"IDA don't cry me love" de Lara Barsacq :femmes icônes
La danse entre mémoire et fiction
La vie personnelle et artistique d’Ida Rubinstein, interprète sulfureuse de Salomé, qui fut également la muse de Diaghilev, fascine Lara Barsacq depuis l’enfance. D’autant plus que cette figure phare de la danse des débuts du XXè siècle fait aussi partie de sa propre histoire familiale. Sa précédente création, Lost in Ballets Russes, déjà questionnait l’artiste scandaleuse à l’avant-garde de son époque. Avec IDA don’t cry me love, Lara Barsacq poursuit l’ouvrage. Prenant appui sur des documents d’archive, elle crée un trio entremêlant témoignages, images et souvenirs à l’acte de création, son imaginaire et ses légendes. Sorte d’hommage à la fois poétique et absurde envers cette figure tutélaire de la danse, ses forces et ses fragilités.
Déjà évoquée dans "Lost in Ballets russes" voici le personnage légendaire de Ida Rubinstein, exhumé pour façonner un récit très personnel . D'une icône de la révolution féminine naissance au XX ème siècle, la chorégraphe puise dans ses souvenirs: une affiche signée Bakst où l'égérie du féminisme naissant apparait en Shéhérazade incontournable, luxuriante, marginale.A partir d'objets, d'accessoires, de vidéo, se dessine une figure accompagnée de sa panthère mythique en fond de rideau de scène, renouant avec la tradition des ballets russes. Un trio intime de femmes se constitue, charmeur et provocant au charisme naturel et sobre. Tout en finesse et suggestions, cet hommage est une pièce rare et intelligente, mêlant respect et inspiration débordante pour nous entrainer dans une période faste en ruptures et révolution de palais.La scène est terrain de jeu où Salomé et toutes les autres resurgissent pour manifester l'importance de la place revendiquée en ces temps: femmes fatales, convoitées mais décisionnaires; les muses s'amusent et les trois interprètent se donnent libre jeu pour se mêler d'un destin atypique: performeuse, frondeuse ressuscitée de façon très légitime par le talent de mise en scène de Lara Barsacq.Une pièce attachante qui rejoint d'autres évocations de femmes chorégraphes iconoclastes(Valeska Gert etc....)
A Pole Sud les 19 et 20 Janvier dans le cadre du festival"L'Année commence avec elles"
"Lost in Ballets russes" de et par Lara Barsacq: mémoire vive
Elle
est en filiation avec Léon Bakst, décorateur et costumier des ballets
russes et raconte son histoire, ce qu'elle fantasme de cette époque,
thème que l'on retrouvera dans sa pièce en hommage à Ida Rubinstein.
Simple et accueillante proposition de la suivre dans son périple, à la
recherche du temps, de ce qui l'a marqué dans les strates de son corps
dansant. Elle nous guide et nous emmènent joyeusement sans nostalgie sur
la piste d'une époque, d'une esthétique qui lui ressemble et qui nous
rassemble. Pas d'égo, ni d'exclusion dans cette résurrection
d'impressions, de sensations liées à son passé-présent très convaincant.
Ne rien oublier de ce qui nous construit!Que ce petit rituel public
soit perçu comme une boutique fantasque aux portes ouvertes sur la
connaissance collective!
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire