mardi 5 décembre 2017

"Littéral" Daniel Larrieu aux pieds de la lettre ou de l'être: du ballet !

"Rrose Selavy"!
A propos de :
"Littéral, c’est le mot juste pour traduire en danses l’expression « fêter ses 60 balais ». C’est aussi le mot retenu pour cette nouvelle création. Un prétexte pour faire les louanges de l’écriture et du mouvement en invitant sur scène six interprètes et un authentique corps de balais... de paille. 
Paysage ludique dédié à voir la vie en rose, Littéral, s’adresse à tous les enfants de 7 à 77 ans. C’est aussi l’occasion pour Daniel Larrieu de décliner avec esprit, sa propre conception des mots et du corps. Dans le grenier de ses nombreux spectacles, il a mené grand ménage et composé avec la mémoire des gestes. Danses d’action ou de situation, tournures de sens et contresens, les trois partitions chorégraphiques de cette pièce sont rythmées par des univers musicaux radicalement différents. Parfois mises en demeure, au pied de la lettre ou du récit, les danses du chorégraphe, qu’elles soient d’hier et d’aujourd’hui, ont la précision du trait, le goût des lignes graphiques. Elles ont aussi opté pour un ton libre et direct.Joignant le geste à la parole, cette pièce se place sous le signe du jeu et traduit avec humour une certaine idée la vie en rose." Iréna Filiberti


Happy petit beurre's day to you!
Il a toujours 20 ans, Daniel et toute sa danse! Un anniversaire -âne hiver sert serre cerf-ça sert énormément à voir la vie en rose, en soquettes noires, collant chair (ça coûte bonbon) Alors, au travail, en techniciens de surface, au travail, dans la tache", tachant de ne pas se tacher, ni "salir la danse" ou le tapis, clef de sol de son oeuvre.
Des "ballets roses", pour balayer devant chez soi !
Le "maître" en ces lieux, apparaît sur scène, digne, droit, léger, glissant sur la scène, danse enrobée, câline, sensuelle: un solo tout de brillant vêtu, combinaison transparente, plissée, réverbérante pour prolonger les mouvements amples. De petits sursauts agiles en contrepoint de profils et bras en couronne, repoussant l'espace, décrivant un paysage fantasque à même l'éther. Il cueille la danse, la partage, la répand.Quelques révérences, quelques attitudes et postures signées, griffées du couturier horticole qui trace des allées et venues frontales, des reculades singulières en chorus....Des claquements de doigts, percussions rythmées pour surprendre le long fleuve musical ambiant, varié.Danse tricotée, ondulée, petits déhanchés futiles, tout un vocabulaire, lexique, abécédaire que Daniel Larrieu va passer à ses interprètes qui prennent la scène, succédant au "mètre" de balais, chamane et "sorcier" à balais, Le Michael Lonsdale de la danse d'aujourd'hui, barbu généreux, stricte penseur de sa danse, parfois faite "sale" pour mieux briller de sa préciosité remarquable.Directions sagittales, rondes joyeuses, danse en miroir pour ces cinq danseurs, tout de rose emmaillotés, caleçon long pour l'un, académique et tunique classique pour une autre, chignon bien noué pour l'une. Parfois somnambules ou alignés en cascade dégradée où chacun passe son tour et esquisse sa mouvance plus personnelle. La symétrie déstructurée agit pour semer un léger chaos dans cette mécanique d'horlogerie, précise, rodée, engrenages bien huilés pour tracer, points, lignes, plans à la Kandinsky. Les bras tendus comme des éoliennes, on écrit, on efface, on dessine puis rompt et se plie, se déhanche, sautille et reconstruit le jeu agile du poids, du lâché prise, du rebond.La complicité opère, sage compagne de ce "ballet" où sur la scène, comme un ready made, un vrai objet trône et nous fait dire que "ceci n'est pas un balais", mais un ballet "rose"
Un mobile à la Calder au dessus de leur tête au final, des musiques, oscillant du baroque au répétitf, tout concourt ici à tracer un itinéraire "raisonné" dans l'écriture de Daniel Larrieu, chiquenaudes et faune fantasque en mémoire.
D'autres balais, en rang serré, alignés évoqueraient des figures ethniques ancestrales.
De belles constructions architecturales à la Carpeau, des poses quasi grecques, profils et jambes relevées à la Isadora Duncan: et si les strates de la mémoire corporelle opéraient dans ce beau palimpseste gestuel, stricte, découpé, précis et virtuose....Comme une valse à soixante temps, un manège enchanteur qui tourne et ouvre l'espace, paumes ouvertes et bras au doigt pointant la décision, l'intention de la danse tirée au cordeau de Daniel Larrieu, bâtisseur et défricheur des sentiers de la danse soyeuse à souhait.
On prend du recul, du champ, Duchamp et on imagine ces cinq interprètes au final revêtus de la tenus du "maître" pour mieux dessiner des figures emblématiques de la gestuelle savante d'un passeur d'énergie contenue, dosée et partagée à l'infini
A Pole Sud ce soir là, c'est aussi trente ans de vie inaugurée par le même Daniel Larrieu: souvenirs, souvenirs......

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