lundi 11 avril 2022

"28 i mig": pas de huit et demie mesure ! Mais un grand écran large, en 16/9 ème sur le monde fellinien!

 


Nourrie de sa fascination pour l’Italie et notamment du mouvement cinématographique néoréaliste, la compagnie catalane La Perla 29 rend hommage avec le spectacle 28 i mig au monde de la fiction, du théâtre et du cinéma. Créée à partir d’improvisations collectives s’appuyant sur Huit et demi, film mythique de Federico Fellini, la troupe revisite cette pièce de son répertoire.

Mosaïque de scènes, poèmes, danses, musiques, projections et textes d’artistes comme Dante, Pirandello, Ettore Scola, Eduardo di Filippo, Shakespeare, Espriu, Vicent Andrés Estellés, Bergman, Sisa, Tchekhov, Wajdi Mouawad, 28 i mig mène une réflexion joyeuse sur les vicissitudes de la création, la recherche du bonheur, l’enfance et la nécessaire acceptation de la mort.

À la question « Comment être heureux ? », le collectif répond par une  fête des sens et de la pensée, en faisant sienne la maxime fellinienne : « Non c’è fine. Non c’è inizio. C’è solo l’infinita passione per la vita. »*Il n’y a pas de fin. Il n’y a pas de début. Il n’y a que la passion infinie de la vie. »

Lorsque je me demande ce qui compte le plus dans l’acte créateur, la réponse qui me vient à l’esprit est simple : “Est-ce vivant ou non ?”

C'est un spectacle bouillonnant de vie, de jeu, de musique et certes de références judicieuses et bien amenées de l'univers de Frederico Fellini! Jeu subtil de ceux qui parlent catalan magnifiquement sans qu'on se dise que l'Italie est le sujet, lieu et endroit de la réflexion du metteur en scène.Très belle interprétation donc de tous les protagonistes, personnages revisités à l'occasion de ce panorama grand angle du cinéma fellinien. Ça jacasse, ça ensorcelle, ça palabre à l'envie, le rythme de la mise en scène opérant pour créer une atmosphère festive, endiablée, musicale, chatoyante et enjouée Pas de répit pour les comédiens aux talents multiples qui se dédoublent, se multiplient, se métamorphosent sans cesse.Un montage de saynètes très efficace, des collages pour mieux brouiller les pistes et ne pas "reconnaitre" les références qui se glissent d'un texte à l'autre, d'une image à l'autre. Comme un grand traveling ou un plan fixe, un plan séquence où un gros plan-plein cadre, tout est cinématographique et défile sur la bobine à 25 images secondes! Artisanat de la mise en espace, des décors, des costumes qui soulignent une écriture dramaturgique mûrie, installée dans le déséquilibre constant!Et "la nave va", affronte la tempête des sentiments ou la placidité d'un Mastroianni émouvant à l'écran noir et blanc! Sans oublier le cadre à la Méliès qui occupe le plateau sans cesse pour mieux   se faire  champ-hors champ et délivrer des images hors norme dans une joie non dissimulée!

conception et mise en scène Oriol Broggi

Grand théâtre de la Colline jusqu'au 10 Avril


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