PROGRAMME DANSE #1 > DU MARDI 11 AU SAMEDI 15 JUILLET, 10H (durée 1h30)
Aïcha M'Barek & Hafiz Dhaou • "Aristide et Bastien" Si
ce duo porte le prénom de ses interprètes, c’est que la question du «
deux », déjà présente précédemment chez les chorégraphes avec Toi &
moi et D’eux, trouve ici une nouvelle résolution. Avec ces danseurs hip
hop, leur écriture en spirales de bras et en transe obsessionnelle se
confronte à une nouvelle énergie. Celle de la rencontre entre ces deux
personnalités, fine et poétique, et de leur puissant rapport à la
gravité. Dès lors s’installe une belle vibration, dans le double et dans
le trouble.Le duo s'installe peu à peu dans une énergie propre au hip-hop: stable, puissante mais aussi inventive et débridée. On y décèle un désir de transcender ce langage, d'amplifier les nuances, de transformer les codes rabâchés pour en extraire vivacité, virevoltes et contrattaques salutaires. Les deux danseurs face au public prouvent ici que la maturité d'un langage les engagent dans un processus de création salvateur et décapant. Un corps à corps où chacun s'expose, se retrouve et danse au delà des frontières.
> Khoudia Touré • "Óró (extrait)" Construite
entre le Sénégal, la France et le Canada, Óró explore comment la danse
peut émerger de ce que l’on a à dire, comment la puissance de la parole
bouleverse les corps et crée un récit. Les questionnements de la
jeunesse issue de ces trois continents irriguent la recherche de Khoudia
Touré, chorégraphe franco-sénégalaise bénéficiant du mentorat de
Crystal Pite, qui offre ici un langage commun au hip hop, au krump et à
la danse contemporaine.Paroles, gestes, danse pour ce trio métissé où l'énergie d"bordante se maitrise peu à peu et ordonne aux corps de prendre le relais de l'expression parlée. Trio généreux, construit savamment malgré des apparences de désordre, de croisements, de métissage. L'extrait de cette pièce en devenir augure d'un art méticuleux, dosé et qui laisse à chacun la place d'une expression propre et unique.
> Sylvère Lamotte • "Danser la faille - Conférence dansée (extraits)" Depuis
2012, Sylvère Lamotte mène en parallèle créations et immersions en
milieux hospitaliers et de soins. Jusqu’à Tout ce fracas en 2021, où
Magali Saby, danseuse en situation de handicap, rejoint son équipe.
Cette conférence dansée les réunit de nouveau, dans le désir de partager
ce qui les relie en tant que danseurs et en tant qu’humains. Dans un
espace sensible entre ligne de faille et ligne de force, ils nous
invitent à revoir notre rapport à la fragilité et à l’écho qu’on lui
donne. Que voici un opus fort réussi où telle une conférence dansée, Sylvère Lamotte nous confie dans la gaité et l'enthousiasme les secrets d'une expérience humaine sur mesure: celle d'une rencontre dansée entre Magali Saby et lui-même, acteur, auteur de duos comme des endroits de danse où le handicap se franchit, se confronte à une réalité physique incontournable: il y a ici un caractère humain et artistique indéniable où la danse en sort grandie, forte, solide mais aussi très touchante dans sa fragilité de l'éphémère. Ce duo, ponctué de commentaires éclairants sur la pratique thérapeutique de Sylvère est une écriture sobre, danse contact et fleur de peau toujours présents, efficaces et émouvants. Les portés sont de toute beauté digne d'un adage de répertoire classique où la danseuse jouit de toute sa dignité, de tout son rayonnement intérieur. Car de sa position assise, la verticalité s'éprouve accompagnée de l'écoute, de la prise à bras le corps de son partenaire, attentif, sensible. Ce duo"fera date dans la longue histoire, le cheminement, les tâtonnements de la considération d'un corps "empêché" confronté à la plus belle expression vitale artistique: la danse. Et Magali Saby comme un ange parcouru de grâce livre un solo performant de toute beauté. Merci pour leur travail qui se regarde sans concession ni compassion mais dans un sentiment d'empathie et de communion sidérant.
