Walt Disney l'a fait, dansante et de saison: tombe la neige!!!!!
Sans oublier les blanche-neige de Catherine Bay, très irrévérencieuses!!!!
Il y a cent ans, le long métrage et le western
existaient à peine. Le photographe et anthropologue Edward S. Curtis,
célèbre pour son immense entreprise de catalogage des dernières tribus
(amér)indiennes, décide, pour se renflouer, de tourner une fiction
ethnographique, qui sera la première du genre et ouvrira la voie aux
suivantes (Nanouk l’Esquimau ou Tabou). C'est "In the land of the head hunters"!
Curtis initie le style et l’esprit qui réussiront si bien à
Flaherty, en reconstituant un habitat, un mode de vie et des rituels
déjà obsolètes à son époque. Il fait table rase de toute acculturation
pour décrire un monde d’avant l’invasion européenne. Le film est muet,
la copie actuelle est teintée comme cela se faisait aux origines du
cinéma. Les manques de parties filmées sont remplacés par des images
fixes. L’innovation de cette version restaurée est l’ajout d’une bande
musicale de Rodolphe Burger. C’est un peu là où le bât blesse. On y
reviendra.
L’intrigue est d’inspiration feuilletonesque : une histoire d’enlèvement
de jeune fille sur fond de luttes tribales. Le guerrier Motana, fils de
chef indien, est fiancé à la belle Naida mais un sorcier rival la
convoite également. S’ensuivent divers raids meurtriers, soldés par des
décapitations rituelles (cf. titre). Un western sans Blancs.
Curtis a choisi de tourner chez les Indiens Kwakiutl de
l’île de Vancouver, connus pour la splendeur de leur art (totems,
maisons, bateaux) et de leur apparat. S’attachant à reconstituer telle
quelle une réalité primitive qui n’a pas encore disparu en 1913, il
demande aux Indiens de rejouer la vie de leurs grands-parents.
Un regard ethnographique assez fidèle sur une culture immémoriale. Une
civilisation de la danse et de la magie – donc plus proche de l’Afrique
que de l’Europe –, où la bravoure consiste à s’approprier l’âme de
l’ennemi. Système tribal où l’animalité est synonyme de puissance.
La mise en scène est minimale et fruste. Pas de séquences
spectaculaires. Les scènes de danse sont filmées frontalement et les
raids guerriers sur un mode elliptique. La fragilité de l’image la rend
d’autant plus suggestive ; les manques remplacés par des photos ont des
vertus poétiques. Hélas, la musique de Burger, conçue sur un mode
ambient/world, mêlant archaïsme et électronique (guitares, synthés,
samplers), vient surligner l’action, contredisant la “pureté”
ontologique du film et atteignant un paroxysme techno pour les séquences
de danse.
Heureusement, le travail génial de Curtis, qui a su faire
revivre une culture anéantie avec une acuité fascinante, résiste à cette
intrusion.




