« Peut-on faire revivre les entretiens réalisés dans le cadre d'une enquête sociologique ? » C'est le pari de Sylvie Monchatre, enseignante-chercheuse en sciences sociales à l’Université de Strasbourg, dont le travail trouve un prolongement au Théâtre national de Strasbourg (TNS), dans le cadre de sa programmation « L'autre saison ».
Supervision, texte écrit par Sonia Chiambretto, nait d’un projet Idex « Université & cité » porté par la sociologue Sylvie Monchatre. D'après un matériau d'entretiens menés avec des salariés de l'hôtellerie et de la restauration, elle propose à un auteur contemporain de s’approprier ces quinze récits de vie, sous une forme littéraire et théâtrale. Sonia Chiambretto a accepté de s'en emparer, pour écrire une pièce mise en scène par Anne Théron. Artiste associée au Théâtre national de Strasbourg (TNS), cette dernière met en espace un objet dramatique, social et poétique.
Quatre fauteuils, une table avec lampe, le tout recouvert de draps blancs, comme dans une maison désaffectée; un globe-mappemonde à cocktail...Voici le décor dressé Trois pupitres seront les porte-partition, support de textes pour trois comédiens, en noir, tenue d’hôtellerie oblige.
Tout démarre sur le mode "engagement", manifeste et précepte des métiers de l’hôtellerie. Énumération des postes, exploration par l'exposition des tâches et fonctions si variées, mais cloisonnées du monde de la restauration et de l’hôtellerie.On retiendra parmi elles, le"hurleur", celui qui annonce les plats en cuisine!
C'est comme à l'armée: on s'engage, on acquiesce, on salue et répond "oui" à l'appel. La brigade est en marche! Et les chefs assurent pour les autres! En avant pour le pays des "étoilés", du cinq étoiles, le Palace Blue Hotel, lieu de tous les rêves et les plaisirs du client fortuné.Les espaces de cet établissement fictif sont délimités par les gestes précis des trois comédiens qui tracent et signent les angles et les circulations. Avec les "confessions" des membres de ce "corps" de métier de la bouche: parmi eux une serveuse dont le plaisir d'exécuter son rôle, son métier, est incommensurable! D'autres évoqueront leur passion, leur déception ou frustration à travers le jeu des trois comédiens. Un maître d’hôtel ou de cérémonie incarné par Frédéric Fisbach, une femme de chambre, brillante spécialiste de l'art de bien faire un lit pour la "beauté" de l'environnement, se révèle dans le jeu plein de verve ou de délicatesse de Julie Moreau. Enfin, Adrien Serre, endosse plusieurs personnages, autres facettes du métier: strict, sévère, dur, aussi contraignant et exigeant que l'école de danse de l'Opéra de Paris...."Chaud devant", le torchon brûle et l'on va vous "chambrer" ou vous réciter un inventaire de couteaux à la Prévert. Une valse intime sur "India Song" et la clientèle est évoquée, le personnel bluffé...Bety, la femme de chambre, séduit et nous embarque dans son univers complexe et "savant" lors d'une démonstration de savoir faire un lit... En autant de postures, d'attitudes marquées du sceau de la perfection.Quelques fameuses critiques sorties du déroulé de Tripadvisor à propos du Palace pour agrémenter l'ambiance rude et intransigeante du milieu de l’hôtellerie et nous voilà embarqués au final dans les versets de la Bible Le tout, en rang serré comme à l'armée alarmée!
Un texte très rythmé, en coup de feu, de gueule ou de harcèlement. Des ordres et du désordre dans cet univers passé au crible de l'observation, du témoignage, des aveux.Un corps de métier vu à la loupe, passé au tamis du descriptif : ce "bouillon" ce culture des chefs et dirigeants, des formateurs et managers du milieu est fort édifiant et sans concession.