PROGRAMME DANSE #2 > DU DIMANCHE 16 AU JEUDI 20 JUILLET, 10H (durée 1h30)
> Sylvain Riéjou • "Je badine avec l’amour (car tous les hommes sont si imparfaits et si affreux) (travail en cours)" Sylvain
Riéjou lève le voile sur sa toute prochaine création, un quatuor en
forme de plongée dans les références culturelles qui l’ont bercé,
adolescent, et qui ont construit son regard. Fan du film "Dirty Dancing"
cristallisant sa propre impossibilité d’alors à danser et à aimer, il
rejoue ici la rencontre et la parade amoureuse du film en parallèle avec
le lien chorégraphe / interprète. Un vrai-faux dialogue en adresse
directe qui, sous couvert de légèreté, explore en profondeur les
relations humaines.C'est de l'humour nu et cru, une rencontre fertile et animée entre un homme qui se questionne sur son identité et son rapport au marivaudage. L'amour, toujours avec qui on ne badine pas: celui qui anime les grandes figures et références de la comédie musicale entre autre...Alors le dérisoire de situations mimées, reconstruites et revisitées par la danse d'aujourd'hui est désopilant, comique, burlesque et touchant.Accompagné de ses acolytes de toujours, Sylvain Riéjou enchante dans ce divertissements aux accents détachés, détournés où ses compères s'en donnent à coeur joie pour se raconter. Julien Gallée Férré, Clémence Gaillard et Emilie Cornillot en vieux routiers de la scène, présents au chapitre des trublions aux accents de danse-langage des signes ou virelangue à la Prévert, jeu de mots, de gestes, calembours chorégraphiques au menu de ce festin de la drôlerie et du détachement.
> Olga Dukhovnaya • "Hopak - impromptu" Cet
impromptu chorégraphique et musical annonce le travail et la recherche
d’Olga Dukhovnaya autour de « Hopak », sa nouvelle création. Pour ce
projet, elle vient chercher dans sa culture ukrainienne le vocabulaire
des danses folkloriques, dans un processus de recyclage et de
distorsion, qu’elle met en parallèle avec des pratiques d’aujourd’hui.
Pour l’heure, c’est accompagnée d’un accordéoniste qu’elle livre les
premières matières de « Hopak », en écho à sa démarche entamée avec «
Swan Lake Solo ».Elle se livre toute entière à une danse inspirée de son "folklore": frappements de pieds intensifs et omniprésence d'un rythme sempiternel qui ne la quittera pas. En compagnie d'un talentueux accordéoniste qui semble ignorer ses préoccupations, la danseuse se débat pour arracher de son corps cette charge traditionnelle tout en en gardant l'essentiel: rythme, acharnement, volonté de magnifier une énergie débordante.Au final toute son enveloppe se réconcilie avec cette phase de son travail: l'émergence et la résurgence de toute sa peau, d'une écriture engrangée , revisitée à cette occasion pour nous en livrer l'essentiel. Rage, obstination, scansion, cadence répétitive et musique fantaisiste sur des accents parfois de douceur et de berceuse, histoire d'une pause, d'une accalmie. C'est beau et essoufflant, enivrant et empli d'une tension diabolique particulière!
> Paulo Azevedo • "VerTigem" Reconnu pour
son hip hop engagé au sein du groupe Membros, Paulo Azevedo revient avec
sa nouvelle compagnie Gente pour nous étonner encore de sa danse qui
soulève la rage et la fureur de vivre. Jamais lisse, davantage abrupte,
son écriture fouille ici la question du déséquilibre à travers
l’expérience de deux danseurs brésiliens. Deux corps en connexion
totale, reliés à leur histoire et à leur environnement, en dialogue avec
l’urbain et les situations qu’ils traversent. Ils sont incroyables tant l'énergie déborde et se transmet entre eux et le public. Force de frappe, conviction et engagement sans concession dans une danse puissante, violente où le sol est un réceptacle tonique à rebonds. Le duo est un échange, un combat, une lutte fraternelle, un corps à corps virulent qui fait "mâle"et occupe l'espace de façon à livrer une esthétique fulgurante où la rémanence répare les failles d'une vision rapide, féroce et volubile des mouvements fugaces.
