lundi 18 juillet 2016

La danse dans le festival "Avignon, le off": 50 ans! Curiosités!

La danse se taille toujours la part belle dans le festival "Avignon, le off", langage international, art visuel, ludique, politique, inter-disciplinaire ou indisciplinaires!
Quelques perles baroques glanées dans les théâtres voués ou non, à sa discipline.

"Un petit pas de deux, sur ses pas": Bourvil bien vivant!


Pourquoi pas faire resurgir la mémoire de Bourvil, le chanteur et danseur populaire de nos grands parents, pas mort du tout pour nos danseurs contemporains, la compagnie De Fakto, dirigée par Aurélien Kairo.
Ringard, Raimbourg, alias Bourvil?
Pas du tout! On se souvient d'ailleurs du très beau clip vidéo de Decouflé, "Le petit bal perdu" en 1985 avec le chorégraphe lui-même et Pascale Houbin. Une perle!
Ici le patrimoine musette et musical nous fait des clins d’œil malins: Karla Pollux et Aurélien Kairo s'en donnent à cœur joie pour ressusciter la mémoire musicale, swinguante et rafraîchissante de notre comique maladroit de cinéma ou de cabaret.
Un duo d'enfer où sont livrées les astuces du comique de répétitions, de la magie ou du cinéma muet, la verve du bal baloche et la cruauté aussi de l'amour, de la vie qui valse, tangue et chavire.
Après une audition sévère, nos deux protagonistes vêtus à la légère ou à la canotière, se voient la lourde tache d'exécuter danses endiablées, suaves ou comiques sur "Tu me fais pouette pouette", "C'était bien" ou d'autres trouvailles du répertoire populaire de Bourvil
Surgie d'un théâtre de trouvailles jubilatoires, de sourires malins, de corps complices, voici une tranche de vie à goûter absolument avec joie et enthousiasme, empathie avec nos deux héros de pacotilles, maladroits, tendres, hip-hopers ou dandy, carmensita ou diva pour la truculente et rayonnante Karla Pollux!Un hommage tendre , poétique et dansé à Bourvil.

"PS: Montage": le drame chinois.

Quand la compagnie chinoise The Physical Guerrillars de Li Ning se met à l'oeuvre, c'est pour dénoncer politiquement avec courage et sincérité la condition encore bien actuelle de l'ouvrier ou du travailleur chinois.
Ils sont six danseurs amateurs, pour bâtir cette ode, cet hommage au labeur, à la souffrance du corps dans ses taches répétitives et lourdes de sens esclavagiste.Fort bien scénographiée, cette pièce met en scène les objets du quotidien du travailleur: bol, chaudron, gamelle et les magnifie en instruments de musique de percussion, en objets de torture ou de révolte.Les sons répétitifs du quotidien, la musique amplifiée grondent et la révolte sonne après l'humiliation et la soumission des corps au labeur, au martyr. Le travail c'est ici l'aliénation de la liberté de mouvement et de circulation, la mort lente de l'âme et de la pensée. Mao, pas mort? En tout cas, ce message mouvant est dense, riche et courageux: l'engagement de chacun y est touchant et respectable. Du bel ouvrage à découvrir.

"We love Arabs" et l'houmos!

Jamais le bouche à oreille ou téléphone arabe n'a autant fonctionné dans le festival d'Avignon off: et pour cause, la pièce décapante signée du chorégraphe israélien Hillel Kogan, est une gentille grenade, une "bombe" houmos-ristique à hurler de bonheur.
Enfin des paroles sont dites, verbalisées sur le sort des juifs, arabes ou chrétiens d'Israel ou de nulle part, par deux compères, complices dans une dramaturgie sur le fil, à la frontière de la bascule dans l'urgence, le mensonge, l’hypocrisie, au bénéfice du franc et carré, dansé!
Dansé par un théoricien, un chorégraphe, calligraphe, penseur, initiateur de sa méthode, proche de la danse contact et de toute autre forme d'abécédaire, dictionnaire du langage des praticien de la danse contemporaine
Pas de jargon ici, mais l'histoire vraie des mots et maux de la danse en territoire ennemi, prodiguée par un bienfaiteur qui tente de convaincre un danseur "chrétien" à la danse du senti, du poids, de l'émotion et non du copié-collé de la formation formatante.
Adi Boutros joue son rôle, Hillel Kogan ne ment pas, cause et danse et nous fait sourire dans la dérision, le sarcasme, la jubilation du verbe, du texte, corps-texte de la danse. Politique, poétique, militante en douceur avec saveur: celle de l'houmos, le met emblématique de la culture du chorégraphe, dont il se masque, se badigeonne et nous offre au final une dégustation surprise, en communion et partages solennels comme à la messe. Rompez le pain, goûtez l'houmous humoristique et le kébab à pleines dents dans ce petit chef d'oeuvre gastronomique décapant, déroutant, décoiffant.
Les territoires de la danse, l'espace, toute une leçon sur la fragilité des murs, les limites du mouvement, de la proximité, de la mixité: plages, surfaces, espaces, promiscuité, invasion, frontière, barrières s'écroulent de rires et livrent  leur barbelés défiant les idées reçues.
Yes, we love arabs and c° ! En bonne "compagnie" cum panis en latin: partager le pain et l'houmos!

"LMO": vous avez-dit classique?


Eh bien oui, un peu de danse classique, de chausson, d'exotisme, ça fait pas de mal, surtout quand c'est un peu distancé et actualisé, métissé et humoristique! La compagnie "Piège de Lumière" de Isabelle Menut nous fait son show en mémoire de Rosella Hightower? Certes, éclectisme, métissage des genres, ouverture et clins d’œil aux autres cultures chorégraphiques, voilà du bel ouvrage, sur pointes ou pieds nus avec ou sans accents exotiques, de belle facture et de bonne tenue! La culture africaine spécialement bien traduite et galvanisée par deux très bons danseurs!

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