Très juste et malicieuse interprétation par les trois meneurs de jeu: on ne badine pas avec la formation, le métier et la rigueur. Le texte de Sonia Chiambretto est juste, bien dosé, va des paroles des personnes interrogées, à des textes sur le métier, des réflexions pertinentes et ciblées. La mise en espace, les gestes signés de Anne Théron, trahissent la chorégraphe qui bouillonne en elle et magnifie les comédiens ou danseurs avec qui elle chemine.Une heure de suspens et de "dressage" de textes et de corps à déguster sans modération!
Et si l'on relisait "L'hotel" de Sophie Calle ?
.
L'Université de Strasbourg et le TNS s'associent donc pour présenter le spectacle Supervision, jeudi 8 février 2018, à 19 h, au Portique (entrée libre uniquement sur réservation, au 03 88 24 88 00 ou en ligne). Une autre représentation est programmée vendredi 9 février, à 20 h, au Studio Grüber (TNS). Celle-ci est précédée d'une rencontre avec Sylvie Monchatre, Sonia Chiambretto et Anne Théron, animée par Sylvain Diaz, directeur du Service universitaire de l'action culturelle (Suac), à 12 h, vendredi 9 février, en amphithéâtre 6 du Patio.
Après Les Dormeurs et la Suite vénitienne, Sophie Calle poursuit ses enquêtes avec L’Hôtel, montrant comment les occupants d’un hôtel vénitien laissent en leur absence leur chambre vide. En prenant la place d’une femme de chambre, « après une année de démarches et d’attente », l’artiste a pu ainsi examiner durant trois semaines les traces du sommeil et de l’intimité d’étrangers dans une transgression secrète. La figure du lit – des Dormeurs à l’histoire du Matelas, en passant par le Voyage Californien (2003) – comme lieu de révélation de l’intime, de même que la méthode de la surveillance (La Filature, 1981) apparaissent fréquemment chez Sophie Calle. Dans L’Hôtel, la photographie en couleurs de chaque chambre est associée à un texte relatant, sous la forme d’un rapport policier agrémenté de réflexions personnelles, les constats, réifiés par une série de photographies en noir et blanc. Photographie et enquête se trouvent réunies dans leur essence même en tant que méthodes liées à l’indice, au service d’une tentative de représentation du réel. « J’observais par le détail des vies qui me restaient étrangères », écrit l’artiste pour tenter de définir ce sentiment d’ambivalence entre dévoilement et impossibilité à saisir, même au creux de l’intime, l’essence de l’autre.
Quatre fauteuils, une table avec lampe, le tout recouvert de draps blancs, comme dans une maison désaffectée; un globe-mappemonde à cocktail...Voici le décor dressé Trois pupitres seront les porte-partition, support de textes pour trois comédiens, en noir, tenue d’hôtellerie oblige.
Tout démarre sur le mode "engagement", manifeste et précepte des métiers de l’hôtellerie. Énumération des postes, exploration par l'exposition des tâches et fonctions si variées, mais cloisonnées du monde de la restauration et de l’hôtellerie.On retiendra parmi elles, le"hurleur", celui qui annonce les plats en cuisine!
