énergie. 
Trame et chaîne se dessinent à l'envie  pour tisser les entrelacs de l'espace chorégraphique.
Une écriture majeure de la danse d'aujourd'hui! En majesté, en majuscule !





Au Maillon Wacken les 12 et 13 Décembre

Chorégraphie : Anne Teresa de Keersmaeker - Rosas // Présenté avec le Kulturbüro Offenburg. 
C’est une des oeuvres magistrales de l’histoire récente de la danse : Créée en 2001 sur une musique de Steve Reich, Rain, reprise en 2016, est l’une des chorégraphies les plus électrisantes d’Anne Teresa De Keersmaeker. L’artiste belge poursuit et accentue ici les lignes de force qui marquent son approche du mouvement : l’occupation géométrique de l’espace, les formes mathématisées, la répétition inlassable, l’art de la variation permanente — tout ce qui peut être considéré comme la signature de Keersmaeker est ici poussé à ses limites. Pendant que la musique de Reich se déploie dans d’irrépressibles variations rythmiques, les dix danseurs et danseuses font naître des vagues de mouvements qui se superposent, se croisent ou se prolongent, une irrépressible énergie collective passe de corps en corps. Ce qu’on voit et entend sur la scène semble ainsi être animé par un seul souffle.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire