mardi 20 août 2024

Festival Montpellier Danse 2024: les valeurs "sûres" et certaines!

 Les "grosses pointures" sont fragiles en danse et nul n'est à l'abri de la répétition, du déjà vu..


Chansons de gestes

Avec "Requiem" au Corum, Angelin Preljocaj échappe à cette fausse idée convenue et nous offre une oeuvre, certes emblématique, mais pas dénuée de surprises.Un spectacle où les émotions dues à la perte d'un être cher sont prégnantes. Entre l'intime et le tribal, Preljocaj rassemble, relie, réunit les religions et toutes croyances figées. Dans une sorte de rituel il soude l'image d"une histoire universelle avec sa grande "H". Les images, fierté pour les danseurs s'y adonnent en gros plans vidéo.Naitre et mourir dès le premier cri. La musique du groupe 79 D est aussi une mosaïque d'images, d'émotions. Le corps pense à l'âme écrivait Spinoza. Trois grappes suspendues en scénographie à la Ernesto Neto délivrent des corps, accouchent de personnages mythologiques. Trois groupes de danseurs les accueillent et la vie peut commencer. Sur fond de musique métal, la danse opère à l'unisson, très angulaire et parfois redondante.Tout s'enchaine sans faute ni heurt. Dans une certaine monotonie, monocordie et mélancolie. Le deuil de corps perdu que l'on traine au fossé, heurte. On les lance en l'air aussi... Des figures rituelles de personnages mystérieux dans de beaux costumes comme devin ou gardien du temple, séduisent. Duos, ensembles impeccables tiré au cordeau rythment l'univers sonore fait d'extraits musicaux choisis; réquiems et autres musiques choisies pour leur impact. L'émotion demeure ténue pour ce spectacle ambitieux, très esthétique aux belles lumières. La perfection de l'interprétation n'appartenant qu'à l'écriture très fouillée de Preljocaj.


Quatuor saisonnier

Anne Teresa de Keersmaeker et Radouane Mriziga avec ""Il Cimento dell'Armonia e dell'Inventione" de Rosas et A7LAS à l'Opéra Comédie est un trèfle à quatre feuilles. La scénographie luminzeuse de départ est cinétique et les barres parallèles en tableau changeant digne d'un créateur plasticien magnétique. Dans le silence et le rythme plastique de ces bandes verticales. Moment d'intrigue et de suspension qui dérange et agace. Et c'est bien! Un solo d'un danseur, virtuose comme il se doit démarre la pièce qui n'aura de cesse de tricoter, démultiplier à l'envi les gestes phares de De Keersmaeker. Les saisons s'enchainent, de l'automne charmant au printemps foisonnant. Tout s'écoule sereinement, les trois autres interprètes masculins se fondant dans ces lumières changeantes. Enjoués, lumineux les interprètes se donnent, sautillent, simulent des "claquettes" dans un duo prestigieux. Un numéro magique qui désoriente et ponctue l'énergie ambiante. Stricte et virtuose. Le baroque s'invite à cette cérémonie, ce quatuor d'abord silencieux puis très loquace. Les saisons s'égrainent, la musique de référence de Vivaldi, remodelée. Les cordes maniérées comme des gestes mesurés. Danse au sol, marquage lumineux en plongée pour une grâce nonchalante. Des emprunts au hip-hop sur fond blanc au final. La lumière comme évocation principale de la succession du temps selon les saisons. Le silence se repose et les corps se taisent." La géométrie, l'abstraction et l'observation de la nature comme crédo.


Cunningham ressuscité

Avec "CRWDSPCR", "Rainforest" et "Sounddance" le CCN Ballet de Lorraine(direction petter jacobson) Merce Cunningham, une fois de plus aposituoone le maitre au  coeur de la modernité et de l'expérimentation. On redécouvre les costumes colorés arlequins à carreau, les lignes et sauts vertigineux de Cunningham. La rigueur, le calcul, au cordeau, le lyrisme et la joie de la chorégraphie innovante de CRWDSPPCR. La vitalité, la coordination jubilatoire sans hasard ni yi-jing de cette oeuvre révolutionnaire émeut!Les ballons qui réfléchissent la lumière étincelante de "Rainforest" sont magnétisme visuel et sensoriel. Les corps sont plongés dans la matière volatile, légère, éphémère et l'apesanteur nait, sensible. La lenteur, les duos, les couples s'enchainent et les jetés de ballons et coups de pieds contrastent avec cette ambiance aérienne, indicible. Nonchalance et singularité pour une scénographie dansante évanescente à la Warhol et Johns de bon aloi! Quand danse et art plastique se rejoignent, la symbiose est organique, sensuelle et véridique. Avec ses rideaux plissés d'où jaillissent les danseurs, tout saute, virevolte en éruption comme des singes habiles. Transports et enthousiasme, humour, sourire et clins d'oeil au "bird", oiseau rare et libre graphiste de l'espace. La musique live électronique, électroacoustique au diapason de ces inventions chorégraphes diaboliques!Les danseurs du Ballet de Lorraine relevant le défi avec volupté et engagement, intelligence et intuition.

Le Festival Montpellier Danse toujours dans l'actualité patrimoniale et inventive comme il se doit grâce à la patte, au flair, à l'intuition de son directeur artistique de légende, Jean-Paul Montanari !

Montpellier Danse 2024: traces et signes d'auteurs, d'autrices singuliers

 Un festival de danse laisse des empreintes, des traces, lance des signes et fait ricochet dans "le lac" qu'il ne faudra jamais assécher à l'encontre de ce que disait Jean Cocteau.

Alors deux mois après sa clôture magistrale que reste-t-il de ces représentations, manifestation de cet art qui ne cesse de grandir, évoluer, prendre toutes sortes de formes?

Des images, du son, des bruissements, des sensations et émotions à fleur de peau.Des ambiances selon les lieux à redécouvrir à chaque nouvelle invitation d'artistes.


Ivresse

Avec Armin Hokmi et son "Shiraz"au Hangar Theatre ce sont six danseurs qui tanguent sans cesse au rythme d'une musique lancinante, hypnotique: bercement des corps aux mouvements infimes, tenues dans des costumes pastel, baskets. Les regards des danseurs figés sur le sol comme une méditation cosmique, minimale, envoutante qui peu à peu dérive. Chaloupes dans l'espace nu, blanc. La tension monte une heure durant, les corps se frôlent petit à petit en duos. Révérences, jeux de mains, de bras, de hanches...Une danse lumineuse, contagieuse qui agite nos esprits capturés, captivés par ces mouvements altiers, nobles, marqués de culture du bassin méditerranéen. Harmin Hokmi fabrique une gestuelle originale, empreinte de biens des styles mais toujours solide et inscrite dans des emprunts loyaux aux autres cultures....


Dance-club

Michèle Myrrray surprend avec "Dancefloor" au Théâtre de l'Agora. En "compagnie" des danseurs du CCN Ballet de Lorraine (direction petter jacobsson), au crépuscule du soir, alors que les danseurs peu à peu investissent les différents niveaux du théâtre de plein air. Ils apparaissent du haut des cursives, les lumières naturelles changeantes encore à cette heure miraculeuse. Le plateau blanc est nu: sobriété exige. Comme des électrons libres, ils dansent, isolés, gestes libres, solitaires. Pauses classiques, tous virtuoses et enthousiastes. Des duos complices très pasoliniens les unissent: beauté et singularité, sauvagerie intime et complicité. Les ambiances lumineuses éclairent et magnifient le tout. Comme des salves lancées dans l'espace, ils dévorent l'espace où ils sont à l'unisson d'une chorégraphie singulière. Entre chorus et isolement, entre langage classique et inventivité contemporaine.


Idée: très bonne!

"Idée": une surprise pour tous que ce solo signé Abdel Mounim Elallami: dans une diagonale de lumière au studio Cunningham de l'Agora ce danseur chorégraphe soliste signe une performance de trente minutes: gracieux, baroque et maniéré, humble et discret, il tient l'espace et maitrise directions et intentions avec fragilité autant que détermination. "Tu n'es pas une fille" en filigrane pour cet homme qui se questionne sur l'identité autant genrée que gestuelle. L'éducation, la culture nous façonne à l'encontre de nos désirs profonds et ce solo exprime toute cette liberté d'expression contenue dans la danse: celle qui sauve et affranchit des contraintes sociétales.Une couronne d'argent, hérissée comme design scénographique en dit long sue la genèse de ce solo, très abouti.


Tombe, la danse.

"We learned a lot at our own funeral" de Daina Ashbee déconcerte à l'envi au studio Bagouet de l'Agora. Les spectateurs encadrent la scène et s'y trouvent comme à l'intérieur entre frontalité et horizontalité.Une forme mouvante investit cet espace singulier, solide et présente. Elle ôte les lés du tapis de sol, déchirés.Bruits et sons envahissent l'espace et l'atmosphère est singulier. Voix et sons à l'unisson pour un univers sonore très élaboré. Au sol, immobile puis virtuose d'une danse animale, se meut une créature étrange. La peau à vif, les pauses hip-hop sidérantes comme un défi à cette humilité.Elle-il-investit le sol quadrillé, le sable omniprésent laisse les traces des empreintes de pieds bruissant. Une autre créature, nue, en maitresse absolue, couchée au sol rampe puis se dirige vers le public éclairé, à vue. Sable au centre. Elles dansent de très près, frôlent les corps des assistants de cette curieuse cérémonie. Gêne, abandon total des uns et des autres dans cette communion partagée. Du jamais ressenti sur la question de l'ensevelissement, de l'enterrement.Elles participent à la sensation synergique du public rassemblé autour d'elles. Deuil et force du groupe qui le berce et l'encadre, cette pièce est unique et bouleverse. Ces corps inversés au sol, dénudés dans l'écoute extrême de ce qui se passe sur le plateau. Énergie et subtilité des gestes infimes. Les échanges sont évidents, naturels sans contrôle mais extrêmement maitrise pour ne choquer personne. Au final Daina Ashbee reptile aguéri, dans une reptation lovée, laisse traces et signes dans le sable de son pays d'origine. Souffle d'un rituel mémorable, funérailles sensibles et surréalistes des corps ensevelis qui ne cessent de faire résurgence.Momo Shimada en contorsionniste virtuose aux multiples facettes envoutantes.

Betty Boop à la Case à Preuschdorf....L'Ile Art en émoi...Danse, danse....Elle tremblait de mettre quoi????

 

Betty Boop fait une halte à la Case à Preuschdorf dans le cadre de "l'ILE ART" ces deux prochains week end des 24/25 AOUT et 31 AOUT/1 SEPTEMBRE...

Une invasion de Betty Boop figurines en état de danse, en 65 costumes bigarrés de danseuse de toutes les danses sans favoritisme: hip-hop, samba, gitane et autre danse indienne dans une scénographie originale de MIRIAM SCHWAMM

Un événement à ne pas rater: performances de Geneviève Charras, chahuteuse, charivarieuse


 le dimanche 25 AOUT 15H/ 16H/ 17H: "un deux trois elle rêvait de mettre quoi?"...



A la Case à Preuschdorf les 24/25 AOUT

Entrée libre