dimanche 20 septembre 2020

"Laboratoire de l'écoute" N ° 3: la générale d'expérimentation : la source des sons.

 

"Dans ce spectacle interactif à la croisée du concert, du talk-show et de l’expérience sociologique in vivo, tout le monde est sur scène : le public, les musicien·ne·s, ainsi qu’un drôle de médiateur. Ces derniers jouent et décodent différentes pièces, énoncent leurs protocoles, débattent et proposent leur vision. Le public, lui, est présent dès le début du processus et participe à toutes ses étapes. Muni de clés d’écoute, il est invité à faire ses retours, à partager son ressenti et à agir directement sur le déroulement du concert. Une forme horizontale et inclusive inédite à Musica, dont l’humour et la bienveillance partagée seront les moteurs."
 
Entre acoustique et électronique, le leurre! C'est "La bonne durée" de Stockhausen qui inaugure la séance laboratoire, classique en apparence: écoute de la pièce, frappes, battements d'un dispositif électronique, synthétiseur, guitare préparée....Un abord qui va vite changer après la présentation du leader du groupe sur les intentions de ce dernier: composer en direct pour trouver "le son de groupe" sans fixer les règles, requestionner le son sans confort pour un répertoire alternatif des musiques contemporaines: c'est le graphisme des partitions qui le taraude, le protocole d'écriture des compositeurs: au travail donc pour décrypter les secrets de fabrication de quatre œuvres: exercice ludique et participatif, collectif ou chacun peut s'engager pour déterminer la longueur d'un morceau, décider des places des musiciens dans l'espace sonore... Cage et Fluxus ainsi interrogés dans leur processus de création. Quatre compositeurs seront passés au crible non pas comme analyse musicologique, mais pour triturer le squelette d'une pièce: durée, intensité, fréquence. On joue au petit chef ou à la collégiale, à la démocratie musicale, au politique dans la Cité de la Musique et de la Danse sur la scène de l'auditorium. Agora du choix, de la discipline autant que de la fantaisie, cette expérience d'écoute s'avère joyeuse, décontractée, brisant les aprioris sur la musique savante tout en déflorant quelques secrets de fabrication.Les partitions qui s'affichent sur un écran intriguent mais bien vite on s'empare de leur fonctionnement possible grâce aux clefs fournies par les interprètes de nos propres décisions et intervention. Démagogique? Pas du tout: Tom Johson, propose un chemin dans des cases, source de sons pointillistes, de clapotis audio-naturalistes, tenus....D'accord ou pas d'accord: tout se discute en "opinion" et autre possibilités et marge de manœuvre, interaction entre public et musiciens. James Tenney avec sa partition graphique, James Saunders et son système descriptif surtout à ne pas suivre à la lettre! Le public se prend au jeu et l'on passe un moment excellent, savant et plein d'humour et de distanciation musicale face à la dite "musique contemporaine" complexe: certes, mais si inventive et flexible !
Merci encore au festival Musica pour cette initiative décapante qui rapproche artistes et auditeurs sans  falbalas pour une approche réelle des oeuvres en mutation constante.



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