mercredi 14 mars 2018

Travaux publics:Carmen: le dernier acte: celui de la mort: Olga Mesa et Francisco Ruiz de Infante: mourir par procuration, couleur Carmen !




"Les Travaux Publics sont des étapes de travail ouvertes au public à la fin d'une période d'accueil studio. Entre extraits de pièce et discussion avec le public, ces échanges sont l'occasion d'interroger la création, ses procédés et ses enjeux, d'approcher les intentions de l'artiste, sa démarche. Le projet de la chorégraphe et du plasticien initié il y a trois ans – librement inspiré de l’opéra Carmen de Georges Bizet et des Sonnets de William Shakespeare – se rapproche de l’acte final. Les deux artistes dont POLE-SUD a déjà accueilli des étapes – expérimentations alliant performance et arts visuels – réinvestissent le studio. A la façon d’une écriture autonome qui se propage par clignotements, ils font évoluer leur travail dans un espace hybride, ou l’image, le son déstructurent les processus narratifs au sein de paysages autofictionnels entrecoupés." I.F.


POUR MEMORE....
http://genevieve-charras.blogspot.fr/2014/05/olga-mesa-sur-le-tarmak-les-crash-tests.html

Un chantier ouvert ça se visite avec un casque et quelques précautions de sécurité, des consignes d'écoute et de visibilité.
Alors c'est Francisco qui s'y colle, tableau paperboard au poing pour exposer le déroulement de ce work in progress, les fondamentaux de la création de ce quatrième chapitre de "Carmen Shakespeare"!
Couleur Carmen, rouge carmin.
Une étape du travail, un début à tout, une émergence de la matière, un "corps-dispositif" va naître devant nous: nous en serons les témoins, les passeurs d'idées.Francisco plonge dans l'étymologie, expose ce qu'est le "jaléo", ce grand bazar, "bordel" bouillonnant de la création: "encourager", avancer ! La fiction et la construction de cette fiction sont indispensables au récit, au mouvement. Si de la séduction au conflit, de l'errance à la mort, les faits s’enchaînent dans ce double diptyque sur Carmen, la légende de Bizet, des éléments nouveaux rentrent en jeu: le matamore et ses multiples clones pour incarner ou fustiger la Mort: car la Camarde sera bien là, et contrairement à certaines rumeurs dans le monde de l'Opéra (version de Léo Muscatto où Carmen tue Don José), Carmen est visée.
On démarre: Olga Mesa, au sol, lance les objets du délits: lampe tempête, et autres accessoires, en rampant, en reptations langoureuses et furieuses.Elle joue avec la couleur rouge à travers des gélatines qu'elle brandit: obstacles, menaces, couleur "carmin" comme le sang ou la couleur de sa robe rouge qu'elle va bientôt enfiler à l'apparition de Francisco sur scène ?
Des respirations régulières ponctuent l'action: le souffle, la vie veillent sur son sort: comme un flux et reflux d'une marée montante....La chute de Carmen sur une musique des Beatels, des citations qui défilent sur l'écran de fonds de scène: "l'amour c'est tout, la mort, c'est toi". La métrique du flamenco surgit, frappements réguliers et festifs du rassemblement dans l'arène, de l'encouragement et de la stimulation. Le suspens opère avec ses percussions régulières, évocatrices de l'empathie et de la catharsis de la tauromachie.On interrompt la séquence: voilà le travail en cours!
Et c'est à Vidal Blini, artiste associé au projet dans "le circuit court de proximité" d'exposer le pourquoi de sa présence: il y aura Sept Matadors pour mettre à mort Carmen ou Don José ou lui même: tueur à gage qui va s'interroger sur sa destinée et sa mission, une "commande" des protagonistes, une "procuration" pour tuer, dans ce "mètre carré" sacré de l'arène: Purcel et son "Roi Arthur" veille à l'ambiance glaciale....Et pourtant tout cet humour décalé opère et séduit dans cette narration drôle et singulière, surprenante! Coup de théâtre et revirements!
Qui seront ces Matadors invités, comment vont-ils travailler à distance et immiscer dans le processus de création et le dispositif scénique, si important dans le travail de "Hors Champs" ?
La Ribot, Loic Touzé et d'autres complices de toujours...Affaire à suivre dans ces strates, millefeuilles de la création, multicouches de la gestation d'une oeuvre protéiforme passionnante aux rebondissements constants.Y assister est un "privilège", l’excitation de la curiosité face au "résultat" escompté.
Ce rituel où l'on parlera de la mort, en groupe, en se questionnant dans le collectif, intrigue: quel sera le protocole pour l'ensemble des Matadors: qui va mourir le mieux dans cette corrida, rivalité affichée face à la faucheuse, hors champs où l'on se murmure à l'oreille tout ce que l'on ne pourra voir: voix off et danse, mouvements et dramaturgie à peaufiner: encore quelques mois avant la première à Vandoeuvre les Nancy!
En attendant, ça "chauffe" à Pôle Sud, berceau de bien des travaux de la compagnie "hors champ", celle qui voyage dans le monde sans cesse remettant son travail sur le métier à tisser!
Encore un chantier ouvert ce vendredi 16 Mars 19 H, studio de Pôle Sud si vous voulez mener l'enquête sur "la mort" annoncée de ....??? De qui ?




