"Marie Cambois aime se situer à la lisière des choses. Marcher sur les bords, comme le funambule sur son fil, toujours proche du déséquilibre, du vertige. Cela donne à sa danse d’étonnantes oscillations aux effets hypnotiques. Dans ALL – trio féminin composé de deux danseuses et d’une comédienne accompagnées d’un musicien et d’un scénographe intervenant en direct sur scène – la chorégraphe se focalise sur ce mouvement de bascule. Hésitation, instabilité mènent les corps au plus proche de la vibration musicale. Partitions écrites, improvisation et jeu théâtral entrent en résonance. Ces dialogues croisés contribuent à créer l’étrange univers, comme en suspens, qui se dégage du plateau et change nos façons de percevoir en multipliant les points de vue. Dans cette création, telle une boule aux mille facettes, tout se réfléchit en éclats."
RÉPÉTITION PUBLIQUE
Marie Cambois vous convie à une répétition publique, une manière d’entrer dans les coulisses d’un travail de création.Accueil chaleureux et sans façon de la chorégraphe et de son équipe quasi à la veille de sa création...Une gestation qui éclate et se finalise.Justement c'est au final du spectacle que nous invite l'équipe au complet: danseuses, scénographe, créateur du son et de la lumière, musicien....Quelques précisions de sa part pour nous éclairer sur la singularité de sa démarche: celle d'un collectif à l'écoute, en résonance des uns et des autres, modelant ainsi chaque phase, chaque tranche de création, de reprise du travail sur les planches, sur l'établi.Nous regarderons donc ces artistes "au travail" comme ils le sont d'ailleurs quand ils évoluent sur scène.Regarder travailler ces artisans de la scène selon les trois "partitions", crédo de la chorégraphe: le "scénario" d'abord d'un film fictionné qui ne se fera jamais, très dans la lignée de son travail. On se souvient de Delovelies qui exprimait la dualité et la fragilité de l'être humain, oscillant entre normalité des comportements et soubresauts des démons intérieurs. Marie Cambois y emmenait son équipe pluridisciplinaire à travers l'univers du réalisateur John Cassavetes. Touchée par la personnalité et les méthodes de travail du cinéaste, elle se reconnaît dans cette figure pour son amour des comédiens, son recours fréquent à l'improvisation et ses personnages proprement inadaptés à l'univers dans lequel ils évoluent. Second facteur de création: "la danse minimaliste", pas "bavarde ni illustratrice" et enfin, le"concret du plateau", le travail, les artistes à l'oeuvre..."Encore et jamais" de Camille Laurens pourrait être inspiré de ce travail....Sur la "répétition", le regard de celui qui paye sa place pour voir travailler les autres, comme sur un plateau où l'artiste exerce son métier.,
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Cette "fin" de la pièce en gestation, matérialisée par objets, danseuses et musique donne "envie" d'en connaitre plus, d'en voir plus et de relier cette séquence à celles qui ont précédé et que nous n'avons pas vues. L'imagination va bon train pour chacun, interrogé à l'issue de cette présentation, brève mais édifiante. Une gare, des rails, tout converge vers moultes interprétations possibles à partir d'un écran perché qui vient se poser en lévitation comme une toile de Rothko, lumineuse, irradiant de l'espace, des couleurs, de la chaleur. Un "cinq kilo", projecteur sur roulette, oeil ou phare dans la nuit évoque lui aussi par son apparition, un personnage ou un simple outil, élément d'éclairage. Car il faut voir les objets, ne pas cacher la réalité. Renzo Piano et Richard Rogers pour le Centre Pompidou-Beaubourg ont fait de même: l'architecture et ses "tuyaux" à vif, plein feu sur les entrailles de la structure livrée dans son plus simple appareil. Dans We killed a cheerleader, série de pièces composées pour danseuse(s) et haut-parleur(s) déjà la mise en espace s'attachait au mouvement : mouvement du corps par la production de gestes, mouvement de la membrane par la projection de sons. Et pour "All"la musique borde le tout pour mieux s'évader, aller à la rencontre de ces femmes qui semblent se quitter sur le bord du chemin, cerné de néons verdoyants.Enfin on y retrouve cette idée du territoire pensé comme la juxtaposition d'espaces paranoïaques et individualistes, qui se transforme au cours des pièces de Marie Cambois en "un élan humaniste dans lequel chacun, selon ce qu'il est, peut partager l'espace commun." Sur scène les évènements chorégraphiques, musicaux et techniques se mélangent dans une liberté d'écriture fluctuante qui témoigne de cette décomposition des frontières en temps réel.
Jolie et édifiante démonstration d'un savoir-être créatif, collectif et partagé, "négocié" pour édifier un espace-lumière habité à découvrir très prochainement durant le festival "l'Année commence avec elles"..Des mots, des paroles simples et sincères, mise à nu d'un processus de création original et très inspiré.
A suivre en "ouverture" les 12 et 13 Janvier 20H30
et les 20 et 21 Janvier à l'Espace 110 à Illzach dans le cadre de la "Quinzaine de la danse"
Répétition publique du Lundi 09 Janvier 18:00 sur le plateau de Pole Sud
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