mercredi 9 décembre 2015

"Saga": Cap sur Capdevielle et sa "Sagrada Familia" !


En préambule édifiant
"Traditions villageoises, esprits rôdeurs, et petits truands à la dérive, font résonner le
s montagnes qui ont vu grandir Jonathan Capdevielle. Corps et voix en écho s’imbriquent aux facéties de la nature, tissant d’étranges récits. Novateur dans cette démarche théâtrale et physique, le metteur en scène sait enchanter le spectacle, manier le rire, le terrible et l’improbable, parfois jusqu’à l’absurde. 

On se souvient de lui dans Jerk. Solo pour un marionnettiste créé par Gisèle Vienne dont il accompagne la démarche depuis des années. On a pu lui découvrir d’autres facettes avec Adishatz/adieu, pièce qu’il a conçu entre vie réelle et fantasmée sur le registre de l’autofiction. Ses expérimentations ludiques se poursuivent dans Saga. Accueilli en résidence à Pôle Sud la saison dernière, Jonathan Capdevielle revient y présenter sa création désormais achevée. Dispositifs narratifs sophistiqués, corps tour à tour très incarnés où désincarnés, dotent le spectacle de personnages familiaux bientôt devenus les héros d’une tragédie rurale un brin loufoque. Avec un surprenant travail vocal et sonore, un minimalisme corporel forgé d’intensité, le metteur en scène se dédie à l’écriture scénique, troublant les frontières entre fiction et réalité. Quelque part entre le conte et le journal intime, se croisent de multiples voix, regards et témoignages composant un récit aux multiples dimensions."



Et le revoilà donc pour mieux nous plonger dans le noir d'une page blanche: celle d'un texte en train de se faire à l'ordinateur, projeté sur écran, son des frappements des doigts en direct: une voix tape sur les touches et nous écrit, nous conte les péripéties d'une famille, d'un village, d'une boulangerie et de ses "habitants"
Texte qui avance, se rature, se corrige au gré des interventions de la pensée d'un auteur cocasse à la Cloche Merle qui joue de son accent du midi pour mieux nous faire pénétrer cette tribu familiale, encore inconnue.
Lumières et plein feux sur un décor encombrant: un rocher factice tout en peluche, comme au zoo, abrite les pulsations d'un ours, blotti, niché au creux, au sein de cette masse, qui elle-même porte pattes et griffes!
Quatre personnages dont une femme et nous voilà démarrant un voyage au long court, saugrenu, parfois grotesque mais jamais caricatural.Ils ont comme un air de famille dans ce long fleuve tranquille et campe rugbyman, enfant innocent, femme presque fatale ou marcheur, nu, sac à dos, dérisoire et cocase figure écologique, durable et inoxydable.
Comme ces petits bougés, mouvements furtifs dont ils sont constamment animés: gestes du quotidiens revisités dans leur plus simple appareil de fabrication.
"Je suis en installation" murmure la femme sur son rocher: ne pas déranger l'oeuvre d'art: Filliou et Duchamp au rendez-vous, évoqués en filigrane du début à la fin...
Et ça chante, les voix au diapason, à l'unisson de l'absurde, fort belles, justes et si l'on connait la chanson (de gestes), on aime à entendre, étayant, égayant cette sacrée famille, leur sonorités rassurantes
Il y fait bon vivre, bien calfeutré parmi les ours et la vie va son train train de sénateur, hors norme sur les sentiers de l'âne avec bonheur et dérision caustique!
Familles, je vous aime!

à Pôle Sud les 8 et 9 décembre

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