vendredi 24 mai 2013

Thierry Mulhaupt: "dans tous les sens": un patissier-peintre sens dessous-dessus!


"Dans tous les sens": une exposition renversante
Les gourmets connaissent le maître pâtissier, chocolatier, Thierry Mulhaupt à Strasbourg, déjà pour le"design" très soigné de ses gâteaux, pour ses collections de "douceurs" haute couture de saisons ou pour ces galettes des rois, feuilleté chocolat, ses bûches de Noël à fondre de plaisir.
Un régal des papilles!
On le connait encore trop peu pour ses toiles, ses peintures, son "coup de patte" d'artiste peintre.
Pour le régal des pupilles à présent l'oubli est réparé et c'est à la galerie Froessel de Strasbourg que revient l'initiative de présenter son travail pictural.
Pas de croquis d'éclairs au chocolat, de millefeuilles ou de religieuses...
Vous ne verez que la trace colorée des gestes de l'artiste sur 30 toiles de maître!
Turbulences, jaillissements de pigments, chatoyements des couleurs, puissance des matières....Et beauté du geste!
Cet orfèvre du gout, décline ici sa passion pour les tons chauds, les signes et empreintes de son énergie créatrice.
Ses "fèves philosophales" se transforment en saveurs chocolatées virtuelles, témoins de sensations physiques, d'émotions artistiques.
Comme un as de laboratoire, il invente des tonalités et compose comme un musicien des partitions de fragrances picturales
Sens dessus-dessous, renversant les codes de lecture classique, voici une exposition à déguster sans modération...


 "Je suis en permanence en quête de moments uniques. Des moments durant lesquel s je cherche à associer un vin avec un plat, un liquoreux avec un dessert, un chocolat avec un café particulier, ou encore, avec un cigare ou un Whisky bien choisi. Dans l’optique de cette exposition, j’ai peint des toiles qui m’ont été inspirées par certains de ces instants bien particuliers, ou par des desserts que j’affectionne particulièrement. Je vous invite à vivre une expérience inédite d’émulsion sensorielle, en vous proposant un menu gustativo-pictural inédit et inattendu.
Découvrez une sélection de quatre toiles avec lesquelles je vous propose de déguster une douceur accompagnée d’une musique choisie. Une peinture pour étonner le regard. Une musique pour enchanter l’oreille. Un dessert ou un chocolat, pour bouleverser odorat, toucher et papilles. La Galerie Pascale Froessel se fait la scène d’un moment rare où les sens se mettent au diapason pour créer une émotion éphémère, mais unique. Je vous souhaite de belles découvertes."
THIERRY MULHAUPT




A la galerie Pascale Froessel
15 rue des dentelles Strasbourg Petite France
du 30 MAI au 9 JUIN 2013
www.galerie-pascale-froessel.fr

"JJ'S Voices": Benoit Lachambre: galvanisant! 'Listen to me"!


Sur de bonnes voies.
Ghost spell song .
Janis Joplin, c'est un mythe, une pop star sulfureuse, une chanteuse, une révoltée.
Benoit Lachambre, chorégraphe canadien nous offre sa rencontre avec cette musique si évocatrice de déraillements, de voie sans issue, de voix de "garage", de beauté atypique et sans appel.
Le voilà avec 8 danseurs du ballet Cullberg pour une aventure chorégraphique inédite, une rencontre des plus alléchantes entre deux artistes, à vif, écorchés et sensuels, épris de liberté.

"Un monde de tristesse et de beauté" hante ce performeur, qui a toujours développé son adaptation à l'imprévu.Un immense travail sur la voix éraillée, vibrante de Joplin, se révèle à la lecture des corps des danseurs, traversés par les musiques de cette icône du funck, du folk, de tant de métissages musicaux La lenteur, la pesanteur de l'écriture chorégraphique souligne l'audace du créateur et de son approche fidèle de l'univers de la chanteuse.Celui pour qui le "mouvement absolu" serait "une simple respiration" évoque ce chant de sirène comme une alerte, une alarme au besoin de tendresse."trop souvent perçue comme un ennui, alors qu'elle devient pour moi, une nécessité".La physicalité , l'énergie qui sourdent des corps dansant serait sa griffe, sa marque de fabrique qu'il transmet aux danseurs du ballet de Stockholm.
Tout commence à la vue du spectateur qui s'installe en salle. Les danseurs sont là, sur le plateau, immobiles, silencieux;Vêtus de tenue de sport, sweat-shirt, cagoulés.Hip-hopeurs de banlieue, calmes avant la tempête que semble pressentir ou désirer, un public archi nombreux ce soir là au Maillon Wacken...
Un curieux dispositif scénique laisse à voir supports métalliques et boites en carton
Peu à peu le plateau s'anime, le public encore éclairé se tait. Silence, préssage de tumulte.
Dans une lenteur impressionnante chacun des danseurs cagoulés bouge et manipule des pancartes où des mots s'inscrivent:"listen", "inside"....."Ils bâtissent un mur de pancartes, s'échangent ces mots écrits.Puis surgit un trio détonnant à la danse fulgurante. Les trois escogriffes enlacés se lancent, liés, dans l'espace comme enchainés, dans une folle diagonale époustouflante. Les corps se trainent, se tiennent les uns les autres. Un sedond trio fait de même. C'est étrange, dérangeant: ils se suportent comme des béquilles qui les feraient tenir debout.La musique a surgi: c'est bien du Janis Joplin, musique, voix et paroles enflammées, rock électrique, galvanisant!
Le calme revient et comme autant de spectres, les figures incarnées se collent aux cloisons, glissent ensemble, compactées (on songe à Wili Dorner ou Sacha Waltz) dans une danse-contact, libre, douce, déliée.Toute la pièce oscille entre tentation d'hystérie et désir  de lenteur, de pesanteur soutenue par les appuis, le sol qui se plait à offrir aux danseurs un terrain de jeu pour mieux ramper, se répandre, fondre. Mourir?
Peut-être, se liquéfier pour mieux rejaillir le temps d'une bribe de chanson, comme un appel au secours. Ces spectres cagoulés aux vêtements amples sont nonchalants, décontractés puis se rétractent dans une fougue et une verve hallucinante Fantômes du monde dégringolant de Janis, effondrement d'une société abimée, déchue, anges de la peste contagieuse de la drogue ou tétanie des corps contaminés, cabossés....
On songe à plein d'images dans ce spectacles superbe et rayonnant de la virtuosité des interprètes.
On reste sans voix au final, le show est trop court, la magie de la nostalgie a opéré.
Ce soir là, le public partagé, enchanté, ébranlé ou lessivé a vécu une fois de plus une expérience très physique, forte et remarquable.

jeudi 23 mai 2013

"Les étonnistes 2 " et Andréa Sitter se "positionnent! En dehors, en dedans!"

Les étonnistes"
Quel beau manège de détonnants personnages!


Que voici un OVNI du spectacle vivant, pour une programmation concoctée en ce début de soirée du mercredi 22 Mai par Pôle Sud et le FRAC Alsace
Yan Duyvendak, Julie Nioche, Michel Schweitzer et Chloé Moglia sont-ils un quatuor, un trèfle à quatre feuilles, un morceau à quatre mains?
A quoi jouent-ils, que font-il sous l’œil vigilant de Stéphanie Aubin ,metteur en scène,qui interroge le rapport à l'art entretenu différemment par chacun des acteurs.
Grâce à un dispositif de casques er de micros chaque spectateur rentre en contact avec un artiste sur le mode du récit et de la confidence.Proximité oblige, on devient complice de ce théâtre vivant, subjectif ou chacun peut imaginer la partition de son choix et de son imagination guidée par les protagonistes du spectacle."Etonnez-moi" demandait Diaghilev à Cocteau on l'on créa "Parade" en 1917, spectacle loufoque et provocateur à souhait qui fit scandale...en son temps
Ici pas de bruit mais un joli remue-méninges, remue-ménage à la hauteur des ambitions de la chorégraphe.Entre scène et salle le dialogue s'installe et nos quatre "fortes personnalités" sèment le trouble et nous tende un miroir réfléchissant derrière lequel se trament mille et un phénomènes décapants.Chaque spectateur, casqué, est témoin de la parole d'un des artistes.Il en reçoit le discours, les murmures, ou simplement visualise ses faits et gestes sur scène. Scotché à l'un d'entre eux, on est séduit ou agacé. On se concentre tant la tentation de suivre aussi les ébats des autres est présente.
Alors que Michel Schweitzer nous conte son rapport intellectuel à l'art, Julie Nioche danse le boléro de Ravel, version Béjart. On apprendra plus tard pourquoi, en changeant de partenaire "de casque". A 13 ans, elle est émue et ébranlée par la vision de Jorge Don dans "1789" et tout bascule pour elle: elle entre en danse, en coup de foudre amoureux.Elle nous suggère alors, couchés sur la scène, de se remémorer une scène originelle et nous hypnotise à l'aide d'une voix douce et envoutante.
Quand le spectacle se termine, le public échange avec ses voisins. Et vous qu'avez-vous appris, entendu des autres partenaires? On est un peu "jaloux" de ne pas avoir suivi Julie Nioche ou Duyvendak, interprètes plus "libres" que les deux autres....On a envie de recommencer l'expérience!


"La cinquième position, une chronique dansée" de Andréa Sitter.
Dehors, dedans!
On connaissait "Le bassin de la danseuse classique" de Louis Ziegler, et bien à présent laissons nous conter les fantasmes de la chorégraphe allemande Andréa Sitter à propos de la plus curieuse position de code de la danse classique, "la 5ème position": posture aux risques et périls de la déformation des hanches, attitude au antipodes du confort et du naturel organique!
Torture ou jouissance de formater cette figure de proue, de prouesse emblématique d'un abécédaire académique brûlant de douleurs ou de souffrance.
Le solo de Andréa Sitter rend hommage aux chorégraphes qui ont su s'en servir comme une marque de fabrique pour leurs interprètes torturés ou consentants! Elle apparait, ravie et souriante, nous présente avec ses vdeux chaussures croisées, la parfaite positiuon, qu'elle va délibérément abandonner pour se livrer à un hommage à Nijinski, celui qui balaya ven son temps toutes les conventions académiques de langage et de scénographie.
Elle brandit son trophée, un"Nijinski" de la danse et nous conte son histoire, ses rencontres artistiques, ses "maîtres" de ballet contemporain.
Gracieuse, volubile, enjouée, André Sitter séduit et enchante, malicieuse et convaincante.Sa dernière apparition, vêtue de rouge, coiffée d'une couronne de fleurs, les pieds gainés de pointes rouges, est émouvante et précieuse.
Son "histoire de la danse à sa façon" enseigne bien plus que les livres de référence sur la danse et l'on referme son carnet secret avec respect et émotion.
Se livrer ainsi, se délivrer comporte des risques et une volonté de se mettre "à nu" qui opère et laisse rêveur.Si la 5 ème position n'est qu'un prétexte, elle est bien le lieu de la déclinaison de la fidélité de l'artiste à ce et ceux qui l'on construite.Sans renier personne, surtout ses choix personnels, induits par ses racines!

Encore une soirée riche et fertile qui permet à chaque spectateur de repartir à la conquête de son propre espace de liberté, convaincu sans doute que la danse d'aujourd'hui a beaucoup à nous apprendre, si nos "maîtres" sont justes et sans contours d'artifice.