mardi 10 décembre 2024

"Différence et répétition": Linéa et L'Imaginaire: une rencontre inédite et audacieuse.

 


Peut être une image de 2 personnes et texte
🕗 20h
📍 Salle Münsterhof, 9 rue des Juifs, Strasbourg
Dans le cadre du Festival Champs Libres (Ensemble Linea & Ensemble L'imaginaire), l’Ensemble L’Imaginaire présente la première partie de la soirée : Concert Différence et répétition
💡 “Le paradoxe de la répétition n’est-il pas qu’on ne puisse parler de répétition que par la différence qu’elle introduit dans l’esprit qui la contemple...”– Deleuze
Avec des œuvres captivantes d’Eric Wubbels et Bernhard Lang, explorez le phénomène de la répétition musicale, entre changement subtil et groove envoûtant. 
 
Programme :
🎷 Eric Wubbles : "This is this is this is", pour saxophone et piano: c'est une pièce répétitive où la pianiste et la saxophoniste excellent dans le jeu obsessionnel, virulent, magnétique. Envoutement ascensionnel garanti!. Le tout nécessitant une écoute drastique de l'autre pour une parfaite harmonie des tempi,une gémellité complice dans l'interprétation, interpénétrations des sons, tonalités, timbres. L'oeuvre de  Wubbles parfois assourdissante, intense comme jeu d'expression des instruments, unique et surprenante.Après une lente accalmie, revient un leitmotiv hypnotique, réitéré pour sa densité expressive. Les sons fracassés par une tectonique musicale, appuyée, très contrastée. Entre douceur et aspect abrupte: le jeu de mains et de doigts de la pianiste comme baguette indicative, très plastique et visuel. L'ambiance, l'univers, l'atmosphère de la pièce fort bien rendue par les deux interprètes complices et sereines.
 
Suit de  Bernhard Lang : "Differenz/Wiederholung 1.2", pour flûte, saxophone et piano
Dans la même perspective de réflexion que l'exposition à Metz-Pompidou dans l'Art, voici  dans une syntaxe et un phrasé augmenté, une pièce rare où à chaque mesure unisson ou diffraction des sons s'assemblent et se rejoignent. Un tableau vivant que ces trois femmes interprètes, virtuoses: musiciennes au travail, proches de nous dans une respiration commune. Fresque vivante, animée par cette musique répétitive de bon aloi. Un trio très accordé, à l'écoute de l'alternance ou les dialogues des trois instruments entre de bonnes mains.
L'Imaginaire :
- Keiko Murakami (flûtes)
- Wychariy Cruz (saxophones)
- Carolina Santiago Martínez (piano)
 
 
:: 2ème partie ::
« Une Histoire de contrebasson »
par Antoine Pecqueur, bassoniste de l’Ensemble Linea
Une petite et grande histoire du contrebasson par un spécialiste plein d'enthousiasme contagieux.
Saviez-vous que Jean-Sébastien Bach avait utilisé le contrebasson dans sa Passion selon Saint Jean ? Saviez-vous qu’au XIXème siècle, le contrebasson était le plus souvent joué par des contrebassistes ? Saviez-vous qu’une jeune compositrice espagnole, Natalia Laguens, utilise le contrebasson comme un personnage de jeu vidéo ?
L’histoire de cet instrument est aussi méconnue que riche en rebondissements ! Pendant une heure, Antoine Pecqueur vous propose un concert commenté, qui met en scène cette fabuleuse aventure. Riche en anecdotes, ce concert commenté donne à entendre des extraits de grandes œuvres du répertoire et des pièces originales écrites pour contrebasson.
 
On démarre avec Huit oeuvres courtes signées Jean-Daniel Braun : Caprices et autres menuets épousent la danse et le gros contrebasson, instrument grandissime aux proportions étonnantes, se fait soliste comme un énorme narghilé-shicha esthétiquement parlant. Donnant du pois et de l'aplomb à la légèreté et l'élévation baroque. Relevés, demi-pointes, révérences, phrasés voluptueux Suit un rondo pour continuer la déclinaison de la musique à danser. Refrain-couplet en leitmotiv dans un son sourd et feutré. Joyeux relevé de rythmes mélodiques. Suit un menuet, élégant, distingué, enluminé en arabesques, tours et sautillés  Un largo et son double en vibrations et tonalités variées, un presto plein d'humour, rapide et labial. Allègre et véloce interprétation du musicien épris et passionné de son instrument rare et unique. Suit un lamento solennel et grave, puis une fantaisie vivace, brève, encore un menuet, plié, relevé, niveaux et regards tournoyants. Cette palette multicolore et bigarrée sied à merveille à Antoine Pecqueur qui par la suite s'empare d'un contrebasson moins "exotique" pour interpréter:
Johann Sebastian Bach : Partita (sarabande et bourrée): la facture moderne de l'instrument étonne et rassure: voici ce bijou à vent magnifié par la syntaxe de Bach, mieux connu!
Erwin Schulhoff : Le Rossignol de basse: cette pièce surréaliste en diable est aussi atypique que gracieuse. Du cabaret Voltaire à l'état pur:du fouetté et malmené pour dépoussiérer les esprits bourgeois. Malin, plaintif à l'excès, solennel et grave, un savant mélange qui ne ménage pas les méninges ni les oreilles.
György Kurtag : Schatten est une ombre musicale savante, saccadée, hachée, bordée de silences opportuns. En vives parcelles fugaces, séquences alternées de sons et de perte sonore.

Et, oh surprise c'est avec la présence exceptionnelle de Natalia Laguens pour son: "J’ai trouvé une chauve-souris dans mes rêves", pour contrebasson et électronique que se termine en beauté ce concert . Un personnage de jeu vidéo comme acteur bordé d'une bande son indiquant les règles du jeu. Du souffle, un jeu sur les clefs et un beau jeu d'acteur incarnent cette oeuvre originale. Halètements, ratures,, angoisse et frayeurs dans cette interprétation hors pair très subtile. On imagine la démarche du héros, ses errances lentes, ses divagations. Ses allées et venues sur l'écran et le réactions physiques du joueur. Les séquences osées, variées, aventurières et buissonnières à souhait. Dans une agitation frénétique, la panique s'empare du musicien-joueur pour ce dernier tour interrompu puis repris. La récréation se termine, les jeux sont faits: reste de l'instrument le son de la langue de belle-mère, sans embouchure. Humour au final et astuce comme dans toute la présentation conférencière d'Antoine Pecqueur, intarissable sur le sujet!
 
 
🎭 Un festival à l’histoire riche : Champs Libres
Le Festival Champs Libres, lancé par l’Ensemble Linea à la fin des années 2000, était un rendez-vous alternatif où la musique, la danse et les débats politiques se mêlaient pour questionner le monde. Interrompu en 2011, il renaît aujourd’hui grâce à une collaboration entre Linea et L’Imaginaire, avec une soirée en deux parties pour poser les bases d’un grand retour prévu en 2025.
Rejoignez-nous pour revivre l’esprit unique de ce festival iconique ! 🎵 Une soirée parfaite pour échapper à la foule des marchés de Noël et découvrir une musique aussi stimulante que surprenante, au cœur de Strasbourg !

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