lundi 14 décembre 2015

"Comme ils respirent": un film édifiant


Loin du fantasme de la ballerine dans ses chaussons en satin, on de la vie de bohème à la "Fame", le film nous emmène dans les journées de cinq personnages dont les parcours sont très différents mais qui sont unis par un passé commun et surtout par un même moteur, une même exigence... celle de vivre de la danse.


Un film de Claire Patronick
La caméra suit le quotidien de cinq personnages, partagés entre les joies et les peines qui rythment leur vie de danseurs. Un documentaire qui affronte la réalité en face et brise les clichés sur la danse.
Argument : Loin du fantasme de la ballerine dans ses chaussons en satin, on de la vie de bohème à la "Fame", le film nous emmène dans les journées de cinq personnages dont les parcours sont très différents mais qui sont unis par un passé commun et surtout par un même moteur, une même exigence... celle de vivre de la danse.

 Après avoir étudié la danse au Conservatoire afin d’en faire son métier, Claire Patronik a finalement choisi la voie du cinéma. Comme ils respirent est son premier film. Dix ans après leur rencontre au Conservatoire National de Paris, elle recontacte Claire Tran, Louise Djabri, Anna Chirescu et Hugo Mbeng - ses anciens camarades qui ont poursuivi leur carrière de danseurs - et leur propose un nouveau projet. Ils se sont perdus de vue pendant dix ans, ils vont à nouveau danser ensemble. La réalisatrice reprend la danse pour l’occasion et monte une chorégraphie avec eux, que le spectateur découvre à la fin du film, sur une musique de Woodkid. S’ouvrant sur les retrouvailles des cinq protagonistes - en pleine séance photos-souvenirs - le film prend ensuite le parti de s’attacher à chacun d’eux, afin de livrer des portraits croisés de ces danseurs qui ont suivi des chemins différents mais sont unis par cette même passion. Pas question ici de mettre en scène des artistes coupés du quotidien. Il s’agit bien au contraire de montrer l’impact de la danse dans le quotidien de ces jeunes gens "comme tout le monde". Le mythe de l’artiste est brisé, le spectateur est face à des personnes qui souffrent, s’interrogent, ont le trac, s’amusent et mènent la vie des gens de leur âge. Les nombreux témoignages - très intimistes - qu’ils livrent à la caméra avec beaucoup de sincérité sont essentiels car ils permettent de prendre conscience de la difficulté de leur situation, souvent idéalisée. Mal payés, soumis aux échecs, à des règles strictes et insoutenables, rongés par le stress et la volonté de réussir, ces artistes racontent sans langue de bois leurs nombreux tracas. Invitant le spectateur dans les coulisses de leur vie de tous les jours, la réalisatrice souhaitait mettre en vis-à-vis les moments intenses de bonheur sur scène et la dure réalité des à-côtés. Il s’agissait de montrer le réel, l’impact de la société moderne sur ces danseurs qui font partie de notre présent. Comme ils respirent s’éloigne en cela de ce que l’on nous donne habituellement à voir sur la danse et mise sur l’originalité de la posture. Une originalité qui se traduit aussi par la position adoptée par la réalisatrice, que l’on retrouve aussi devant la caméra. Contrairement à ses camarades, elle n’a pas dansé depuis des années et a décidé de montrer à l’écran un autre point de vue, celui d’une jeune femme qui a choisi un autre parcours et qui renoue ici avec la danse, avec toutes les difficultés que cela comporte.

© Zelig Films Distribution
Alternant avec ces témoignages tantôt désabusés, tantôt plein d’espoir - Hugo évoque sa recherche de l’amour ou encore sa volonté de devenir soliste - de magnifiques scènes de danse viennent apporter une touche de poésie à ce documentaire qui entend rester au plus près de la vérité. Auditions, répétitions et représentations finales sont filmées au Théâtre du Rond-Point ou à l’Opéra de Bordeaux, et apparaissent comme autant de pauses artistiques qui permettent de revivre la magie du spectacle et d’observer les danseurs à travers ce qui constitue leur raison de vivre. On suit les étapes de la construction des spectacles, jusqu’à assister à l’apothéose avec la représentation finale, dont l’une des plus touchantes est celle dans laquelle on retrouve Claire Tran, cette danseuse contemporaine, à qui l’on a refusé une carrière de danseuse classique. En abandonnant son rêve et en persévérant, cette dernière à su trouver une nouvelle voie, qui semble être la sienne. Le film le montre bien, les compromis, les déceptions et les échecs sont contrebalancés par les joies, les espoirs nouveaux et les succès. Le titre est bien trouvé pour ce documentaire plein de vitalité, qui oscille entre ultra-réalisme et instants de grâce. Non, tout n’est pas tout rose dans le milieu de la danse, mais le jeu en vaut la chandelle. Voilà ce qui semble être le message du film.


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