"Toujours après minuit" c'est jamais avant l'heure: et c'est l'heure pour nos deux compères Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth de régler des comptes aux mots, aux gestes, à la danse, à la chorégraphie, aux corps! Aors, à la bonne heure!
Corps pas "glorieux" ni "orthodoxes" mais plutôt ceux qui animent une boutique fantasque où tout est bon, tout est à vendre!
Mais pas à n'importe quel prix: tout ne se brade pas, ne se solde pas dans cette boutique à la Ben Vautier, ce cabinet de curiosités multi -usages où tout semble exposé au regard, exhaustive vitrine d'un musée zoologique en proie à l'angoisse de la perte d'espèces rares!
Drôles d'oiseaux donc que ces deux perruches pleines d'humour, de distanciation, de recul, engagées "dans la bataille" pour mieux sauvegarder leur image de marque: des "marques", elles qui se démarquent, se singularisent et virevoltent à travers les genres sans gants ni concession!
De l'art comptant pour rien, très content contemporain, à fleurs de peau, à fleurs de prise.
Sur le plateau, des pupitres, des partitions encombrent l'espace, en autant de petits obstacles sur pied.Deux singulières créatures apparaissent pour se jouer de quelques expressions galvaudées: le "ça va?", il" faut que ça aille" devient le credo d'une litanie burlesque , mimiques et gestes appropriés.
On parle de la mort, ce qui nous attend tous, tous êtres confondus, égaux devant la sentence de la camarde. Lune chute, l'autre pas, chutes alanguies, merveilleuses tentatives de rejoindre le sol, cette position allongée pour l'éternité.
Mais elle se relève!
Le duo bat son plein, les rires fusent dans une partition virtuose: feinte salvatrice pour détendre l'atmosphère; la "comédienne" rugit, la danseuse bouge comme n archétype de grâce et de langueur.
On y joue à cache-cache avec le texte de Elisabeth Gonçalves qui semble être du prêt à porter pour nos deux mannequins hors norme d'une tendance à phonier en dansant, à danser en jouant.
C'est beau et juste, à la frontière d'un quotidien transcendé, décalé, qui glisse et se déplace, comme un objet détourné.
On esquisse une danse scottish, légère et bien codée sur un air folklorique on marche très martial" sur "Pomp and circumstance March N°1 " d'Edward Elgar, marche funèbre plutôt en décalage!
Le dialogue reprend, le mélange des langues si bien venu que l'on ne le perçoit que quand il cesse.
Éprises de bon sens, d'absurde, de surréalisme, elles naviguent à vue sur le plateau avec bonheur et justesse: on ne peut que céder à ces sollicitations, interrogations, réponses ou suggestions de vérités discutables! Pas de "liquidation" où tout doit disparaître dans ce grand magasin au bonheur des dames! Ca va coûter cher tout ceci ! comme disait Boris Vian dans son "J'coute cher!"
A Pôle Sud ce soir là, Brigitte et Roser trouvaient un public conquis, réceptif, aux aguets, sur la sellette devant ces saynètes débordantes d'évidence, d'et-vie-danses!
Le bon sens près de chez vous! Paroles de Dames! Et ce n'est qu'un "prologue" à un vaste projet entre notre trio de comédienne, écrivain, danseuse, inventeurs d'un genre hybride à la "Toujours après minuit" : théâtre du verbe incarné!
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