samedi 14 septembre 2019

"Echappées russes" par le Philarmonique de Strasbourg: échappées belles !


Immense pianiste, Nikolaï Lugansky est l’un des plus grands interprètes du répertoire de son pays : preuve en est dans le Concerto pour piano n°2 de Prokofiev, fresque dramatique et extraordinairement virtuose, où le soliste est poussé dans ses ultimes retranchements. Il entre en résonance avec une dansante suite tirée du Lac des Cygnes et les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, série de dix pièces pour piano devenue mondialement célèbre grâce à l’orchestration de Ravel. L’auditeur est transporté dans un musée aux cimaises sonores dont chaque partie renvoie à une toile pour un voyage.





Tchaïkovski Lac des cygnes, Suite Prokofiev Concerto pour piano n°2 en sol mineur Moussorgski / Ravel Tableaux d’une exposition
Immense pianiste, Nikolaï Lugansky est l’un des plus grands interprètes du répertoire de son pays : preuve en est dans le Concerto pour piano n°2 de Prokofiev, fresque dramatique et extraordinairement virtuose, où le soliste est poussé dans ses ultimes retranchements. Il entre en résonance avec une dansante suite tirée du Lac des Cygnes et les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, série de dix pièces pour piano devenue mondialement célèbre grâce à l’orchestration de Ravel. L’auditeur est transporté dans un musée aux cimaises sonores dont chaque partie renvoie à une toile pour un voyage. Distribution Marko LETONJA direction, Nikolaï LUGANSKY piano Conférence d’avant-concert à 19h00 Palais de la musique et des congrès, salle Marie Jaëll Entrée libre Ce concert fait partie de l'abonnement Séduction. Concert enregistré par ARTE Concert.
Regarder la musique
Ecouter le "Lac des cygnes" , les suites opus 20 a, version concertante est un véritable bonheur: le plateau n'est pas envahi de danseurs, mais des interprètes de cette musique souvent considérée comme "musique de ballet" ou "musique à danser".D'emblée la menace de grondements, la dramaturgie des cordes augure d'un drame à venir et pose l'intrigue à travers les cordes et vents pour verser dans une valse merveilleuse qui rallume nos souvenirs de cette oeuvre si connue. Une version légère, distinguée, très élégante nous est proposée sous la baguette du chef inspiré.La valse est invasive et se répand sous l'impulsion des souffles et des cordes caressées par les musiciens!
On s'imagine les personnages typés par les timbres, l'intrigue, les déplacements entraînants, tourbillonnants de la musique à danser La musique est danse, là, présente, charnelle, évoquant la fête Les danseurs auraient été boostés par cette interprétation singulière, subtile, très en suspension, rebond et autres appuis .

Suit le célèbre pas de quatre, "danse des petits cygnes" où des tutus flottant, vibrants se dessinent, chorégraphie visuelle incarnée par cette musique de rêve, onirique à souhait: le ballet blanc, post romantique, classique est né !
L'introduction à "la reine des cygnes" est un "morceau" de taille: harpe solo toute en délicatesse et suspension: avec le violon voici un pas de deux inédit où les corps sont des instruments: finesse et distinction, suspension des tempi, ralentissements aériens, énergie contrastée, modulée pour ce petit chef d'oeuvre!Les danses hongroises qui suivent, martiales, marche glissée, évoque des danses tournoyantes, collectives, chatoyantes: mouvement allègre, endiablé comme une mazurka ronflante
Scène finale en apothéose d'une vélocité, rapidité fulgurante, ascendante. On s'imagine les portés, les courses folles des danseuses sur le plateau et l'émotion des différents rôles tenus par les instruments, sourd de cette masse sonore bigarrée.
 Un drame se profile à l'horizon: l'invasion des vents en irruption, la grosse caisse qui vrombit avec virulence Final rutilant, bruissant: la harpe vient clore discrètement ce flot continu qui s'apaise et se meurt entre les doigts de l'interprète harpiste
Une version très inspirée où les images imprimées dans nos mémoire, du ballet blanc se dessinent, fugaces comme une danse musicale au plus proche des intentions de Tchaikovsky

