dimanche 12 janvier 2014

Les mille et uns maux de Laurence Demaison.

Son travail  sur l'image de soi, très préoccupant et fondamental pour la photographe plasticienne, la conduit à traverser les média et se mettre à sculpter.
Plus de bac à révélateur, d'objectif, de chambre noire ou d'argentique pour ces nouvelles créatures "recyclées", remises à la vie, ré-animées: des "petites douleurs", oeuvres en volume, en rond de bosse, statues "vodou"?
Jeu de patience que d'habiller d'aiguilles à coudre dorées, des mannequins d'enfant, au départ sans tête, récupérés:s'entêter à les revêtir d'un apparat très pimenté, piquant mais qui paradoxalement confère un caractère de douceur à ces créatures de toute part créées.Une seconde peau protectrice très efficace; on a cependant envie de les caresser de se les approprier tant la matière se transforme à l’œil nu, en poil drus, dressés, en érection éternelle.
Des enfants de rêve qui ne bougent pas, ne bronchent pas en position assise, rêveurs, dormeurs, concentrés
Très intriguant, ce sommeil feint, ces êtres auréolés de lumière, tant les reflets et éclats des aigilles d'or leur donnent un aspect douillet, caressant, enjôleur. Hérissés, mais calmes et sans colère, contenue ou absente, ses figurines de taille différentes, trois sont le fruit d'un long travail, concentration sur l'endroit à piquer toutes ces aiguilles qui feraient penset aux statuettes rituelles de malédiction sur lequelles on piquait l'image d'une personne comme autant de mauvais sort à inauculer!
Mais il n'en est rien ici: que de la quiétude, du charme dans ces sculptures à apprivoiser et dompter du regard affectueux que l'on porte à l'enfance ou au sommeil d'un être cher.
Vodou? Peut-être mais ces mille et unes aiguilles, plantées par des mains de petite fée consciencieuse et malines, ne fait pas non plus office de démonstration d'acuponcture...Loin de là les références que l'on balaye d'emblée!
Dans l'exposition à la Galerie Bamberger à Strasbourg, c'est donc la surprise, puis la découverte de son travail photographique:portrait de l'artiste en furie échevelée ou transformée en êtres bizarres inaccessibles, intrigants, en noir et blanc, si scintillant, au contours précis, évoquant fantasmes, rêveries, horreurs ou mort vivante!
"A table!":une œuvre qui fait d'ailleurs l'image logo, fétiche de la manifestation "vodou" effraie par la révélation de l'ossature du personnage, femme tronquée, bouche ouverte, agonisante ou avide de nourriture, les yeux repassés au blanc, capteurs de férocité ou de tensions compulsives....


Pour mémoire
Le terme de vodou (parfois écrit « vaudou », « voodoo » ou encore « vodoun » en fonctiondes régions) désigne une religion traditionnelle qui est apparue en Afrique de l’ouest probablement autour du XVIIème siècle dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.« vodou » se décompose en deux mots : « vo » (l’insaisissable) et « dou » (le monde au sens del’univers). En Afrique, ce sont principalement les peuples Ewédu Togo et Fons du Bénin qui pratiquent le vodou ; les Yoroubas du Nigéria pratiquent le culte des orishas, très proche du vodou.Le vodou a ensuite connu une grande diffusion en Amérique du Nord et du Sud et dans les îles, dufait de la traite négrière. S’il a quasiment disparu des Etats-Unis sauf en Louisiane, le vodou reste très vivant en Amérique Latine, surtout au Brésil où il connaît une véritable renaissance depuis
une vingtaine d’années. Plus qu’une religion, le vodou est un art de vivre, une façon de se montrersensible aux forces dans lesquelles nous vivons, dans le respect des ancêtres et de tous ceux qui ontvécu avant nous. Le vodou est le panthéon des forces divines et invisibles qu’il faut charmer, apprivoiser et adoucir, comme dans le chamanisme. Les statuettes ou fétiches sont des intermédiaires,des intercesseurs. Le vodou est aussi une médecine, une justice, et même une musique de transe
Exposition dans le cadre de la manifestation "vodou! hémisphères vodous" à Strasbourg
www.galerie.chantalbamberger.com
www.hemispheres-vodous.unistra.fr
www.laurence demaison.com





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