A propos du projet:
"Avec Le Dernier Acte (Celui de la Mort) de Carmen // Shakespeare se poursuit la réécriture improbable du mythe de Carmen à l’aune du langage des images et selon Shakespeare. Le présage de mort, qui traverse souterrainement les trois premiers actes, devient ici tangible. Comme dans l’opéra de Bizet, Le dernier acte est celui du face à face avec à la mort (face à face avec l’amour ?). Il y est question de la mort comme dénouement de l’amour, et du cheminement qui y conduit, qui est l’expérience de chacun des protagonistes.

Toute la dramaturgie est celle d’une fête, celle de la corrida, qui est littéralement la fiesta de la mort. Le plateau est pensé comme une arène. Dans la tension entre fiction et réalité qui traverse tout Carmen //Shakespeare, le rôle du matador est démultiplié.

Le Dernier Acte (Celui de la Mort) est conçu comme une suite de solos chorégraphiques nés des dialogues engagés entre Olga Mesa, Francisco Ruiz de Infante et plusieurs artistes invités. Chacun d’entre eux est, d’une certaine manière, invité à une reprise du rôle du matador : il se voit commander une réécriture du scénario de la mort de Carmen.
La mort de Carmen est-elle une hypothèse plus qu’une fatalité ? Peut-elle disparaître ?  
A partir d’un solo écrit par Olga Mesa sur l’amour et dans les tourbillons de la fête, chaque nouveau matador aura loisir d’envisager à sa manière le dénouement fatal. Cet acte est imaginé comme un terrain participatif, avec des chorégraphes et des interprètes qui construiront des éléments du puzzle.
Dans le souci de correspondance entre l’œuvre et l’époque contemporaine, de nouveaux sens seront donnés à des termes très précis de la tauromachie : sorteo (tirage au sort déterminant la répartition des taureaux entre les matadors), paseo (défilé mené par les matadors et leur cuadrilla en ouverture d'une corrida), la lidia (séquences que le torero réalise pour mener son combat en mettant en valeur les qualités de l'animal et en réduisant ses défauts), le desplante (attitude de bravade du torero face à l’animal), mise à mort.
Comme dans une corrida dans laquelle se rejoindraient plusieurs matadors, diverses formes d’écriture et d’interprétation seront mises à l’épreuve pour parler de la présence, de l’absence et de la solitude, une solitude au pluriel, pour des histoires à partager."



CHOEUR :
Une place vide sous le soleil. Un écran éteint. Plus de trace de la machine. Les barrières font le tour de la scène, comme une arène, tous se préparent et s’échauffent pour la fête finale… the last show !
ELLE :    Donc la phrase...
LUI :       On avait celle de Shakespeare, n’est-ce pas ? « Il s’agit de créer un présage de mort »
ELLE :    « Il s’agit de créer un présage de mort »
LUI :       Je ne sais pas.
ELLE :    Non, la phrase était : « I will be ready when the great day comes »
LUI :       Prêt à quoi ? Tu comprends ?
ELLE :    Oui, « Je serai prêt quand le grand jour arrivera », « Le jour merveilleux ».
LUI :       « Je serai prête ». OK ?
ELLE :    Mais on est en train de parler de la Mort, n’est-ce pas ?
LUI :       Non, on est en train de parler de l’Amour."


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