mercredi 23 septembre 2020

"Intermezzi": Aperghis : entremets, entr'acte ! Fracas sans perte ! !

 



Intermezzi nouvelle version (2019-2020)
création française 
"Georges Aperghis fait son retour à Musica et sur les planches du TNS avec une pièce pleine de surprises. Plus qu’un concert, Intermezzi est une suite d’actions instrumentales, doublée d’un portrait de l’ensemble Musikfabrik. Les musiciens ont « posé » devant le compositeur, qui a ainsi croqué leurs visions, centres d’intérêt et comportements. Il en résulte une collection de situations hétérogènes, façonnées par les idiomes de chacun — mise en scène des corps, des voix et des instruments. Pourquoi le genre de l’« intermezzo », pièce musicale de transition souvent marginale dans les grands ouvrages ? Réponse de l’intéressé, que l’aspect chaotique des choses a toujours fasciné : « Parce qu’il n’y a pas de propos. Que de l’entre-deux, que des parenthèses. » 
 

Un percussionniste, deux pianistes, huit instruments à vent pour cinq "cordes"....Une joyeuse bataille rangée va s'en suite à armes inégales, combat singulier dont l'issue sera fatale à la convention, à l'ordre, au maintien, à la rigueur de la composition rigide de certaines oeuvres contemporaines...Aperghis en diable, auteur, metteur en scène de bien des pièces théâtralisée refait surface ici et laisse place aux instruments personnalisés où les corps des interprètes ne font plus qu'un avec leur instrument, ou le "choeur" de chambre résonne à l'unisson d'un projet "collectif" concentré sur l'unicité de chacun. Rare démarche où la contrebasse se fait rageuse, colérique en prolongation de l'étoffe du musicien. Ou le trombone, le clairon oeuvrent , embouchures bavardes faisant sourdre le son-voix-souffle comme des entités sonores inédites, vivantes, charnelles, organiques.Une épinette délicate, une guitare aussi, des soupirs embouchés pour se faire une renommée dans ce chaos où chacun lève la tête pour mieux respirer le bonheur de "jouer". Jouer à la complicité, la concurrence des timbres, des volumes, créant capharnaüm, fatras et autre grand bazar salvateur. Les cordes s'emballent, survivent, les vents se déchainent dans des sur-aigus de timbres, alors que le rythme d'ensemble, très contrasté, oscille entre ténu et rocambolesques volutes sonores. Joyeux tintamarre collectif, sens-dessus-dessous à la Raymond Devos ou Jacques Prévert, le "verbe", le vers musical d'Aperghis fait mouche et la pêche est miraculeuse. Rien au hasard alors que les apparences de ce bon désordre sont trompeuses. Un solo de piano, alerte, met le feu aux poudres, des sifflets, des sirènes suggèrent un fil narrateur à s'inventer. Kung-fu de la contrebasse en combat avec les percussions tirées par des ficelles par l'interprète ganté à l'établi de ce clocher de pacotille. Un vrai spectacle, théâtralisé finement par le jeu des artistes sur le plateau, en position frontale puis divaguant de pupitre en pupitre histoire de semer la zizanie, de prendre la place de l'autre!. En assemblée bruissante qui cause, bavarde, foisonnante. Une expérience de sons, visuels dans la composition, cor et trombone, contrebasse et percussions, magnifiées par une écriture frisant le burlesque, le comique léger d'un Tati de la musique d'aujourd'hui: un "trafic" dense, chatoyant, bigarré, ludique où la signature de l'auteur surprend, varie, s'invente à chaque saynète créée devant nous. Bonheur assuré, joie et verve où chacun sort de ses gonds, "dégenré", déboussolé par ce trublion iconoclaste de la poésie sonore.

"Georges Aperghis fait son retour à Musica et sur les planches du TNS avec une pièce pleine de surprises. Plus qu’un concert, Intermezzi est une suite d’actions instrumentales, doublée d’un portrait de l’ensemble Musikfabrik. Les musiciens ont « posé » devant le compositeur, qui a ainsi croqué leurs visions, centres d’intérêt et comportements. Il en résulte une collection de situations hétérogènes, façonnées par les idiomes de chacun — mise en scène des corps, des voix et des instruments. Pourquoi le genre de l’« intermezzo », pièce musicale de transition souvent marginale dans les grands ouvrages ? Réponse de l’intéressé, que l’aspect chaotique des choses a toujours fasciné : « Parce qu’il n’y a pas de propos. Que de l’entre-deux, que des parenthèses. »

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