samedi 3 octobre 2015

"Jeunes Talents": Académie de Composition, Philippe Manoury:des révélations prometteuses.


C'est un grand jour, celui des révélations des prix de l'Académie de Composition dirigée par Philippe Manoury et Hanspeter Kyburz et interprétés par les ensembles Accroche Note et Linéa, partenaires du projet!
On s'affère Salle de la Bourse pour cette remise des prix et audition en avant-première des œuvres des auteurs compositeurs, heureux élus, parrainés par Musica, porteur de nouveaux talents, de prospective, d'avenir immédiat pour la création contemporaine.
Belle et généreuse initiative, ambitieuse, réaliste, concrète."Pas de compétition, ni de concours, mais un travail collectif" confie Manoury, animateur et pédagogue hors pair!
"Primavera" de Michelle Agnès Magalhaes inaugure le concert, interprété par L'Accroche Note
La jeune compositrice parle de jardin, de graines, de latence, de floraison, de petites sonorités pour évoquer son monde, inspiré par la chanson populaire brésilienne
Au tour de Françoise Kubler de faire sienne cette langue musicale en résonance.Percussions des lèvres, piqués, sons interrompus, trilles ou tenues, vrilles...Puis chuchotements et ricochets par petits souffles, elle susurre, miaule, jodle à l'envie!Chuintements et musique à l'unisson.
Roberto Fausti succède à cette oeuvre très aboutie avec son "Trio" pour clarinette, violoncelle et piano? une musique virtuose avec accidents intentionnels, sans dramaturgie, en taches de couleurs, phrasé musical où le piano semble "dénoter", prisonnier de ses timbres Musique parfois furieuse, bruissante et onirique
Ricardo Eizirik offre, lui, son bric à brac, grand bazar d'appareils incongrus, objets de récupération: musique équitable?
A la Depoutot ou Tinguely, la scène devient sculpture musicale et tout un monde sonore en surgit: c'est "junkyard étude", une déchetterie où l'on ne triE pas les déchets mais les apprivoise et dompte en instruments sonores, à la Devos, le cown musical, bidouilleur d'instruments. A côté les instruments nobles font bon ménage: la mécanique, la machine est reine, les automates aussi dans un savant mouvement d'horlogerie.Usine à déverser le son, engrenages décalés, tuyaux sonres, boites de conserve, bris de verre, tout semble bon pour notre compositeur à la Cage.La récupération lui sied à merveille et sa "décharge" est un paradis pour bricoleur et chineur de sons hétéroclites!
Amadéus Julian Regucera avec "OPHELIA.Her heart is a clock" rassemble l'ensemble Linéa et dix interprètes sous la direction de Jean-Philippe Wurtz.
Oeuvre déployée en deux mouvements, inspirée d'un "Hamlet Machine" avec bruits et dramaturgie à l'appui.
Chaos, silences s’enchaînent en contraste, rupture tectonique, pour se fondre en berceuse contemplative, comme un coup de théâtre, un changement de situation
Echos de musique, bruitages, frissons et moments d'effroi
Des voix y bruissent, murmurent et s'éteignent, disparaissent en chuchotements.
C'est à Amadéus que Musica et son Académie "Rohan" (et pourquoi pas comme "médicis") in fine confie une commande pour l'édition 2016 !
Beau concert en prise direct avec le festival pour ces jeunes pousses immergées trois semaines durant dans le monde de la création musicale:revoir sa copie, accepter la critique, gommer, pour mieux naître à soi-même, savoir quel compositeur on est et où l'on va, accompagné par les plus grands et plus modestes artistes!




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