C'est comme à l'armée: on s'engage, on acquiesce, on salue et répond "oui" à l'appel. La brigade est en marche! Et les chefs assurent pour les autres! En avant pour le pays des "étoilés", du cinq étoiles, le Palace Blue Hotel, lieu de tous les rêves et les plaisirs du client fortuné.Les espaces de cet établissement fictif sont délimités par les gestes précis des trois comédiens qui tracent et signent les angles et les circulations. Avec les "confessions" des membres de ce "corps" de métier de la bouche: parmi eux une serveuse dont le plaisir d'exécuter son rôle, son métier, est incommensurable! D'autres évoqueront leur passion, leur déception ou frustration à travers le jeu des trois comédiens. Un maître d’hôtel ou de cérémonie incarné par Frédéric Fisbach, une femme de chambre, brillante spécialiste de l'art de bien faire un lit pour la "beauté" de l'environnement, se révèle dans le jeu plein de verve ou de délicatesse de Julie Moreau. Enfin, Adrien Serre, endosse plusieurs personnages, autres facettes du métier: strict, sévère, dur, aussi contraignant et exigeant que l'école de danse de l'Opéra de Paris...."Chaud devant", le torchon brûle et l'on va vous "chambrer" ou vous réciter un inventaire de couteaux à la Prévert. Une valse intime sur "India Song" et la clientèle est évoquée, le personnel bluffé...Bety, la femme de chambre, séduit et nous embarque dans son univers complexe et "savant" lors d'une démonstration de savoir faire un lit... En autant de postures, d'attitudes marquées du sceau de la perfection.Quelques fameuses critiques sorties du déroulé de Tripadvisor à propos du Palace pour agrémenter l'ambiance rude et intransigeante du milieu de l’hôtellerie et nous voilà embarqués au final dans les versets de la Bible Le tout, en rang serré comme à l'armée alarmée!
Un texte très rythmé, en coup de feu, de gueule ou de harcèlement. Des ordres et du désordre dans cet univers passé au crible de l'observation, du témoignage, des aveux.Un corps de métier vu à la loupe, passé au tamis du descriptif : ce "bouillon" ce culture des chefs et dirigeants, des formateurs et managers du milieu est fort édifiant et sans concession.
Très juste et malicieuse interprétation par les trois meneurs de jeu: on ne badine pas avec la formation, le métier et la rigueur. Le texte de Sonia Chiambretto est juste, bien dosé, va des paroles des personnes interrogées, à des textes sur le métier, des réflexions pertinentes et ciblées. La mise en espace, les gestes signés de Anne Théron, trahissent la chorégraphe qui bouillonne en elle et magnifie les comédiens ou danseurs avec qui elle chemine.Une heure de suspens et de "dressage" de textes et de corps à déguster sans modération!
Et si l'on relisait "L'hotel" de Sophie Calle ?
.
L'Université de Strasbourg et le TNS s'associent donc pour présenter le spectacle Supervision, jeudi 8 février 2018, à 19 h, au Portique (entrée libre uniquement sur réservation, au 03 88 24 88 00 ou en ligne). Une autre représentation est programmée vendredi 9 février, à 20 h, au Studio Grüber (TNS). Celle-ci est précédée d'une rencontre avec Sylvie Monchatre, Sonia Chiambretto et Anne Théron, animée par Sylvain Diaz, directeur du Service universitaire de l'action culturelle (Suac), à 12 h, vendredi 9 février, en amphithéâtre 6 du Patio.
Après Les Dormeurs et la Suite vénitienne, Sophie Calle poursuit ses enquêtes avec L’Hôtel, montrant comment les occupants d’un hôtel vénitien laissent en leur absence leur chambre vide. En prenant la place d’une femme de chambre, « après une année de démarches et d’attente », l’artiste a pu ainsi examiner durant trois semaines les traces du sommeil et de l’intimité d’étrangers dans une transgression secrète. La figure du lit – des Dormeurs à l’histoire du Matelas, en passant par le Voyage Californien (2003) – comme lieu de révélation de l’intime, de même que la méthode de la surveillance (La Filature, 1981) apparaissent fréquemment chez Sophie Calle. Dans L’Hôtel, la photographie en couleurs de chaque chambre est associée à un texte relatant, sous la forme d’un rapport policier agrémenté de réflexions personnelles, les constats, réifiés par une série de photographies en noir et blanc. Photographie et enquête se trouvent réunies dans leur essence même en tant que méthodes liées à l’indice, au service d’une tentative de représentation du réel. « J’observais par le détail des vies qui me restaient étrangères », écrit l’artiste pour tenter de définir ce sentiment d’ambivalence entre dévoilement et impossibilité à saisir, même au creux de l’intime, l’essence de l’autre.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire