samedi 3 octobre 2015

"Jeunes talents scènes TNS IRCAM et "Berlin, symphonie d'une grande ville" à MUSICA: on n'arrête pas le progrès!


Le TNS et l'IRCAM, pour cette quatrième étape de "jeunes talents 2015", avec le Conservatoire et l'Académie supérieure de musique de Strasbourg/ HEAR, explorent les relations entre musique et espace, sonore et scénographique
Trois projets sont présentés dont deux collaborations entre jeunes compositeurs et élèves de l'école du TNS;Le tout sous la direction d'Armand Angster et son "ensemble de musique contemporaine", la mise en scène, dramaturgie, scénographie assurée par les élèves du groupe 42 de l'école du TNS.


"Apopheniia" de Andréa Mancianti pour démarrer ce programme alléchant:pièce de théâtre musical où un personnage, fantoche animateur radio, conte les aventures des présidents de la république, Lincoln et Kennedy, comme un Léon Zitrone bien pensant
Aux prises avec un environnement musical électronique et deux compères dissimulés derrière un rideau opaque, il se débat, pantin en proie à de vives secousses telluriques verbales
Aperghis veille sur cette pièce théâtrale en diable où l'atmosphère rehaussée par clarinette basse, percussions et contrebasse se campe et ordonne un joyeux délire contenu.

"Karukinka" de Francisco Alvarado, en création mondiale pour continuer le voyage au coeur du théâtre musical: l'histoire d'un peuple précolombien ici conté par la voix de Ludmila Schwartzwalder, flûte, alto, percussions et une scénographie graphique rappellent l'esthétique des sculptures musicales de Peter Vogel: comme un attirail de réseau électronique, comme un tableau de méandres graphiques ou un environnement de sculptures lumineuses de Nicolas Schoeffer.Comme une partition chorégraphique, Laban notation affichée en fond de scène

Une nouvelle oeuvre de Mayu Hirano,"Singularité"également en création mondiale clot ce début de soirée salle Koltès au TNS, pour accordéon, quatuor à cordes et vidéo
Des instants musicaux sans fin, une éternité qui s'étire au son de l'accordéon et une apesanteur évoquée par un remarquable travail vidéographique de Renaud Rubiano: vagues, fluidité, flocons futiles, espaces lumineux gracieux, volatiles qui épousent cette musique proche de la sculpture sonique, lumineuse en temps réel sous un jeu de miroirs troublant, déstabilisant
Très belle scénographie, efficace, innovante et issue d'n imaginaire spirituel très musical, en phase avec la musique suspendue et planante de Hirano!





"BERLIN, symphonie d'une grande ville": un ciné concert à partir du film muet de Walter Ruttmann de 1927 sur une musique de Edmund Meisel, interprétée par l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg, dirigé par Frank Strobel



Quand on découvre Berlin, immergé dans le rythme d'un train qui va entrer en gare, on songe aux films expérimentaux deu futurisme italien, ou d'un "Ballet mécanique" de Fernand Léger!
Symphonique d'un montage d'images fulgurantes, de passages, de lignes, de tectonique de machinerie, de ponts et architectures de ville: ce film est un témoignage à lui seul d'une époque, d'un style architectural et environnemental que plus d'un cabinet d'architectes revendiquerait comme "patrimoine" et mémoire du bâtit urbain.
Dynamique, éloge de la modernité, de la mécanique, du robot aussi tant le montage des plans en noir et blanc est vif, rythmé, rehaussé par la musique de Meisel
Ode à la modernité, à l'inhumain dans les deux premiers actes; puis tout s'humanise, les espaces s'ouvrent, portes et fenêtres, les rues s'animent, les volets des boutiques révèlent leur secret, les rideaux roulants des secrétaires, s'animent
Joyeux orchestre visuel, monde d'objets animé
Puis c'est la foule qui vient perturbé ce monde de mannequins, ces rues encore vides à potron-minet
La foule !Quel délice graphique, quel humour aussi et quelle vérité dans ce portrait de "ville symphonique" que l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg, en "petite forme réduite" mais "grande forme" musicale, double, devance, freine avec tact et précision, opportunité et pertinence!


On n'arrête pas le progrès dans ces "lumières de la ville" dans cette mécanique infernale sans cesse en activité fébrile.Les "temps modernes" sont proches!On en sort galvanisé, encore au rythme du cabaret, des lumières , des automobiles, de train, de tout ce qui "bouge" dans une frénésie contagieuse: célébration du moderne, de la machine, des hommes au timing compté, robotisé, voici un film expérimental édifiant sur le mode de communication informative, proche d'une propagande sur le fil: 1927....Pas innocente cette date où tout va basculer dans l'euphorie d'une folie de l'absurde, du délire incontrôlé des techniques et pensées mal interprétées........

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire