mercredi 20 juillet 2011

La danse comme l'air: libre pensée, libre phrasé! "Cesena" "Unworth" et "trente- trois tours"


DANSE EN PLEIN AIR : libres penseurs, libres danseurs !
Avec « Sujets à vif » la SACD prend ses quartiers au jardin de la Vierge en Avignon. Des quatre premières propositions de cette année on retiendra celle de David Lescot « Trente-trois tours », une belle réussite, humoristique, décalée et pleine de retenue et de distance sur la rencontre entre le danseur de Brazaville, DeLaVallet Bidiefono et David Lescot. Onze pièces de trois minutes pour créer chacune un univers de gestes, de sons, de mots qui s’entrelacent, se tissent ou se défont à l’envi. Un charme fou et débridé opère sur la scène sans fard ni fanfreluche, brut et simple, franc de collier ! Ils s’affrontent, échangent, changent les rôles et se passent le mot dans une authenticité de bon aloi.. Un vrai moment de spectacle partagé par de grands artistes, interprètes de leur imaginaire dans un monde sans mensonge, sans tricherie.trente-trois tours...et puis s'en vont!!!
GENEVIEVE CHARRAS

« Cesena »: à l’aube, au crépuscule de la voix des corps
Anne Teresa De Keersmaeker aime les défis, les batailles, les combats, la musique, le chant à capella, les corps dansant…la musique dans la danse, la danse dans la musique. La lumière aussi, la pénombre de la Cour du Palais des Papes à quatre heures du matin.
Magie de la révélation des images dans l’avancée de la lumière crépusculaire. On passe de l’opaque à la frange des rayons du soleil à l’inverse de son expérience de l’an passé sur le crépuscule du soir avec « En Atendant ». Toujours en compagnie de la musique sacrée des chants à capela  de l’ars subtilior…Pas de régie, rien que le temps qui passe, les corps qui glissent dans le sable qui crisse. Rien que les voix, la danse, les murs du Palais qui réverbèrent le son. Et l’écoute du public, fasciné ou bercé à cette heure curieuse où le chant du coq pourrait se manifester. Une expérience du vécu pour chacune des parties : les artistes autant que les spectateurs qui assistent à la cérémonie œcuménique dans un total respect. L’épuisement gagne les danseurs et chanteurs, galvanisés par l’atmosphère qu’ils créent, dans une dépense et un don digne d’une communauté soudée par la passion et la dévotion. Culte ou spectacle, cérémonie ou représentation, on ne sait plus trop où l’on se trouve, sinon à errer dans Avignon au petit matin en quête de ce bonheur à conserver jalousement !!!
GENEVIEVE CHARRAS

« UNWORT » de William Forsythe
Il ne manquait plus que le grand Willi pour s’associer au projet de Boris Charmatz : le voici avec une expérience singulière  en l’Eglise des Célestins « Unwort ». Un jeu sur les lettres, les mots, manipulés comme des sculptures vivantes par trois danseurs. Des « objets chorégraphiques » inédits qui font réfléchir, fléchir la pensée et le corps vers d’autres aventures de corps. Citant œuvres musicales et littéraires françaises du XXème siècle, Forsythe désarticule chacune pour en proposer une version, libre adaptation dans l’espace et le temps. Au spectateur-promeneur de s’y déplacer pour changer son point de vue et détricoter l’ordinaire. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers, il n’y a que Forsythe qui m’aille ! Et c’est bien vrai pour les esprits curieux en quête de décalage. De décadrage ! De décodage et d’appétit de détournement d’œuvres !
GENEVIEVE CHARRAS

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