jeudi 18 décembre 2014

"Vader": chœur de balais! La camarde approche....



La dernière pièce chorégraphique signée Franck Chartier et Gabriela Carrizo pour le collectif belge "Peeping Tom est une tranche d'humanité.
Un rideau de scène d'abord pour ne rien dévoiler d'une future intimité de vie, prise dans le vif: une maison de retraite et sa salle des fêtes avec estrade, tables et chaises pour festoyer, piano dans un coin pour la nostalgie musicale?


Bref, une jeune femme pénètre cet univers, happée par un aimant: son sac à main la fait voltiger, la capte et l’entraîne dans une évolution acrobatique, au sol: aimantée, attirée par une force inconnue.
Et la vie démarre, comme ici un portrait de la vieillesse florissante, gaie malgré sa réclusion passive à "la maison de retraite", cet endroit protégé où l'on erre selon un temps improbable, rythmé par des rituels perdurants.
Un ensemble de vielles personnes arrivent sur scène: ils balayent le sol ou leurs souvenirs?
Comme un corps de ballet, de balais, les voilà qui chantent lorsque un balai géant les poursuit, manipulé par une jeune femme qui auparavant exécutait une danse échevelée, spiralée dans une incroyable énergie!


Tous en écho, susurrent leur étonnement: ce balai au manche disproportionné est-il leur ennemi qui bientôt les rayera de la liste, la camarde qui fauche son petit monde?

Des "vieux", des jeunes bien verts s'y côtoient à l'envie et la mixité, les genres s'y fondent et s'y mêlent tantôt dans la cruauté, tantôt avec tendresse et respect, amour et compassion.
Des figurants du cru se mêlent aux professionnels, artistes circassiens, acrobates, contorsionnistes, avec leur tendre maladresses simulée, leur difficulté à se mouvoir.


Le contraste est brutal et danseurs et danseuses se prêtent à des évolutions magnifiques, au sol de surcroît.Sur l'estrade, en fond de scène, un petit orchestre désuet pour égayer l'ambiance: on y simule la joie, le bonheur, on y anime les derniers feux de la vie!
Un vieillard bien vert s'adonne au piano à ressusciter la verve d'antan et c'est magnifique. Son grand dadais de fils le booste, l'agace pour le meilleur et le pire!
Quel beau jeu d'acteur, en couche culotte et autre pampers de maison de retraite!
On goûte ici à la douce nostalgie des temps anciens sans verser une larme tant l'empathie avec ce milieu là est forte, celui des corps abîmés mais pleins de leur mémoire, expériences et souvenirs.
Le public ce soir là à Strasbourg au Maillon Wacken en co- présentation avec Pôle Sud, se régalait de cette évocation de la vieillesse si pleine de verve, de talent et d'optimiste Que la vie est joyeuse, que la mort est proche et stimulante dans ce qui est ,tout ,sauf ici, un mouroir!

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