vendredi 16 octobre 2015

"Le Méridien" de Nicolas Bouchaud: quel souffle !

Souffler n'est pas jouer !
Et pourtant ce solo, monologue mis en scène et interprété par Nicolas Bouchaud, ne manque pas de souffle, ni de respiration!
A l'instar de Buchner et de Paul Celan, voici une performance très ambitieuse, bardée d'orgueil , de savoir-faire et d'être en scène, tel que Nicolas Bouchaud sait le faire et l'inventer.
La rencontre entre un poète et un acteur, une oeuvre littéraire et un corps, que les mots traversent, irriguent, animent opère et donne naissance à un cour magistral où il a toutes ces "facultés"
On rêve d'un enseignement universitaire aussi vivant, habité, spectaculaire!.


Belle prestation entourée d'un décor de collines graphiques, tendues sur toile, surpassées par un parterre de souffle de craie quand l'acteur sème à tout vent de la poudre aux yeux du monde!
C'est une évocation de Lenz, de la mort de Danton, c'est un partage des poèmes de Celan (conférez pour mémoire ce même emprunt dans le  "Passim" de François Tanguy), une convocation d' Oberlin: on est en territoire connu, à l'aise parmi des univers déjà côtoyés.
Et Nicolas Bouchaud d'esquisser une petite danse, chorégraphiée par Jean François Duroure, où il déploie son corps qui bouge et se meut selon ce qui l'anime: le mystère, la joie et surtout ce souffle dont il est question tout au long de la pièce


Quand in fine, le "méridien" se dévoile, trace, coupure géographique, séparation tectonique,le charme est rompu et l'adieu de l'acteur sonne comme un glas de départ, de perte, de séparation
Quittons nous bons amis, malgré parfois des tendances à l'égocentrisme ou à la parade chez cet acteur qui se gonfle, enfle, s'enflamme s'épanouit et envahit de son regard aiguisé, tout l'espace: peut-on encore y respirer, nous spectateurs, alors qu'il nous traque où nous enferme dans une extrême sensibilité à nos réactions: le quitter en plein spectacle ne lui est pas envisageable, alors il fusille et prend en otage!
Au TNS jusqu'au 16 Octobre salle Gruber

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire