mardi 21 octobre 2014

"Géronimo": résolument chorégraphique!

"Geronimo", le nouveau film de Tony Gatlif, vient de sortir en salles. Céline Sallette y incarne une éducatrice qui va tout faire pour apaiser les tensions entre deux communautés d'un quartier. Un rôle et un jeu extraordinaires, qui illuminent un film à la fois tragique et poétique.

 


Céline Sallette est une coureuse de fond. Marathonienne du verbe sur les planches où elle interpréta le monologue de Molly Bloom, situé à la fin d'"Ulysse" de James Joyce ; sprinteuse de choc dans "Geronimo" de Tony Gatlif où elle incarne une éducatrice sans cesse en mouvement, plongée dans une vendetta entre communauté turque et gitane.

L'étincelle ? La fuite d'une adolescente d'origine turque, Nil Terzi, le jour de son mariage (forcé), avec un jeune gitan, Lucky Molina. Le frère de la jeune fille, Fazil, et le marié sont prêts à laver son honneur dans le sang. Pompière toujours au four et au moulin, Geronimo (Céline Sallette, donc) tentera d'éteindre le brasier des haines qui enflamme cette cité du sud de la France.
Un "Roméo et Juliette" ensoleillé 
Dix-septième film de Tony Gatlif ("Les princes", "Indignados"), le chantre de la communauté tzigane, "Geronimo" est un "Roméo et Juliette" ensoleillé, une tragédie solaire chorégraphiée à la "West Side Story" au credo clairement affiché.Scènes de danse et de rixes mémorables qui rapellent le Jerome Robbins des comédies musicales américaines!
Scène de danse capoeira ou hip-hop, revisitées, flamenco à la Galvan sur un cercueil pour provoquer la communauté!
C'est ravageur et plein de bruits et de fureur: la musique métissée est tonique comme à l'habitude et l'on vibre aux sons et sur les percussions corporelles ou matérielles qui rythment le tout.
Scansions des grillages, des frontière, des barrières qui séparent ce petit monde tagué, coloré, désaffecté, en déshérence, sinistré.
"Savoir sortir du cadre", est-il écrit entre deux graffitis sur le mur d'un entrepôt désaffecté, à la fin du film. C'est bien ce que fait Tony Gatlif, qui s'écarte souvent, sans jamais s'éloigner, de l'argument aussi mince que rebattu qui tient le film.
Dans "Geronimo", l'antagonisme entre communautés est un motif à transfigurer, à poétiser sans cesse, un substrat tragique toujours prêt à libérer un suc flamboyant.

Si le film s'attarde au début dans un réalisme un peu bateau qui sert à planter le décor, il déploie avec plus ou moins de panache un naturalisme poétique qui donne parfois lieu à de superbes scènes (la fuite de la mariée dans un champ ; un long plan-séquence où une joute de hip-hop dans un hangar tourne à l'affrontement).

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