PROGRAMME DANSE #3 > DU JEUDI 13 AU LUNDI 17 JUILLET, 17H (durée 1h30) En collaboration avec Danse Dense - Pôle d'accompagnement pour l'émergence chorégraphique >
Chloé Zamboni • "MAGDALÉNA (extrait)" Les
Variations Goldberg de Bach ont été le point de départ chorégraphique
et musical de ce duo, invitant à la divagation, à la suspension…
L’œuvre, prise dans sa dimension de dialogue, appelle à rechercher ce
qui fait lien à soi et lien aux autres, dans un duo d’états sensibles et
d’écoute. Sensations propres, voyages intérieurs et connexions de
proximité constituent un voyage où l’altérité devient palpable dans un
espace en constante vibration.Ce serait presque des siamoises, des soeurs jumelles , fusionnelles à la statuaire quasi immobile au départ. Les regards lointains, perdus dans des embrassements et prises de corps sensibles.Elles se meuvent à l'envi, tendres et attentives: ce duo questionne aussi la verticalité qui bientôt anime leur rencontre. Les Variations Goldberg leur permettant de mettre en scène cette ascension physique lente, ponctuée de bivouacs salutaires. Corps musicaux parcourus par les vibrations des accents de Bach, solide armature d'une chorégraphie savante et mesurée. Composition ardue et stricte comme la musique de ce grand maitre à danser.
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Castélie Yalombo • "WATER, L’ATTERRÉE DES EAUX VIVES (extrait)" Chez
Castélie Yalombo, le corps est plus que jamais le lieu d’expériences
vécues, espace de frictions et de tensions qui dépassent l’individu. Son
solo revisite des histoires, des mémoires, des territoires d’ici et
d’ailleurs en questionnement avec son devenir-noire. Entre la fluidité
de l’eau, la résonance du son et la minéralité de la céramique, son
exploration ouvre des perspectives autant imaginaires que profondément
ancrées dans la notion d’identité.Elle se "mouille" littéralement, s'arrose, joue avec l'eau et ses contenants; des sortes de jarre, de sculptures "maison" de terre. Bel édifice d'un paysage désertique où son corps va et vient, le regard étonné, questionnant le spectateur. Sa présence est singulière, énigmatique et révèle u soucis de partage, de communication évident. Castélie Yalombo est authentique, franche et sans détour pour évoquer ce besoin d'eau, vitale et si précieuse au jour d'aujourd'hui. Pour la peau, lisse et porteuse de sensations multiples, pour la place du corps dans ce monde, à cet endroit précis.
> Chloé Beillevaire & Sabina Scarlat •" BALEC (extrait)" Avec
un simple accessoire vestimentaire – ici détourné –, deux danseuses
inventent un dialogue corps / objet où le jeu offre des échappées vers
un discours plus engagé. Assumant l’absurdité de la situation et la
figure de bouffonne qui en émerge, les voilà qui explorent les
stéréotypes de corps, de genre, ou dissèquent les comportements et idées
reçues. La contrainte offerte par l’objet est à la hauteur de leur
liberté de ton et de leur physicalité hybride qui se moque des
convenances.
Du fil à retordre pour ces deux diables noirs en collant seyants qui
s'ingénient à tisser des liens retords avec ce tissus mythique, le collant, souple, étiré, tordu, malmené qui recouvre leurs corps et les initie à des expériences de matière, inédites.En compagnies de sorte de poupées de chiffons gisant au sol, ces deux créatures monstrueuses s'adonnent au plaisir du lien, de la liaison, de la relation tiré-poussé et de toute une panoplie de positions, postures et attitudes burlesques. Le rythme va bon train, le duo fonctionne au quart de tour malgré quelques longueurs ou répétitions.Les accolades, les prises de corps sont de bon aloi et ce divertissement charmeur opère pour un moment ludique et porteur d'originalité. Le mouvement "empêché" ou exploré pour ses qualités élastiques et changeantes. Du bel ouvrage de bas, de masque du corps, de sculptures éphémères de ronde bosse en éternel déplacement.
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