samedi 24 octobre 2020

"la banane! " au Festival INACT: être ou ne pas être une banane ou avoir la pêche de Magalie Ehlinger!


L'expérience d'un fruit mythique de la
Compagnie /// E ///
(FR) samedi 24 octobre lors de «Joyeuse Gravité» : 
 
« La Banane » est une réécriture contemporaine du mythe de Circé. Magicienne cynique sur son bout de basalte, elle observe le mimétisme contemporain avec acidité. La Banane se fait bananer mais, au fond, elle espère une nourriture plus consistante pour l’Homme.
Magalie Ehlinger est comédienne, écrivain de plateau et auteur. La Compagnie /// E /// tend à remettre les mythologies au rythme de notre époque. Les figures des mythologies antiques sont ainsi explorées à travers des improvisations, des recherches de corps et de sensations afin de retrouver ce qui tremble, ce qui vibre sous le tissu de l’histoire. Elles sont ensuite partagées à travers des réécritures dont l’oralité simple permet à tout le monde d’y accéder.
 

 
Ne pas bananaliser la banane !
Dans la salle des colonnes du Hall des Chars, aménagée en trois plateaux de scène, place à la performance de Magalie Ehlinger.
En tutu de tarlatane jaune banane, cache-cœur également tout jaune d’œuf, collant noir, pieds nus, elle s’assoit et se filme en train d’effeuiller un texte et de nous le montrer, nous le soumettre sur écran simultanément. Mots éparpillés pour un conte, une histoire à dormir debout.Elle serait "blindée" selon ses dires pessimistes mais on la trouve bien galvanisée par ses propos et vive, alerte et réactive. Face à la crise, aux pleurs, aux larmes qu'elle côtoie trop souvent! Larmes de crocodiles, ou vraies larmes, expulsées de ce corps humain qui n'est fait que d'eau ! Circée en connait un morceau sur son île flottante de pleurs.Elle nous regarde, nous toise, narquoise et quitte la technologie pour se livrer à vif à nos regards, frontale, courageuse: la proximité joue en sa faveur et elle gagne vite notre "sympathie" dans l'empathie de ses propos. C'est de l'intime, tout cela, ces séquences d'émotion que vit une banane! Fruit de ses fantasmes d'en devenir une pour échapper aux pleurs et peurs terrestres trop humaines. On n'est , on nait dans le néant aux intérêts vulgaires avec les histoires des autres à endosser. Alors, il vaut mieux se métamorphoser en banane pour y échapper à ce triste sort de renoncement: le monde ,celui de Jacky, son antenne pole emploi, relais de défaite et capitulation...Un emploi d'homme -femme sandwich pour distribuer des bonbecs au parc d'attraction. Un masque facial relaxant à la banane, c'est mieux que tout, que rien!
 

 
 "Que de la banane" au programme nous dit-elle en brandissant le fruit de la discorde ou de la concorde!Le jaune "haribo", elle déteste, mais "il faut bien manger", crouter pour vivre.Et la peau de banane, n'est-ce pas le plus bel endroit intime, érotique à effeuiller? "Mais on va où là" s'exclame-t-elle, courroucée par la lâcheté humaine.
La banane, elle, est noble, racée, impériale, jaune souffre, canari et de toutes variétés à décliner selon le terroir et l'origine de plantation. Cavendish, Lady Finger, Blue Java, Gros Michel...Elle nous refait le portrait de Jacky, son antenne pole emploi qui n'en a pas beaucoup d'antennes détectrices de travail... La banane est alors longue à digérer, en purée ou autre transformation. Contre les madeleines qui pleurent, place aux bananes qui sourient et redonne pêche, frite et tonus!
 
photos patrick lambin
 
Magalie, frêle et forte femme tire bien son épingle du jeu, avec ses textes à elle en bouche, ses yeux faussement innocents au regard frondeur, sa verve et gouaille énergique, sa silhouette gracile et pas si docile que ça!

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