"Le concerto pour piano n° 2 en sol mineur opus 6 de Serge Prokofiev permet au célèbre pianiste virtuose Nikolai Lugansky de donner lieu à un véritable événement musical à travers les audaces du compositeur qui mêlent les masses sonores au solo dans des mouvements glissants périlleux.Piano très sec, touches frappées avec énergie et beaucoup de grâce, de fermeté et détermination!
Grave et profonde ambiance troublante qui emporte l'auditeur vers des sphères inconnues .Ca gronde dans une puissance magistrale dans des reprises de leitmotiv variant. Evasion, courses folles à travers l'espace se dessinent, se façonnent à l'oreille. Une démarche pesante, rythmée qui s'allège peu à peu... Dans ce chaos intranquille, inquiétant se profilent suspens et mystère.... Au final, turbulences et mouvements tournoyants L'interprète vibre, habite la musique, se fond avec ivresse dans cette oeuvre difficile, provocante.
Le public ne s'y trompe pas qui réclame un bis, solo magnifique, tranquille où l'on quitte notre démiurge avec émotion!

Pour clore ce récital très "slave" "Les tableaux d'une exposition" de Moussorgski et Ravel
Comme des touches de peinture, pointillisme éclairé débute PROMENADE
Ce fil conducteur connaîtra plusieurs variantes dictées par les émotions ressenties par le musicien au cours de sa visite. La mélodie s’inspire d’une chanson traditionnelle célèbre, Fluidité des cordes et vents, doux mouvements, harmonieux, évasifs...Lamplitude, l'ampleur sonre de la musique se fait force et masse dans Slava. GNOMUS Le dessin d’un casse-noisette prenant la forme d’un gnome marchant avec gêne sur des jambes déformées inspira Moussorgski. De constants changements de tempo et de texture traduisent le caractère inquiétant et fantasque du personnage. Marche mesurée, régulière et surprenante de pondération.
IL VECCHIO CASTELLO Ce tableau évoque un château médiéval devant lequel se tient un troubadour. La chanson de ce dernier est confiée au saxophone.
 LES TUILERIES Si Moussorgski pouvait avoir un caractère abrupt et difficile avec les adultes, il éprouvait beaucoup de tendresse et de complicité avec les enfants. Cette pièce nous le rappelle. BYDLO Il s’agit d’un chariot polonais, avec d’énormes roues, tiré par un bœuf. Au fortissimo initial, Ravel substitue un pianissimo suivi d’un crescendo.
BALLET DES POUSSINS DANS LEURS COQUES Léger et virtuose, ce tableau est inspiré d’une étude de Hartmann pour les costumes d’un ballet, Tribly ou l’Elfe d’Argyne, représenté en 1871 au Grand Théâtre de Saint-Pétersbourg.
SAMUEL GOLDENBERG ET SCHMUYLE Le thème de Samuel Goldenberg provient d’un authentique chant juif du XVIIIe siècle. Une trompette bouchée soutenue par deux bassons plaintifs entonne la mélodie suppliante de Schmuyle. Les deux thèmes se superposent mais le premier aura raison de l’importun.
LE MARCHÉ DE LIMOGES Moussorgski traduit musicalement le caquetage des commères. CATACOMBES Une suite d’accords aux cuivres plonge l’auditeur dans le gouffre des catacombes et dans une réflexion que le compositeur avait face à l’angoisse de la mort. Il avait été le témoin d’un malaise de Hartmann.
 CUM MORTUIS IN LINGUA MORTUA Une promenade dans les souterrains.
LA CABANE SUR DES PATTES DE POULE La demeure de la sorcière Baba-Yaga, dévoreuse d’enfants. Plan pour la grande porte de Kiev © peintre Victor Hartmann
LA GRANDE PORTE DE KIEV Hymne grandiose évoquant le projet de construction à Kiev d’un monument destiné à commémorer l’attentat manqué contre Alexandre II, le 4 avril 1866. Moussorgski cite un chant de la liturgie orthodoxe russe, Comme tu es baptisé dans Christ. Un immense carillonnement mobilise tout l’orchestre. La version orchestrale des Tableaux d’une exposition par Maurice Ravel est créée le 12 octobre 1922 à l’Opéra de Paris sous la direction de Serge Koussevitzky. C'est la cloche en majesté, illuminée, résonnante, don du cercle des mécènes au Philarmonique! Cela donne lieu à une reprise, rappel pour sonner la fin, le glas de ce bourdon merveilleux qui trone au sommet de l'estrade!

Au PMC le vendredi 13 Septembre

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